BESTOFCINE, le meilleur du cinéma

PAUL NEWMAN - HOMMAGE


 


LIBERATION


Paul Newman en 2006 (REUTERS)

Un gentil garçon, un ami fidèle, un mari exemplaire, un bon papa, un philanthrope de gauche. Pendant tout le week-end, les réactions à la mort de Paul Newman ont convergé : ce type-là était un chic type. Ce qui était sûrement vrai dans la vraie vie. Mais dans la fausse vie, c’est-à-dire au cinéma ? On ne fait pas un bon acteur avec de bons sentiments. Si Newman était un géant du cinéma hollywoodien, c’est bien parce qu’il sut suggérer pas mal d’ambiguïtés sous son uniforme de fiancé modèle de l’Amérique. Sa fêlure, sa plaie, c’était le cinéma. Que n’ont pas manqué d’asticoter les meilleurs réalisateurs, de Robert Wise à Scorsese, en passant par Hitchcock, maestro en chef dans l’art de faire craquer le vernis des icônes (James Stewart, Cary Grant). En 1966, Hitchcock fait tourner Newman dans le Rideau déchiré, où il est Michael Armstrong, un physicien américain faussement passé à l’Est. Un rôle au couteau pour l’homme qui avait trop d’yeux bleus. Ce qui nous vaudra une ahurissante scène d’assassinat à la gazinière d’un flic de la Stasi par le gentil professeur Armstrong. Voilà le personnage : un brave mec, exemplaire patriote, capable du pire.
Ce chaud-froid se détectait aussi au physique. Beau gosse indiscutable, blond comme les blés du Middle West, baraqué comme un GI d’affiche de recrutement et son regard d’azur idéal, valant pour tous les levers de soleil sur le Pacifique. Mais on sait aussi, entre autres détails intrigants, qu’il était daltonien. Un peu louche en somme. D’une arrogance excitante dans ses meilleurs rôles, ce qui ne fit qu’accroître son sex-appeal.
Dans une de ses secondes vies, Newman fut pilote de course. A quoi pensait-il au volant de son bolide ? A être gentil ? Non, à gagner. Newman est aussi un nom de blue jean. Notre blue jean man. Bleu comme la glace. Beau comme l’enfer.

Glamour toujours
Marié jeune, il incarnait l’idéal américain, beau sous tous rapports. Par Gérard Lefort et Didier Péron

N’importe quelle photo des années 50 le prouve. En tee-shirt blanc et clope aux lèvres, Paul Newman est le chaînon manquant entre Marlon Brando et James Dean. Mais comme rien ne prouve, bien au contraire, qu’à l’exemple de ses deux collègues, Newman ait sexuellement tout essayé, le fantasme fait office de relais.
Bon pour les filles, en Captain America de l’équipe de foot, un peu bourrin, smart et fin, mais déjà pilier de bar à bières et marrant comme tout : le salaud ! En plus, il les fait rire. Sûrement excellent danseur de rock, idéal après le drive-in pour aller flirter au clair de lune sur la banquette arrière de la Buick de papa. Entre ice cream et socquettes roulées. Sexy plus que sexuel. Bon pour les garçons ? Bon copain en tout cas. Toujours partant pour une troisième mi-temps à la buvette. Bien entendu, rien contre les pédés, mais rien pour non plus. Bien que sa disparition ait été abondamment commentée dans la presse gay américaine, Newman ayant toujours soutenu les revendications des minorités, ethniques ou sexuelles, jusqu’à signer des chèques conséquents pour la recherche sur le sida.
Curiosité. A ses débuts sur scène, notamment pour une pièce à Broadway, Picnic, il ne décroche pas le rôle du jeune premier, beau gosse façon Théorème, censé affoler tout un bled au fin fond de l’Amérique. Le metteur en scène n’avait pas trouvé le jeune Newman plausible. Pas assez dirty sans doute. Lui-même a manifestement mis du temps à se vivre en bombe sexuelle. D’autant qu’il se marie très jeune (24 ans) et fait très vite à sa première femme trois enfants. Ce qui n’est pas forcément le comble du glamour. Et quand il se remarie, en 1958, avec Joanne Woodward, on sait désormais que ce sera pour la vie. Dans un Hollywood où les carrières se construisent à coups de scandales et ragots sexuels, Newman fait figure de curiosité, voire d’anomalie.
«Jupette». Au cinéma, c’est une image plus trouble qui se dessine. Autour de quelques prestations érogènes. Passons sur son premier rôle, en 1954, dans le péplum le Calice d’argent, qu’il commenta ainsi : «J’étais vêtu d’une jupette de serveuse de bar et Néron portait une robe de soirée.» Ce qui ne sera pas le cas dans la Chatte sur un toit brûlant où, quoique mari impuissant d’Elizabeth Taylor, il sait rendre désirable sa jambe dans le plâtre. Il restera aussi célèbre pour deux duos virils : avec Robert Redford dans Butch Cassidy et le Kid, véritable prémonition hétéro de Brokeback Mountain , puis, sur un mode plus socratique, avec le très jeune Tom Cruise dans la Couleur de l’argent, film où les deux stars n’arrêtent pas de se tripoter la queue (de billard).
Le temps passant, son physique fléchissait, mais pas sa séduction, ce «déclin» coïncidant avec des rôles plus cérébraux et des films (les siens en priorité) plus torturés. Comme s’il avait fini par surmonter le handicap de sa beauté.

