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JAMES BOND - QUANTUM OF SOLACE (2008)


 



RESUME

Après les événements survenus dans CASINO ROYALE, James Bond et M interrogent Mr White, qui leur révèle que son organisation, celle responsable de la trahison de Vesper Lynd, est bien plus étendue et dangereuse qu’il n’y paraît. Envoyé à Haïti, où le compte en banque d’un agent félon du MI6 a été repéré, Bond rencontre une certaine Camille, en quête de vengeance. Celle-ci va bientôt mener l’agent 007 vers Dominic Greene, un businessman lié à l’organisation avec laquelle travaillait Le Chiffre. Bond découvre alors que Greene a pour plan de prendre contrôle d’une importante ressource naturelle…

FICHE TECHNIQUE
Réalisateur : Marc Forster
Scénaristes : Paul Haggis d'après l'oeuvre de Ian Fleming, Neal Purvis, Robert Wade et Joshua Zetuner (non crédité)
Musique du générique : Jack White, Alicia Keys
Producteurs : Barbara Broccoli, Michael G. Wilson
Société de distribution :Sony/Columbia, U.S.A; Sony Pictures Releasing France
Genre : Action, Espionnage
Durée : 1h 58min.
Format : 2.35 : 1
Budget : 230 000 000 $
Tournage : commencé avec la seconde équipe en août 2007 lors de la célèbre et dangereuse course de chevaux du Palio à Sienne puis studios de Pinewood (Grande-Bretagne) mais aussi Europe (Italie, Espagne et Autriche) ainsi et Amérique du Sud (Mexique, Panama et Chili)
Date de sortie : 31 Octobre 2008

DISTRIBUTION

Daniel Craig (James Bond)
Mathieu Amalric (Dominic Greene)
Olga Kurylenko (Camille)
Giancarlo Giannini (Mathis)
Judi Dench (M)
Gemma Arterton (agent du MI6)
Anatole Taubman (agent du MI6)
Jeffrey Wright (Felix Leiter)
Tim Pigott-Smith (le ministre des affaires étrangères)
Joaquin Cosio (Général Medrano)


ANECDOTES

- Le 22ème volet de la saga James Bond est la suite de Casino Royale. Alors que le 21ème épisode se clôturait sur la trahison de Vesper Lynd (Eva Green), on retrouve, dans Quantum of Solace, la suite de l'histoire. Le film débute une heure après la fin du premier. James Bond découvre que la femme qu'il aimait était sous l'emprise d'une organisation bien plus complexe et dangereuse que ce qu'il aurait pu imaginer : son objectif, retrouver les coupables et venger la mort de sa femme.
Quantum of Solace se veut exactement dans la même veine réaliste que le film de Martin Campbell. James Bond est toujours un jeune loup tête brûlée. Il n'y a ni Q, ni Moneypenny. Les gadgets sont limités au minimum et les scènes d'action sont violentes et réalistes.

- Le titre du film de Marc Forster est celui d'une nouvelle méconnue de Ian Fleming publiée en 1959 dans une version initiale dans la revue Cosmopolitan et placée en 1960 dans le recueil «Rien que pour vos yeux». Celle-ci est tout à fait unique. Elle met certes en scène Bond mais pas en tant que héros et il ne s'agit pas d'une histoire d'espionnage. En effet, «Quantum of Solace» est un récit à tiroirs: Bond, invité à un cocktail rasant à Nassau, se voit raconter une anecdote par le maitre des lieux. Le film ne gardera rien d'autre du texte de Ian Fleming que le titre, que l'on pourrait traduire en français par « la part de réconfort ».
Daniel Craig à propos du titre : "...La phrase est celle du créateur de Bond, Ian Fleming. L'idée est que dans une relation, s'il ne vous reste pas un quantum de consolation, alors abandonnez" raconte 007 et d'ajouter "A la fin du dernier film, son coeur a été brisé et il n'a pas une once de consolation... Sa vie s'est refermée et il doit découvrir la vérité. Ce qui est bien, c'est que cela s'applique à quelque chose de très important dans l'intrigue".

