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LUIS BUNUEL - LA VIE CRIMINELLE D'ARCHIBALD DE LA CRUZ


 

Comédie dramatique] de Luis Buñuel

Origine : Mexique

Durée : 1 heure 30 minutes


Musique : Jorge Pérez

Avec : Miroslava Stern (Lavinia), Ernesto Alonso (Archibald de la Cruz), Rita Macedo (Patricia Terrazas), Ariadna Welter (Carlota Cervantes), Eva Calvo (madame de la Cruz), Enrique Díaz (monsieur de la Cruz), Chabela Durán (soeur Trinidad), Carlos Riquelme (le commissaire)

Le sujet
Traumatisé par un événement qui s'est déroulé dans sa petite enfance, un homme est convaincu de son pouvoir de vie et de mort sur les gens qui l'entourent.

Alors qu'il est enfant, Archibald apprend par la bouche de sa jolie gouvernante que la boîte à musique offerte par sa mère dispose d'un extraordinaire pouvoir : donner la mort à la personne de son choix. Par jeu, il pense à la mort de la jeune femme. La belle s'écroule, touchée par la balle perdue d'un révolutionnaire. Devenu adulte, Archibald retrouve la boîte à musique qui lui rappelle le délicieux cadavre de la jeune gouvernante, la robe très remontée sur ses belles jambes. Archibald conçoit alors le projet de tuer toutes celles qu'il aimera, grâce au funeste pouvoir de la boîte magique...

La critique
C'est un film beau, brillant, méchant et aussi rare qu'un véritable meurtre parfait. Cette «Vie criminelle d'Archibald de la Cruz», peut-être le chef-d'oeuvre de Buñuel, s'intitule dans sa version originale «Ensayo de un crimen», c'est-à-dire littéralement, essai, répétition d'un crime : répétition au sens théâtral, bien sûr, car le héros de l'oeuvre, ce monstrueux mais immensément élégant Archibald de la Cruz est un dandy, comme on n'en voit plus guère depuis feu Barbe-Bleue. On oublie souvent, car les histoires du cinéma sont un peu trop sérieuses, que Luis Buñuel est avant tout un humoriste, un dandy lui-même, un esprit sardonique. On connaît sa règle d'or : «Tout vrai cinéaste doit tous les jours tuer son père, coucher avec sa mère et trahir son pays.» On laissera aux psychanalystes, et Dieu sait s'ils se sont penchés sur le cas d'Archibald, le soin d'expliciter un film dont le plus grand mystère est de n'en point contenir.
Réalisé au Mexique, en 1955, le film est autant destiné au bon public naïf, qu'il secoue, qu'aux intellectuels, qu'il interroge. Archibald, donc, pour ce qu'on en voit, possède une petite boîte qui réalise ses rêves de meurtres. Il ne tue pas lui-même, si ce n'est par la pensée, laissant les commissaires impuissants à le punir. C'est dire que de sa boîte, il sort des policiers, et qu'il faut bien l'appeler une boîte de pandores.
Alain Riou - Téléobs