Hors champ
Fondu de courses automobiles et businessman averti, Newman s’était illustré dans les sports mécaniques et avait lancé sa marque de sauces, à vocation caritative.
Par Lionel Froissart (à singapour) et Fabrice Rousselot

Le pilote
Exilé cinq ans aux Etats-Unis pour y exercer son métier de pilote, le Français Sébastien Bourdais y a gagné, outre de nombreuses courses et un peu de gloire, un «grand-père» et un ami. Engagé en Champ Car dans l’écurie Newman-Haas, Bourdais s’était peu à peu lié d’amitié avec l’acteur, mais avait surtout découvert un passionné de sport automobile et un pilote amateur de talent.
Depuis le début de l’été, Bourdais ne cherchait même plus à joindre Paul Newman, celui-ci n’ayant plus la force de parler au téléphone. Il y a quelques semaines, se sachant condamné, Newman avait tenu à se rendre, seul, sur un circuit proche de son domicile dans l’espoir de pouvoir s’installer derrière le volant d’une voiture de sport. Son état lui avait tout juste permis de s’asseoir dans un virage et de s’imprégner du bruit et des odeurs caractéristiques qui flottent sur un anneau de vitesse.
C’est dans la matinée de samedi, alors que Sébastien Bourdais se préparait à disputer les derniers essais du Grand Prix de Singapour, que l’entourage de l’acteur a confirmé au pilote français le décès de son ancien patron. Bourdais, qui s’attendait à cette nouvelle depuis quelque temps, a simplement dit sa tristesse, mais aussi son soulagement. «C’est certainement mieux comme ça. Il souffrait beaucoup et luttait contre un cancer pour lequel il n’y a pas de remède.» Plutôt que d’évoquer la passion de la vitesse et les réels talents de pilote de son «grand-père» américain, Bourdais s’est attardé sur l’action de l’acteur pour aider les enfants malades de cancers grâce à la Newman’s Own Foundation. «Il a fait beaucoup pour ces enfants et il a mis des choses en place pour que ça continue derrière lui. C’était quelqu’un de très simple et il a fait beaucoup pour qu’autour de lui, le monde soit meilleur.»
La passion des courses de Newman s’était révélée lors du tournage du film Winning (Virages, de James Goldstone), en 1969, alors qu’il avait 43 ans. Il y interprétait un pilote ayant couru plusieurs fois les 24 heures du Mans, lancé dans les célèbres 500 miles d’Indianapolis. Paul Newman s’était d’ailleurs classé deuxième de l’édition 1979 des 24 heures au volant d’une Porsche. Mais c’est dans le rôle de patron d’écurie que l’acteur a connu ses plus grands succès, encore une fois grâce au pilote manceau, puisque Sébastien Bourdais a remporté ses quatre titres en Champ Car au volant d’une monoplace du team Newman-Haas.

Le philanthrope
Cette situation de leader sportif, il l’a reproduite dans le domaine du business humanitaire. A la veille de Noël, en 1980, Newman et son compère de toujours, le romancier et scénariste A.E. Hotchner, cherchent une idée de cadeau pour leurs voisins de Westport, dans le Connecticut. Sur un coup de tête, ils décident de faire une sauce de salade improvisée, qu’ils versent dans des bouteilles de vin. Deux ans plus tard naît Newman’s Own, la marque qui vaudra très vite à l’acteur sa réputation d’entrepreneur humanitaire.
Newman vend donc des sauces de salade plutôt bonnes, mais aussi des boissons, du pop-corn… Il crée une fondation pour reverser tous les profits (plus de 200 millions de dollars à ce jour) à des œuvres caritatives. En 1988, il décide d’utiliser une partie des revenus afin de construire des camps d’été pour accueillir les enfants atteints de maladies incurables. Dix ans après l’overdose de son fils, Scott, en 1978, il crée le Scott Newman Center, une association destinée à prévenir la consommation de drogues dures chez les adolescents. Newman ne parlait pas beaucoup de ses activités philanthropiques. Dans une vidéo destinée à promouvoir Newman’s Own, il disait simplement qu’il estimait avoir eu beaucoup de chance durant son existence et qu’il fallait bien «partager un peu» avec les autres.