- Les deux James Bond Girls ne sont autres qu'Olga Kurylenko et Gemma Arterton. La première, d'origine ukrainienne, interprète le rôle de Camille, une jeune femme qui, tout comme Bond, cherche à se venger. L'actrice n'avait, jusqu'à présent, joué que dans des films français. En 2005, elle interprète le rôle d'Iris dans L'Annulaire, de Diane Bertrand. Elle joue également dans Le Serpent d'Eric Barbier et dans Hitman, de Xavier Gens. La seconde, Gemma Arterton, est une actrice britannique encore peu connu du grand public. Plus familière des planches et du petit écran, elle fait ses premiers pas au cinéma.

- Dans Casino Royale, Jeffrey Wright interprétait pour la première fois Felix Leiter, célèbre agent de la CIA et ami de 007. Il reprend ici son rôle et reste le premier acteur noir à interpréter Felix Leiter.

- James Bond est plus petit qu'il n'y paraît...
L'actrice Gemma Arterton a avoué : "En fait je suis un peu plus petite que Daniel mais quand je porte des talons je suis plus grande. Et ça n'était pas beau à l'écran." Il semblerait qu'il ait usé de ces talonnettes uniquement pour quelques scènes du film. Mais visiblement, cela n'enlève rien au charme de 007 puisque l'actrice ajoute "Daniel est le Bond le plus sexy".

- Le champagne Bollinger, partenaire de la saga James bond depuis sa création, fait trois apparitions dans le film.

- Alors qu'Amy Winehouse était pressentie pour interpréter la chanson du film, Another way to die, c'est finalement Alicia Keys, chanteuse de R'n'B et Jack White le leader du groupe White Stripes qui posent leurs voix sur le 22ème volet de cette saga.

- L'Allemand Bruno Ganz, le Hitler de La Chute, devait initialement jouer le rôle du méchant, Dominic Greene, réfugié derrière la couverture d'un organisme de protection environnemental. Le français Mathieu Amalric a finalement hérité du rôle. Il admet qu'il « est impossible de dire à ses enfants «j'aurais pu faire un James Bond mais j'ai refusé» ». Pour interpréter le méchant, Il prend l'air de n'importe quel patron d'entreprise ou quel chef d'État et ne cache pas ses sources d'inspirations: « j'ai pris ici ou là des détails, le sourire de Tony Blair, la folie de Sarkozy » qui, selon lui, reste « le pire des méchants que nous ayons jamais eu ».

- Quantum of Solace marque l'arrivée d'un nouveau venu dans la série. Dennis Gassner va désormais assurer la direction artistique des films et remplacer Peter Lamont qui avait travaillé à 18 des 21 Bond précédents.

CRITIQUES

Mon avis


Autres critiques

"...L’action omniprésente emmène le spectateur au milieu d’une débauche de cascades et d’effets spéciaux à couper le souffle alors que Daniel Craig incarne toujours ce James Bond froid et parfois cruel, mais toujours juste et efficace. Malgré quelques maladresses dans la mise en scène et le manque de lisibilité de certains passages d’action on reste durant plus d’1h45 sous le charme de Daniel Craig et de la belle Olga Kurylenko."
Jean-François Morisse - Première

"Marc Foster (...) bâtit un film d'action implacable et sophistiqué qui perd en durée (...) ce qu'il gagne en caractère. Bienvenue dans un Bond (encore) meilleur."
Mathieu Carratier - Première

"Chaque nouveau James Bond est un 357 magnum de champagne cinématographique que les spectateurs se font une joie de sabrer en s'asseyant dans leurs fauteuils. Mais, cette fois-ci, la bouteille a été trop secouée. Marc Forster dirige les scènes d'action en virtuose. Le montage, aussi nerveux qu'un trader ruiné sous amphétamines, brouille la vue... et les neurones. Au point qu'on ne comprend plus grand-chose à un scénario plutôt simpliste."
Alain Spira - Paris Match

"Avec le sombre «Casino Royale», la franchise James Bond était repartie sur de nouvelles bases en marchant sur les plates-bandes de «24 Heures» et autres Jason Bourne. Suite directe, «Quantum of Solace» peine à entériner ce tournant radical. Ca démarre sur les chapeaux de roue avec deux scènes de poursuites épileptiques et vertigineuses; Daniel Craig assure toujours en James Bond épris de vengeance; et le choix de Mathieu Amalric en méchant anticharismatique est audacieux. Encore faudrait-il que le film fasse quelque chose de tout ça plutôt que de se laisser rattraper par les automatismes bondiens (exotisme touristique, Bond girls décoratives, primauté de l'action sur le scénario-gadget). 007 se prend-il trop ou pas assez au sérieux ? Une chose est sûre : de cet entre-deux désincarné, ni l'espion ni le spectateur ne sort gagnant."
Nicolas Schaller - TéléCinéObs

