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LINO VENTURA - BIOGRAPHIE


 

Lino Ventura, de son véritable nom Angiolino Borrini, est né le 14 juillet 1919, à Parme (Italie).
Fils de Giovanni Ventura et Luisa Borrini.
En 1927, il est âgé de 7 ans lorsqu'il quitte l'Italie avec sa mère pour s'installer à Paris. Par fidélité à ses origines, il n'a jamais consenti à demander la nationalité française, comme cela lui fut souvent suggéré.
Le petit Lino fréquente l'école du quartier mais son tempérament de bagarreur se révèle déjà et il est renvoyé à sa famille.
Il n'a guère de goût pour les études, il quitte donc rapidement l'école et commence à travailler dès l'âge de huit ans. Il exercera successivement divers métiers : groom, mécanicien, représentant de commerce et employé de bureau. C'est finalement dans une activité plus accordée à son tempérament et à sa carrure qu'il semble trouver sa voie : il devient lutteur professionnel poids moyens.

En 1942 il épouse Odette Lecomte son amour de jeunesse dont il a quatre enfants : Mylène en 1949, Laurent en 1953 , Linda en 1959 et Clelia en 1961.

Après avoir déserté de l'armée italienne, refusant de sa battre pour une telle cause, il rejoint Paris où Odette et ses amis lutteurs l'aident à se cacher des diverses polices. Mais après de nombreuses convocations de celle-ci à la Gestapo, il juge plus prudent pour elle et leur premier enfant, Milène, de se cacher en province. La libération marque son retour à Paris et ses débuts d'entrepreneur. Pour faire vivre leur petite famille (3 enfants, Laurent, Linda et Milène, viendront rapidement rejoindre le foyer Borrini), le couple Borrini crée une entreprise de linges pour bébé, la marque "Milène".

En 1950, il est champion d'Europe poids moyens de lutte gréco-romaine, puis à la suite d'un accident, une grave blessure à la jambe droite au cours d'un combat contre Henri Cogan, il est obligé d'arrêter. Passionné par son activité, il se reconvertit en organisateur de combats. Il est notamment un habitué de la Salle Wagram à Paris.

En 1953, tout à fait par hasard, un de ses amis parle de lui à Jacques Becker qui cherchait un italien pour jouer face à Jean Gabin dans son film "Touchez pas au grisbi". La rencontre se fait et Jacques Becker lui propose illico le rôle d'Angelo, un chef de gang opposé aux personnages incarnés par Jean Gabin et René Dary, rôle que Lino refusera dans un premier temps.
A la sortie de Touchez pas au Grisbi, sa présence est telle que toute la profession le remarque

C'est ainsi, sous le double parrainage du film policier et de son aîné, Jean Gabin, qu’il admire et qui le prend en amitié, que Lino Ventura débute dans un métier auquel il était, de toute évidence, destiné. Non seulement par un physique dont la virilité convient aux personnages du genre, qu'ils soient policiers ou gangsters, mais par son aisance, un naturel et un talent qui n'attendaient qu'une occasion pour se révéler.

Depuis sa première apparition dans TOUCHEZ PAS AU GRISBI (1954), l'ascension de Lino Ventura a été rapide et régulière. Il a très vite prouvé qu'il savait être autre chose qu'un "bagarreur" (LE GORILLE VOUS SALUE BIEN, LE FAUVE EST LÂCHÉ) pour passer, grâce à son incontestable instinct de comédien, à des rôles plus complexes.

Son véritable grand départ lui est donné par Claude Sautet, qui lui fait partager la vedette avec Jean-Paul Belmondo, en 1960, dans CLASSE TOUS RISQUES. Un film qui marquait également sa première rencontre avec un auteur de la "Série Noire", José Giovanni. Ce constant élargissement du registre du comédien, le métier acquis et le poids qu'il sait donner à ses personnages vont permettre à Lino Ventura de s'affirmer définitivement comme l'un des meilleurs interprètes du cinéma français.

Dans le rôle traditionnel du truand – ou du policier – vieilli, fatigué, de l'homme d'expérience sensible à l'amitié virile, il exprime à travers des types divers un caractère sans doute très proche de sa nature proche. Que ce soit sous la direction de Jacques Deray, de Jean-Pierre Melville ou de Robert Enrico, ce sont les héros de José Giovanni, que Lino Ventura anime dans LES GRANDES GUEULES, LE DEUXIÈME SOUFFLE ou LES AVENTURIERS. Le cinéma américain des années trente – et ses acteurs – furent l'école de ce lutteur devenu comédien. Un comédien qui a ses exigences : "Pour incarner un personnage, souligna Lino Ventura, il faut que je l'aime. Il faut qu'il soit empreint d'une certaine véracité, d'une certaine humanité. Il faut que les sentiments soient exprimés avec beaucoup de pudeur...".

Sa confrontation avec Michel Serrault dans Garde à vue (C.Miller - 1981) restera comme sa meilleure interprétation des années 80, lui valant son unique nomination aux César (ce sera son partenaire qui l'emportera).

À partir des années 80, Lino Ventura a peu tourné, comme si son personnage du film de Jacques Deray, UN PAPILLON SUR L'ÉPAULE – Roland Fériaud, cet homme de tous les jours manipulé par des forces maléfiques jusqu a sa mort brutale, sur un trottoir étranger, au milieu d\'une foule indifférente – avait changé le cours de sa carrière. Ce personnage, Ventura en a lui-même, d'ailleurs, brossé le portrait en décrivant son rôle d'espion à la retraite dans ESPION LÈVE-TOI: "C'est un type qui, à un moment donné, se retrouve complètement seul, abandonné par ses amis et par ses ennemis si je puis dire, parce que, dans un sens, tout le monde s'arrange sur son dos (...) ce sont des situations que j'affectionne particulièrement."
Manipulé, encore, le Bastien de LA SEPTIÈME CIBLE, victime aussi le général Dalla Chiesa de CENT JOURS À PALERME qui tombe sous les balles des tueurs de la Mafia, à laquelle il avait osé s attaquer.

Lino Ventura est mort à Paris, d'une crise cardiaque, le 22 octobre 1987; il avait eu 68 ans le 14 juillet En 34 ans de carrière cinématographique, ce comédien "carré, secret, pas épais mais doué d'épaisseur" (Jean-Louis Bory), a inscrit son nom au générique de 75 films, de TOUCHEZ PAS AU GRISBI (1954) à LA RUMBA (1987), le dernier sorti sur les écrans avant sa mort. Le hasard a voulu que son premier et son dernier rôle soient celui d'un truand, Angelo dans le film de Becker, Nono dans celui de Roger Hanin où il n'était d'ailleurs qu'une silhouette, pittoresque certes mais combien fugitive, comme un geste d'adieu.

Père d'une enfant handicapée, sa fille Linda née en 1959, il a créé en 1966 l'association humanitaire Perce-neige dont le but est « l'aide à l'enfance inadaptée ».