Filou mythique

Eternel héros fêlé, Newman a rarement joué les hommes dignes.
Correspondance à Los Angeles Philippe Garnier

Monument génétique, très vite passé au patrimoine national américain, Paul Newman a cependant moins souffert de sa beauté qu’un Gregory Peck, par exemple. A part son embarrassant début a l’écran - le Calice d’argent, péplum fastidieux qu’il mentionnait dans chaque interview comme un moine porte son cilice -, l’acteur a rarement joué des hommes dignes. Il devait même éviter ces rôles comme la peste, une manière de s’inoculer contre son aveuglant physique. Il commence à devenir Newman en jouant les héros brisés ou castrés de Tennessee Williams, comme Brick dans Une chatte sur un toit brûlant ou Chance Wayne, le gigolo berlingot de Sweet Bird of Youth (Doux Oiseaux de jeunesse). Mais c’est véritablement avec Hud de Martin Ritt, en 1963, que Newman devient icône du désir, des hommes comme des femmes. Foncièrement inauthentique dans son casting comme dans son scénario, cette histoire de vacher du Texas arrogant, truqueur et nihiliste (basée sur un roman ne valant guère mieux de Larry McMurtry) était incontournable en dépit de tout - il aurait dû s’appeler Stud, établissant pour toujours Newman dans la psyché américaine.
Parcmètres. Bientôt, son jeu maniéré, énervant (voir le Gaucher) fait place à quelque chose de solide et de plus probant. Mais, à part peut-être Exodus, il ne joue plus que des filous enchanteurs : Eddie-vite-fait dans l’Arnaqueur, Butch Cassidy face à Redford dans le film de George Roy Hill, le confidence man de l’Arnaque (The Sting, Roy Hill à nouveau), le vendeur de bétail dans les Indésirables, ou, chez Altman, l’arnaqueur prototype qu’est Buffalo Bill (dans le film de 1976). Même son Harper, le détective de Ross MacDonald, est tout en œillades facétieuses et réparties blasées. Mais, contrairement à Mitchum pour Marlowe, le rôle de Harper ne lui est pas échu trop tard et Newman, en deux films - Harper et la Toile d’araignée -, marque à jamais tant le personnage que l’époque, et ce que le genre policier était devenu en 1966. Et c’est bien sûr dans un film d’hommes pour hommes qu’il atteint la légende, comme le personnage titulaire de Luke la main froide : Cool Hand Lukede Stuart Rosenberg (1967). Luke est un peu comme Newman, inauthentique dans sa qualité de taulard comme lui l’était en sa qualité de bourreau des cœurs (mis en chaînes au pénitencier pour avoir, au cours d’une séquence-générique mémorable, décapité une douzaine de parcmètres). Luke a beau rigoler avec les autres et avaler 100 œufs durs d’affilée, il ne sera jamais l’un de ses compagnons mécréants, même s’il devient vite parmi eux un parangon du cool.
Overdose. Newman était pareil. Il définissait ce qui le séparait d’un type comme Brando, avec qui, au début de sa carrière, on ne cessait de le comparer : «Je serai toujours le mec de Shaker Heights», disait-il, parlant du quartier nanti de Cleveland dont il était issu. C’est peut-être pourquoi il avait su être convaincant dans Hombre, de Martin Ritt (1967), l’histoire d’un homme auquel on reproche ses origines (il a été élevé chez les Apaches). Pourtant, Newman était un homme qui prenait son métier au sérieux, sinon sa qualité de star. Il avait des vies parallèles, les courses automobiles, ses propres films, qui ne peuvent être plus éloignés que les personnages solaires ou drôles qu’il interprétait à l’écran. Car il a continué à jouer très tard les mécréants, les alcooliques irréconciliés, les avocats déchus en quête d’une seconde chance (le Verdict de Sidney Lumet), les managers de hockey pas trop regardants sur la manière de gagner les matchs ou regagner leur ex-femme - le réjouissant Slap Shot (la Castagne). Il a joué très peu de badernes, sauf, en 1998, dans le crépusculaire film noir de Robert Benton, Twilight (l’Heure magique). Mais c’est dans le monde du romancier Richard Russo qu’il se retrouvait le mieux, jouant des mauvais pères et des têtes de lard dans des petites villes de la Rust Belt. C’est peut-être son côté Midwest.
Homme sérieux, ayant eu sa part de tragédie personnelle (son premier fils, Scott, meurt à 28 ans d’une overdose d’alcool et d’anxiolytiques en 1978), progressiste engagé, il était aussi grand déconneur. Sa sauce spaghetti en est la preuve : comment quelqu’un d’aussi ferme sur sa vie privée pouvait accepter d’avoir sa tronche sur des millions de pots de sauce marinara ? Pour la bonne cause, bien sûr, pour ses fondations caritatives, tout ça, mais le style de l’engagement était typiquement Newman. Ayant fameusement répondu à Playboy, qui l’interrogeait sur la longévité de son mariage avec Joanne Woodward, «j’ai du steak à la maison, pourquoi j’irais courir dehors pour du hamburger ?», il déclarait quelques années plus tard à Grover Lewis, de Rolling Stone : «S’il y a deux choses que je connais, c’est la bière et les hamburgers.»