"Après l'époustouflant Casino Royale qui renouvelait avec brio la franchise James Bond, ce nouveau film fait sérieusement retomber la pression. Quelle déception ! Pour 230 millions de dollars, le réalisateur Mark Forster nous gratifie d'une intrigue emmêlée, d'un héros brutal redevenu simple agent secret façon Jason Bourne ou Jack Bauer. Aucun gadget, aucun raffinement. Une violence accrue et un climat de plus en plus noir font de ce film un divertissement, sans âme et assez conventionnel. Mais où donc sont passés le flegme, la distinction et l'humour de 007 ? Sans doute noyés dans le Martini dry…"
Olivier Delcroix - Le Figaroscope

"S.O.S, SAGA EN DANGER
C’est à croire que le salut de ce bon vieux 007 ne passe désormais plus que par la caméra de Martin Campbell. Rappel des faits. En 1995, le réalisateur participe à la renaissance de la saga et dirige Pierce Brosnan dans le rafraîchissant GOLDENEYE. On croit l’agent secret enfin relancé. Erreur, la suite s’avère anecdotique (DEMAIN NE MEURT JAMAIS de Roger Spottiswoode) puis indigeste (MEURS UN AUTRE JOUR de Lee Tamahori). Retour au placard pour Bond. Qui appelle-t-on en 2006 pour un autre coup de neuf ? Martin Campbell. Résultat : CASINO ROYALE, un des meilleurs opus de la franchise et un nouvel agent immédiatement adoubé, Daniel Craig. Deux ans plus tard, patatras, le soufflé retombe déjà. Exit Campbell, son attachement aux personnages et les mémorables parties de Poker. Mais rebelote pour les scènes d’action épileptiques. Touche à tout pourtant réputé, Marc Forster (A L’OMBRE DE LA HAINE, L’INCROYABLE DESTIN DE HAROLD CRICK) ne dépasse pas le cadre de l’exercice de style branché : séquences sur-découpées, moteur qui vrombissent, belles pépés... Et derrière cette vitrine bling-bling ? Un scénario bâclé, inutilement compliqué, qui sacrifie la densité sur l’autel des exploits tape-à-l’œil. C’est le retour des méchants fadasses (Matthieu Amalric n’y peut pas grand-chose), des potiches et des castagnes sans fin, filmées sans aucun réalisme. Ne manque plus que les galeries de gadgets idiots. A peine relevé, voilà James Bond déjà au tapis.
Hugo de Saint Phalle - MCinéma.com

"Le film commence là ou Casino Royale finissait. Trahi, mais toujours amou- reux de la troublante Vesper Lynd, morte assassinée, James Bond (Daniel Craig) est une bête fauve. Sa rage est décuplée lorsqu'un traître manque tuer maman M (Judi Dench), la chef des services secrets anglais. Celle-ci s'agace de voir celui qu'elle aime comme un fils - sans l'avouer ni à lui ni à elle-même - flinguer à tout-va toutes les ordures à sa portée, y compris chez les grands alliés américains.
Quantum of solace (« un minimum de consolation », si l'on suit la traduction de la nou­velle écrite par Ian Fleming) marque un recul par rapport à Casino Royale, qui avait renouvelé la série. Aussi belle qu'elle soit - elle l'est ! -, Olga Kurylenko, dans son rôle de vengeresse, n'a pas l'ambiguïté, la douleur secrète d'Eva Green dans l'épisode précédent.
D'ailleurs, c'est visible, les producteurs ont demandé au « yes man » de service - on appelait ainsi les obéissants cinéastes de commande - de mettre la pédale douce sur tout ce qui était enthousiasmant dans l'épisode précédent, soit le romantisme et la brutalité, pour revenir au spectaculaire de base.
Bagarres + poursuites + bagar­res + poursuites se succèdent donc, absolument splendides, il est vrai, mais rigoureusement identiques : en courts plans syncopés et tremblés. Une esthétique très Jason Bourne (depuis que Paul Greengrass a repris les commandes de la série avec Matt Damon), une esthétique assez casse-pieds à la longue.
Comme c'est toujours dans les vieux pots, etc., on a droit, à nouveau, à une organisation, criminelle style le Spectre des années 1960, en mille fois plus puissante, dirigée par un Mathieu Amalric plutôt pas mal en méchant suave. Et à une fille asphyxiée, recouverte de pétrole, comme l'était d'or la victime de Goldfinger.
Reste Daniel Craig. Un 007 pas vraiment accepté par ses chefs et ne s'acceptant pas lui-­même. Un peu moins voyou et beaucoup mieux habillé (si l'on excepte la montre, vraiment trop bling-bling) que dans Casino Royale. Mais de plus en plus sexy. Grave, par moments. Et convaincant, tout le temps.
Pierre Murat - Télérama