Un auteur à l’européenne

Il lui aura suffi de cinq films en neuf ans pour s’imposer en cinéaste sensible, plus proche de la Nouvelle Vague que du spectacle hollywoodien.
Par Olivier Séguret

La filmographie de Paul Newman cinéaste tient sur les doigts de la main : cinq longs métrages, conçus entre 1968 et 1987. Ce quintet lui a cependant suffi pour acquérir dans cette sphère le respect comme metteur en scène.

Une couleur primaire domine cette œuvre brève : le lien. Tout part de lui et y revient. Le lien avec son épouse et actrice fétiche Joanne Woodward, qui joue dans quatre de ses films, et celui qui en découle : le lien familial qui forme le sujet monomane de son travail.

Indépendance. Rachel, Rachel (1968) est autant un film avec que sur Woodward. Portrait à la fois tendre et aigu d’une institutrice toujours célibataire ballottée entre une mère qui l’ennuie et un amant médiocre, le film va prendre à revers critique et profession de l’époque, qui n’imaginaient pas le placide acteur hanté par des univers aussi dysfonctionnels. Rachel, Rachel enregistre à sa façon cette proximité amoureuse très moderne entre les deux pôles qui orientent la caméra, l’œil du cinéaste et l’objet de son attention.
Le projet dégage un parfum de film d’auteur à l’européenne, influencé par les ressacs Nouvelle Vague, un peu comme Cassavetes et Gena Rowlands l’expérimentent à la même période, mais avec cette particularité : Newman, enfant béni du commerce hollywoodien, place son activité de cinéaste sous le signe d’une déclaration d’indépendance à l’égard du système dont il est issu. Surprise supplémentaire : il ne joue pas dans son propre film, refusant de tirer trop facilement profit de sa notoriété.
Cette absence de narcissisme est certainement une clé pour comprendre le rapport entre le Newman acteur et le Newman cinéaste. Et pour saisir la tenue générale du bonhomme.
Il récidivera quatre ans plus tard sur un schéma comparable, avec ce qui est souvent tenu pour son chef-d’œuvre, De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites (1972). Là encore, c’est sur les épaules de Joanne Woodward qu’il fait reposer l’essentiel de son film - même s’il y dirige aussi leur fille commune. Extraordinaire étude de mœurs sur un trio familial féminin des classes moyennes au début des années 70, le film est plus ouvertement réaliste et social, tendance Pialat, que le précédent. Il forme encore à ce jour un document impérissable sur le monde américain d’alors, et dessine la trace d’une hypothèse étonnante pour le cinéma indépendant de ce pays. Une piste de rigueur, de liberté et d’engagement dont on cherche désespérément les échos.
Inconsolable. Le Clan des irréductibles (Sometimes a Great Notion, 1971) est un cas à part : la réalisation du film n’a été prise par Newman qu’en cours de route. Il faisait déjà partie du casting et a dû remplacer au débotté Richard Colla. Parce qu’il raconte comment une famille de bûcherons de l’Oregon se retrouve dans le refus d’une grève, on a jugé le film conservateur et antisyndicaliste, ce que Newman réfutait : le motif familial, là encore, et le face-à-face avec Henry Fonda avaient suffi à l’attirer. Néanmoins, c’est sans doute le film qui lui ressemble le moins.
En revanche, l’Affrontement (Harry and Son, 1983) est celui qui lui ressemble le plus, puisqu’il fait directement écho à la tragédie personnelle de Paul Newman, qui a perdu son fils aîné, Scott, mort d’une overdose à 28 ans. Il y joue lui-même le rôle de Harry, père malhabile, en conflit avec son fils Howard, aussi inconsolable qu’incapable d’une réconciliation.
Enfin, avec la Ménagerie de verre (1987), il donne une version presque amortie de la première pièce de Tennessee Williams, qui ressoude néanmoins les deux fils conducteurs du Newman cinéaste : la névrose familiale pour donner sa matière au scénario et, pour donner sa lumière à l’image, une passion magnifique pour sa femme et actrice.

Paul Newman, une vie à toute allure

Légende du cinéma américain, il s'est éteint à 83 ans. Il avait reçu l'Oscar du meilleur acteur en 1986 pour son rôle dans «La couleur de l'argent» de Martin Scorsese.


Paul Newman dans le Tonight Show de Jay Leno sur NBC, le 8 avril 2005. (REUTERS)

Il a fermé une dernière fois ses yeux bleus. Atteint d’un cancer du poumon, Paul Newman est mort à l’âge de 83 ans. L’acteur américain avait interprété une soixantaine de films dont «Butch Cassidy et le Kid», «L’Arnaqueur» ou «La Couleur de l’argent».
Né à Shaker Heights (Ohio) le 26 janvier 1925, Paul Newman débute à la scène en 1949. Entré à l’Actor’s Studio en 1952, il tient son premier rôle à Broadway dans «Picnic» de William Inge un an plus tard. En 1956, il s’affirme dans «Marqué par la haine», comme l’un des plus solides espoirs de sa génération. Présenté alors comme un rival de Marlon Brando, il échappe très vite aux moules imposés.
Joignant au magnétisme de la star la technique et la versatilité de l’acteur de composition, il évolue, à partir des années soixante, vers des rôles teintés d’une désinvolture et d’un humour croissant. Il triomphe en l’espace de quelques années dans des films aussi divers que «La chatte sur un toit brûlant» en 1958 avec Elizabeth Taylor, «Exodus» et «L’Arnaqueur». En 1969, le triomphe de «Butch Cassidy et le Kid» le fera entrer au panthéon des grandes vedettes internationales. Il enchaînera avec «L’Arnaque», «La tour infernale», «Verdict».
Dès 1968, il s’était essayé à la réalisation en faisant tourner son épouse Joanne Woodward dans «Rachel Rachel». Pour «La Couleur de l’argent» de Martin Scorsese (1986) avec Tom Cruise, il avait reçu l’Oscar du meilleur acteur, un an, ironiquement, après avoir été récompensé d’une statuette pour l’ensemble de sa carrière. En 1994, l’Académie des Oscars lui avait remis une nouvelle récompense au titre de ses activités humanitaires.
Le talent de Paul Newman ne se limitait pas au cinéma. Passionné de course automobile, ce père de six enfants avait remporté la deuxième place aux 24 heures du Mans en 1979. Il avait joué également un rôle important dans le Mouvement pour les droits civiques, participé à certaines campagnes du Parti démocrate et pris part à des conférences pour le désarmement nucléaire. Il avait lancé dans les années 1980 une ligne de produits alimentaires, incluant vinaigrettes et sauces spaghetti à son effigie. Ces bénéfices lui avaient permis de financer des organisations caritatives.
(Source AFP)

Paul Newman en neuf dates
Par DIDIER PÉRON

26 janvier 1925 : Naissance à Cleveland (Ohio), d’un père propriétaire d’un magasin de sport et d’une mère au foyer, fan de théâtre.
1944 : Il passe trois ans dans la marine comme radio de 3e classe.
1949 : Il épouse la comédienne Jackie Witte, dont il aura trois enfants. Son père meurt l’année suivante.
1951 : Il suit les cours d’Elia Kazan et Martin Ritt à l’Actors Studio de New York.
1958 : Il divorce et épouse en second mariage celle qui restera définitivement sa femme, l’actrice Joanne Woodward.
1969 : Il triomphe au côté de Robert Redford dans Butch Cassidy et le Kid.
1978 : Mort par overdose de son fils, Scott Newman.
1995 : Il rachète l’hebdo de gauche The Nation.
2002 : Dernier rôle dans les Sentiers de la perdition.