""Quantum of Solace" : James Bond, espion dépassé ?
"C'est votre mère ?", demande la jeune femme en apercevant M, la directrice des services secrets britanniques. "Non, mais il lui arrive de se prendre pour ma mère", répond James Bond. Ça, c'est de la psychologie, 007 est comme tout le monde, avec un moi, un ça et un surmoi. Que le client se rassure, Quantum of Solace est aussi livré avec son lot de tueries et de destructions. Le quota de décors exotiques est respecté, tout comme celui des James Bond Girls, la brave fille sainement sexy (l'Anglaise Gemma Arterton) et la créature exotique et ambiguë (Olga Kurylenko).
Marc Forster, réalisateur suisse installé à Hollywood (A l'ombre de la haine, Neverland, Les Cerfs-Volants de Kaboul), était donc chargé de mettre en oeuvre ce cahier des charges contradictoire, qui donne une âme à James Bond sans le priver des plaisirs de sa profession de tueur à gages au service de Sa Majesté. Le résultat frustrera aussi bien ceux qui aiment leur 007 saignant que les amateurs d'espions modernes, pétris de contradictions, dont le principal représentant est Jason Bourne, le héros amnésique incarné par Matt Damon dans la trilogie réalisée par Doug Liman puis Paul Greengrass.
Quantum of Solace se présente comme la suite de la précédente aventure de Bond, Casino Royale, qui avait marqué les débuts du nouveau 007 : blond, brutal mais un peu coeur d'artichaut. Interprété par Daniel Craig, ce James Bond se faisait torturer physiquement par Le Chiffre et sentimentalement par Vesper Lynd (Eva Green). Un film plus tard, le souvenir de cet amour ne s'est pas effacé chez notre héros, qui se console en abattant systématiquement les agents adverses.
Tout commence dans les règles de l'art : au terme d'une série de cascades, Bond liquide le premier de ces suspects pendant le Palio siennois, la célèbre course de chevaux sur la place principale de la ville. Mais déjà quelques signes donnent l'alerte : le montage est haché, la caméra tressaute, la lumière est naturaliste. Pas besoin d'être psychiatre pour établir le diagnostic : James Bond souffre d'un complexe d'infériorité face à Jason Bourne.
Les promoteurs de l'entreprise 007 - les inusables producteurs Michael G. Wilson et Barbara Broccoli, les scénaristes Paul Haggis, Neal Purvis et Robert Wade, qui avaient écrit Casino Royale - sont trop malins pour se laisser aller à l'imitation pure et simple. Mais ce souci de n'être pas assez moderne travaille tout le film.
Prenez le méchant. Il veut bien sûr devenir le maître du monde. Mais il n'est pas psychotique, ni monstrueux physiquement. Bien sûr que non, puisque Dominic Greene, dirigeant d'une multinationale, a les traits de notre Mathieu Amalric. Sa Greene Corporation fait mine de préserver l'environnement, tout en asservissant les nations. Et comme on est dans le monde réel, Dominic Greene ne se contentera pas d'une république bananière imaginaire, mais va préparer un vrai coup d'Etat en Bolivie, avec l'appui de la CIA.
FLIRT AVEC LA RÉALITÉ
Voilà où en est James Bond : à lutter contre l'impérialisme américain, à soutenir la fraction proeuropéenne du gouvernement britannique. C'est sur ce chemin, qui le mène de Haïti (un rôle tenu avec brio par la République de Panama) aux déserts andins, qu'il rencontre Camille, fille d'un opposant assassiné par une ganache bolivienne, devenue la maîtresse de Greene dans l'espoir d'approcher le meurtrier de son père.
Ce flirt avec la réalité n'est pas sans conséquences sur le plaisir du spectateur. Les costumes de Bond jurent avec les tenues quechua traditionnelles, tout comme le jeu d'Amalric, empreint de sa filmographie, ne sied guère à la psychose caricaturale de son personnage.
Le titre a priori indéchiffrable du film aurait dû mettre la puce à l'oreille. Quantum of Solace se traduit par "Quantum de réconfort". Il est emprunté à une nouvelle méconnue de Ian Fleming dans laquelle Bond et un ami dissertent sur le rapport confort-passion dans les relations amoureuses. Le scénario du film dissimule le sujet sous des allusions à un mystérieux Quantum, encore plus redoutable que la Greene Corporation jusqu'à ce que l'épilogue du film, très moral, montre que le propos de cette suite un peu superflue à Casino Royale était bien d'apporter du baume au coeur meurtri de James Bond. Mais un homme apaisé mérite-t-il encore son permis de tuer ?
Thomas Sotinel - Le monde