LE MONDE

Paul Newman, acteur américain



Non sans humour, ce grand gaillard à corps félin, éclat viril et profil grec, avait imaginé ainsi son épitaphe : "Ci-gît Paul Newman, mort en raté car ses yeux sont devenus marron." Ce regard bleu qu'il avait franc, scrutateur, intègre, avait été en effet son handicap en même temps que son plus bel atout. C'est grâce à lui qu'il avait décroché son premier contrat de cinéma, pour un film en Technicolor. C'est à cause de lui que, considéré comme un pâle substitut de James Dean, une doublure fade de Marlon Brando, on le considéra un temps comme un beau gosse plutôt que comme un tempérament.
Atteint d'un cancer des poumons, mort vendredi 26 septembre à l'âge de 83 ans dans sa maison du Connecticut, Paul Newman était devenu une icône, le charmeur introverti pour lequel les femmes soupirent, le rêveur insoumis que les hommes admirent.
Né en 1925 dans l'Ohio d'un père juif d'origine allemande et d'une mère hongroise catholique, Paul Newman songeait à faire une carrière de footballeur lorsque la guerre l'a éloigné des stades. Sportif, il se passionnera pour la course automobile, participant plusieurs fois aux 24 Heures du Mans.
Il fait ses classes à l'université Yale et à l'Actors Studio de Lee Strasberg. Tempérament d'irréductible, résolu à ne pas abuser de son pouvoir de séduction, plutôt timide et angoissé en privé, il se voit comme un acteur cérébral, préparant ses rôles avec scrupule, les interprétant avec subtilité, sans cabotinage, puisant sa force dans l'intériorisation.
Voyou frondeur dans Marqué par la haine, il doit attendre la fin des années 1950 pour sentir poindre sa popularité. Coup sur coup, en 1958, Les Feux de l'été, de Martin Ritt, Le Gaucher, d'Arthur Penn, La Chatte sur un toit brûlant, de Richard Brooks, La Brune brûlante, de Leo McCarey, font apparaître un type : rebelle taciturne, déclassé boudeur, traumatisé enfiévré, apathique parfois agité de saccades paroxystiques. Irradiant, à la fois, d'un indiscutable sex-appeal et de l'orgueil des détachés.
Il ne va pas tarder à incarner une certaine Amérique, celle de la fêlure, du déséquilibre, de la recherche d'identité. Dans Le Gaucher, western signé par un cinéaste "anti-mythe", il donne un profil freudien à Billy le Kid, éternel adolescent en quête de père, atteint d'une difficulté d'élocution. C'est un homme fragile, torturé, mari alcoolique qu'une cheville brisée oblige à s'appuyer sur des béquilles, qui affronte Liz Taylor dans La Chatte sur un toit brûlant, d'après Tennessee Williams.
"Il y a toujours en lui quelque chose qui demeure secret et refuse de se dévoiler facilement, dit Richard Brooks. Son grand talent lui permet de garder en lui ce secret qui est l'explication de tout être humain. Paul possède une sorte de pureté. Il s'efforce toujours de conserver une sorte de dignité, une certaine décence, une certaine honnêteté qu'il veut préserver au fond de lui-même, en dépit des côtés répugnants de son personnage."
Brooks le dirige à nouveau dans Doux oiseau de jeunesse (1962), toujours d'après Tennessee Williams, où il incarne un gigolo qui accepte de satisfaire les besoins sexuels d'une star déclassée pour décrocher un contrat à Hollywood. Au fil des ans, Paul Newman joue ce qu'il n'est pas : le pire visage d'une Amérique imbibée de bourbon. Des égoïstes, arrogants, machistes, brutaux. Minable en proie au fantasme de la promotion sociale (Ce monde à part, 1959), cynique éleveur de bétail (Le Plus Sauvage d'entre tous, 1963), détective insolent enquêtant dans les eaux troubles (Détective privé, 1966), arriviste dégénéré (WUSA, 1970, où il voulait dénoncer la corruption politique de la droite), réactionnaire obstiné (Le Clan des irréductibles, 1971).
Plus tard, le bourgeois coincé de Mr et Mrs Bridge, de James Ivory (1990), ou le PDG machiavélique du Grand Saut des frères Coen (1994). Ses personnages affichent leur ambiguïté, leur masochisme, leur marginalité. Conquérant rattrapé par l'échec ou loser triomphant : il sait que rien n'est acquis, qu'il n'est homme digne de ce nom que torturé. Ce qu'il exprime, c'est que l'on peut avoir un physique de charmeur et une âme de fêlé.
Mais Paul Newman sait aussi jouer avec ironie et désinvolture, camper un aventurier romantique (Butch Cassidy et le Kid, 1969), un prince de la ruse (L'Arnaque, 1973). Il ne rechigne pas à la provocation de Robert Altman, qui démythifie l'imagerie de l'Ouest et pourfend l'industrie du spectacle dans Buffalo Bill et les Indiens (1976).
Dans Juge et hors-la-loi, de John Huston (1972), il transforme le fameux juge Roy Bean, grand manitou de la justice à l'ouest du fleuve Pecos, en hurluberlu barbu, imposteur et amoureux platonique d'une chanteuse de bastringue.
"ME SENTIR VIVRE"
Un titre majeur échappe à cette recension : L'Arnaqueur, de Robert Rossen. C'est un jalon dans sa carrière, encore un personnage d'arnaqueur puni, si emblématique qu'il l'interpréta deux fois. Ce requin des salles de billard, qu'il avait joué en 1961 avec les tics et la morgue d'un promu de l'Actors Studio, est ressuscité vingt-cinq ans plus tard par Martin Scorsese dans La Couleur de l'argent (1986), rôles inversés : du disciple de George C. Scott qui le traitait d'éternel perdant, il devient l'initiateur de Tom Cruise, nouvel emblème d'une Amérique qui se déhanche et agite sa queue de billard pour frimer. Avec son oeil langoureux et sa voix rauque, Newman apprend la vie au gamin, lui expliquant qu'il faut faire semblant de perdre pour mieux gagner.
Ce rôle lui vaut l'Oscar (tardif) du meilleur acteur, un an après qu'il a reçu la statuette convoitée pour l'ensemble de sa carrière, un an avant que les Oscars lui en décernent une nouvelle au titre de ses activités humanitaires. D'où cette réflexion dépitée : "C'est comme avoir fait la cour à une belle femme pendant quatre-vingts ans. Elle finit par céder, et l'on dit : "Je suis vraiment désolé, mais je suis un peu fatigué.""
L'acteur s'était fait réalisateur en 1968, dirigeant son épouse Joanne Woodward dans Rachel Rachel. Suivront De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites en 1972, L'Affrontement en 1984 et La Ménagerie de verre en 1987, des films qui le voient poser un regard complice sur l'univers des femmes. "Je fais des films, je joue, je suis époux et père pour une seule et unique raison : me sentir vivre."
Jean-Luc Douin