"Suite de Casino Royale, le film démarre sur des chapeaux de roue. Cette fois, 007 affronte Dominic Greene, ponte du business écologique qui finance un putsch fasciste en Bolivie pour s’emparer des ressources naturelles du pays. Plus brutal, laconique, le nouveau Bond incarné par Daniel Craig délaisse gadgets, humour et érotisme au profit de l’action pure. Il ressemble de plus en plus à celui qu’il a inspiré : Jason Bourne, l’agent secret amnésique. Comme celuici, il est seul contre tous, et plus inquiétant que les méchants (comme Mathieu Amalric, assez falot dans le rôle de Greene), qui font pâle figure face à cette machine à tuer."
Vincent Ostria - L'Humanité

"Ce n’était donc pas une simple piqûre de Botox. Le lifting entamé par la franchise la plus célèbre du cinéma avec Casino Royale (2006) était calculé pour durer. Quantum of Solace en apporte la preuve dès sa première embardée, une longue scène de poursuite en voiture où il faut un certain temps pour que le visage du héros se révèle enfin net, un peu moins bousculé par les tremblements brusques du cadre. Mais l’agent 007, même figé pour quelques instants devant nos yeux, affiche des traits tirés et une allure meurtrie de boxeur qui a trop pleuré. Que cela soit dit : James Bond souffre et porte désormais les stigmates de ses aventures précédentes. Il a la mémoire dans la peau.
Tel un épisode 2, Quantum of Solace commence juste après ce qui fut la plus mélo et la plus belle fin des vingt-deux films de la série, la mort de Vesper (Eva Green), son amour sincère, dans les ruines d’un palais vénitien. Le film est entièrement tourné vers cet instant fatal. Une manie narrative nouvelle qui oblige Bond à remiser, ou presque, ses manières de séducteur de cocktail et d’humoriste à froid. Dans leur quête effrénée du contemporain, les producteurs ont fait de lui un type pas joyeux, du genre qui ne s’autorise qu’un coup d’un soir par film. Un comble pour cette ancienne incarnation du macho cool. James Bond version 2008 n’a plus de père (Sean Connery, où es-tu ?) mais des frères de souffrance, autres héros blessés dans un monde chaotique : Jason Bourne et Jack Bauer (24 heures chrono). La sérialisation d’un personnage qui, autrefois, brillait par sa capacité à tout reprendre à zéro à chaque générique de début s’accompagne donc d’un épaississement manifeste de sa psychologie. Cette remise en question d’un style que l’on croyait indélébile se révèle à la fois passionnante et limitée. La légèreté avec laquelle le film accueille la motivation principale de ce 007 déprimé, la vengeance, pose question. Le beau James élimine ses ennemis avec une cruauté qui, il n’y a pas si longtemps, en aurait fait un candidat idéal à Guantanamo, côté bourreaux. La question de la violence s’articulait à la masculinité de façon beaucoup plus intelligente dans Casino Royale. Bond y subissait notamment une séance de torture, et conservait une certaine probité morale. Dans Quantum of Solace, tuer avec fureur ceux qui ont amené sa belle Vesper à le trahir, puis à mourir, a clairement remplacé le sexe pour 007.
Tout l’imaginaire du film, hanté par l’idée de la virginité violée, et le nécessaire redressement des torts au milieu des flammes de l’enfer (oui, oui), trace une ligne brutale, voire franchement coconne. Demandez à la James Bond Girl (Olga Kurylenko, très girl) et au méchant Dominic Greene (Mathieu Amalric, très méchant), ils confirmeront. On a donc le droit de préférer la version précédente de Mister Bond, quand il jouait au poker pendant des heures sous les yeux canailles d’Eva Green et n’avait pas encore tout à fait accompli sa mue entre chrysalide et papillon. Il reste que le film ne se résume pas à cette seule alternative. La mutation de l’agent secret en un personnage possiblement périssable (mortel ?) se double aussi d’une prise en compte aiguë de sa responsabilité en tant que corps de cinéma. Depuis Casino Royale, 007 incarne le film d’action d’aujourd’hui. Et cette question, Quantum of Solace la prend au sérieux. Sans arriver au niveau de son prédécesseur Martin Campbell, le réalisateur Marc Foster fait preuve d’une certaine ambition opératique et s’autorise quelques percées-hommages en direction de modèles bien choisis (Vertigo, Le Parrain 3, Mission : Impossible). Mais c’est évidemment Daniel Craig qui donne à Quantum of Solace sa plus belle part. Si l’on peut encore croire sans réserve à James Bond comme figure destinée à durer, c’est parce qu’il est là. Capable de jouer la bête blessée avec la grâce d’une ballerina girl, Craig confirme à chaque plan du film l’évidence de son génie. Si James Bond a renoncé au plaisir, il est encore capable d’en donner. Beaucoup.
Olivier Joyard - Les Inrockuptibles

"James Bond a de la mémoire: la femme qu'il aimait dans l'opus précédent a été assassinée. Il veut se venger et est incapable de faire le deuil. Résultat, il ne couche plus avec la nouvelle James Bond Girl, son coeur est plein de ressentiment, il devient anxieux, manque totalement d'humour, un comble! A force de vouloir réinventer 007 au cinéma, les producteurs l'ont transformé en héros de blockbuster classique, façon Jason Bourne. Pis, pas un seul nouveau gadget, pas de rituel "My name is Bond, James Bond" lancé en guise de présentation. Ni même une commande de son légendaire Martini "mélangé, mais pas secoué". Mais où est passé 007?
Une ouverture époustouflante
Le héros d'hier a vécu. Place à l'action. Là, le réalisateur Marc Forster a mis le paquet. Daniel Craig joue du muscle, des poings et du flingue dans des scènes de haute voltige chorégraphiées. On a droit à une course-poursuite époustouflante, en ouverture, sur une corniche sinueuse et embouteillée en Italie. A une autre, sur les toits de Sienne, façon Spider-Man. A un combat en avion dont Bond réchappe, par un saut en parachute à couper le souffle. Sur le tournage du film, au Chili en mars dernier, Marc Forster annonçait la couleur: "J'ai toujours été abonné aux films d'auteur et je rêvais depuis longtemps de m'essayer à l'action. J'ai voulu me faire plaisir! Et renouer avec les scènes de cascade abracadabrante des anciens James Bond."
Un scénario un peu court
Certes, on en prend plein les yeux, mais on attendait du réalisateur nommé plusieurs fois aux oscars qu'il lui laisse son charme, son piquant. Marc Forster se justifie: "Je voulais signer un James Bond plus psychologique". Dans Quantum of Solace, l'espion anglais est effectivement en plein désarroi: amour perdu et trahison en font un homme rongé par le ressentiment et le désir de vengeance. "Il éprouve une grande solitude, une aridité sentimentale, un manque total de confiance en l'autre qui le transforme en machine à tuer", dit Marc Forster. Une vraie mutation. Seul le regard bleu électrique de Daniel Craig, visage pourtant fermé, exprime encore un peu d'humanité.
Cette absence d'émotion donne au spectateur l'impression d'un James Bond désincarné. La faute au scénario un peu court, qui emprunte des chemins tordus. Il est écrit par Paul Haggis (Million dollar baby), Neal Purvis et Robert Wade, qui avaient déjà fait leurs armes sur Le monde ne suffit pas et Meurs un autre jour. Les producteurs Michael G. Wilson et Barbara Broccoli ont-ils eu tort de s'inspirer d'une nouvelle trop courte et désenchantée d'Ian Fleming?
Au fait, l'histoire? Quand le rideau se lève, on apprend qu'une organisation secrète avait manipulé l'élue de Bond, la jolie Vesper (Eva Green dans le précédent épisode). Pendant ce temps, un homme d'affaires, Dominic Greene (Mathieu Amalric) organise un coup d'Etat au Panamá pour mettre la main sur des réserves d'eau souterraines. Un thème écolo dans l'air du temps. Constat: le méchant Mathieu Amalric manque bien de cruauté pour un méchant de la saga: son affrontement final avec Bond tourne même assez vite à la raclée. On en mettrait presque une aux producteurs!"
Barbara Théate - Le Journal du Dimanche