PORTFOLIO


Mariage en 1958 avec Joanne Woodward


Avec Joanne Woodward dans Du haut de la terrasse


Dans un de ses plus grands rôles Luke la main froide


Un de ses rôles les plus célèbres Butch Cassidy et le kid au côté de Robert Redford en 1969


Dans L'arnaque en 1973


En 1986, il remporte l'oscar du meilleur acteur pour "La couleur de l'argent" au coté de Tom Cruise


En 1994, il reçoit un oscar pour son action caritative


Son engagement était aussi politique, ici pour John Kerry


Autre facette de Paul Newman la course automobile, ici en 2004


L'acteur avait mis sa célébrité au service du bien commun

Des millions d'Américains ne connaissent qu'une image de Paul Newman : l'effigie coloriée qui orne les bouteilles de vinaigrette, les sachets de pop- corn ou les pots de sauce tomate de la marque Newman's Own. Un quart de siècle après sa fondation en 1982, cette petite entreprise a généré 250 millions de dollars de profit, une somme dont la totalité est allée à des fondations ou des associations caritatives.
Figure majeure du cinéma, Paul Newman restera également comme l'un des grands philanthropes de son époque, contribuant à inventer une manière de faire des affaires résumée dans la devise moqueuse de Newman's Own : "Exploitation éhontée dans le souci du bien commun". Newman et son partenaire en affaire, l'écrivain A. E. Hotchner, exploitaient donc sans vergogne la célébrité de l'acteur et sa valeur marchande, qu'ils avaient affectée à une ligne de produits gastronomiques dont la qualité était reconnue par la plupart des spécialistes.
L'essentiel du travail de Newman est consacré à l'affectation de ces profits : en 1988, il fonde une colonie de vacances destinée aux enfants atteints de maladies graves. Baptisés du nom de la bande de Butch Cassidy and the Sundance Kid, The Hole in the Wall Gang, ces camps de vacances ont accueilli 135 000 enfants. Après la mort, en 1978, de son fils Scott d'une overdose de calmants et d'alcool, Paul Newman fonde une organisation destinée à "prévenir la toxicomanie par l'éducation".
Les profits de Newman's Own ont également servi à défendre le premier amendement de la Constitution américaine (qui garantit la liberté d'expression) ou à aider les réfugiés kosovars en 1999. L'acteur avait ainsi défini ce désir de partager : "Je crois que j'ai voulu prendre en compte la chance. Sa bienveillance dans ma vie, sa brutalité dans celle des autres."
Cet engagement philanthropique était le pendant de son engagement politique. Militant pour les droits civiques dans les années 1960, Paul Newman soutient en 1968 la candidature à la présidence du sénateur démocrate Eugene McCarthy, ce qui lui vaut d'être placé à la 19e place sur la liste des ennemis du président Richard Nixon. Au printemps 2008, il est encore devant les caméras pour enregistrer un message de soutien au comité pour l'élection des sénateurs démocrates. Pendant les primaires, il avait contribué aux campagnes d'Hillary Clinton, Bill Richardson et Barack Obama.
Thomas Sotinel

LE FIGARO

Paul Newman le magnifique
Éric Neuhoff



L'inoubliable interprète de «Butch Cassidy et le Kid» est mort des suites d'un cancer, à l'âge de 83 ans, dans sa maison du Connecticut.