"Daniel Craig appose définitivement sa griffe au personnage, face à un méchant pas banal car fort réaliste (Mathieu Amalric). Après quelques séquences d'action d'une indéniable maestria, mais trop hachées menu au montage pour qu'on les apprécie à leur juste valeur, le film trouve son rythme, fort des trouvailles visuelles de Marc Forster alliées aux idées élaborées du scénariste Paul Haggis (Collision). Parmi les plus belles : la référence à Goldfinger, à travers une femme étouffée par... On n'en dit pas plus. Cela vaut le coup d'oeil."
Christophe Carrière - L'Express

"Entre scènes spectaculaires pas toujours très lisibles et volonté de rendre compte de l’actuel cynisme de notre monde, le nouveau James Bond laisse un peu sur sa faim et manque parfois de cohérence. Quoiqu’il en soit, le divertissement est assuré.
Difficile de rebondir après le triomphe inespéré de l’excellent Casino Royale qui a su actualiser le personnage de James Bond tout en lui donnant une gravité qu’il n’avait pas auparavant. Malgré l’attente générée par le précédent opus, le vingt-deuxième épisode de la série joue profil bas (un titre énigmatique et peu vendeur, une affiche dépouillée qui promet peu d’action) et préfère clairement s’inscrire dans le sillage défini par le film de Martin Campbell. Débutant une heure tout juste après la fin de Casino Royale, cette nouvelle aventure en est à la fois la suite directe (en traitant de la douleur dont souffre Bond après la trahison et la mort de Vesper) et une sorte d’excroissance plus esthétique.
Cela ne démarre pourtant pas sous les meilleurs auspices avec une chanson plutôt médiocre lors du traditionnel générique psychédélique et quelques scènes de fusillades illisibles (qui tire ? Et contre qui ?). Visiblement très soucieux de l’esthétique de son film - sans doute un des mieux réalisés depuis fort longtemps - Marc Forster n’a malheureusement pas réussi à rendre intéressantes ses nombreuses séquences de poursuite à cause d’un découpage extrême des plans. Entre une caméra hystérique et un montage épileptique, il est bien difficile pour le spectateur de s’y retrouver. Heureusement, l’histoire plutôt efficace et l’interprétation toujours aussi animale de Daniel Craig parviennent à compenser ces grosses faiblesses. Si les personnages paraissent moins profonds que dans le précédent, on notera une volonté bienvenue de la part des auteurs d’actualiser leur propos et de rendre l’intrigue bien plus ambigüe qu’auparavant, tout en évitant soigneusement toute pointe d’humour.
Ainsi, l’ennemi - incarné avec juste ce qu’il faut de duplicité par Mathieu Amalric - n’est pas aussi foncièrement odieux que par le passé. Profitant de l’actuel manque de ressources naturelles, il joue avec les gouvernements qui ne sont plus que des pions entre les mains des grandes organisations internationales. Au passage, Forster rappelle l’implication peu glorieuse des Etats-Unis dans la mise en place de dictatures en Amérique latine et montre le jeu dangereux auquel se livrent les Etats du monde entier pour exploiter au maximum les richesses de notre planète. Cette dimension politique, certes effleurée, donne une saveur supplémentaire à cet épisode qui alterne donc bonnes et mauvaises idées. Respectant le nouveau cahier des charges de la série, Quantum of solace est une oeuvre plus en phase avec son temps, qui semble parfois s’égarer entre la volonté auteurisante du réalisateur (un grand sérieux dans le traitement de l’image et de l’histoire) et celle plus commerciale des producteurs (une recrudescence de séquences spectaculaires par rapport au précédent). Un mélange aussi abscons que le titre."
Avoir-alire.com

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