«J'ai cru un moment qu'on était dans de beaux draps. » C'est la réplique finale de Butch ­Cassidy et le Kid. Les deux hors-la-loi ne se doutent pas que dehors des centaines de ­Mexicains les attendent, fusil au poing. On espère que, dans les brumes de la morphine, Paul Newman s'est souvenu de la formule, en guise d'adieu.
Elle contenait l'humour, l'optimisme, l'élégance qui le caractérisaient. Ça n'était pourtant pas gagné d'avance.
Qu'est-ce qui prédestinait un gamin né à ­Cleveland (Ohio) en 1925 à devenir une star de Hollywood ? Son père tient un magasin d'articles de sport ; sa mère est une scientiste chrétienne. Acteur ? Il n'y pense pas une seconde. Lui, il veut être athlète de haut niveau. Hélas, ses performances dans le domaine laissent à désirer. De son propre aveu, il était un très mauvais footballeur. Du reste, il ne tardera pas à s'apercevoir que les filles sont plus sensibles au charme du comédien le moins doué qu'aux résultats d'un sportif accompli.
On parle toujours de son regard bleu, mais durant la guerre son daltonisme lui interdit d'être pilote de chasse. On l'enrôle comme radio dans la marine. Durant ses études, il suit des cours de théâtre. À la mort de son père, en 1950, il reprend vaillamment la boutique. Cela dure un an : il n'est pas fait pour ça et revend l'affaire. Va pour acteur. Il s'inscrit à l'Actor's Studio. Ses débuts ne sont pas éclatants. Marlon Brando décroche sous son nez le rôle du mouchard dans Sur les quais. Il y a un autre redoutable concurrent, auquel on le compare : il s'appelle James Dean. Une Porsche malencontreuse réglera le problème. Son premier film est un péplum, un nanar terrible avec Pier Angeli, Le Calice d'argent. En jupette, Newman y incarne un esclave romain. Chaque fois que le film sera diffusé à la télévision, Newman s'offrira une page d'excuses dans les journaux, provoquant ainsi des taux d'audience inespérés. À l'époque, la critique n'est pas tendre avec lui : «Newman joue comme un chauffeur de bus qui annonce les arrêts. » Les progrès sont rapides.
Son interprétation du boxeur Rocky Graziano dans Marqué par la haine le propulse au rang de star. Succès confirmé avec La Chatte sur un toit brûlant, où il est le mari impuissant de Liz Taylor. Son physique lui colle à la peau, mais il n'y a pas plus cérébral que lui.
«Jouer, c'est un peu comme ôter son pantalon, c'est se mettre à nu.» Le beau gosse suit une analyse, se torture pour le moindre dialogue, multiplie les moues boudeuses, les airs penchés - la fameuse Méthode. Sur le plateau du Rideau déchiré,Hitchcock lui répondra : «Votre motivation, monsieur Newman, c'est votre salaire !»
On le voit en rebelle, en cow-boy je-m'en-foutiste, en anticonformiste. Une certaine dose de tendresse baigne son cynisme. Dans Le Gaucher d'Arthur Penn, il est Billy le Kid version Freud. Dans L'Arnaqueur, il se fait briser les doigts. Dans Luke la main froide, il dévalise des parcmètres, ivre mort, et engloutit des œufs durs par dizaines. Dans Butch Cassidy et le Kid, il fait du vélo en chapeau melon avec Katharine Ross sur son guidon. Le tandem qu'il forme avec Redford produit des étincelles. Le miracle se reproduit dans L'Arnaque, hommage ironique aux films de gangsters. Il passe à la réalisation, offre à sa seconde épouse Joanne Woodward des personnages solitaires, touchants, décalés : Rachel, Rachel, De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, qui fut présenté à Cannes en 1973 et ressort ces jours-ci. Leur mariage constitua une réussite exemplaire.

Un oscar en 1986
«J'ai du steak à la maison. Pourquoi est-ce que j'irais dehors chercher un hamburger ?», commentait-il avec délicatesse. Elle aime la danse et la broderie : il aime les courses automobiles et la bière.
Elle le surnomme «Sam Superstar», a délaissé sa carrière pour s'occuper de leurs trois filles, ce qui ne l'a pas empêchée d'obtenir un oscar trente ans avant lui, pour Les Trois Visages d'Ève. Lorsqu'il remporta la récompense en 1986 pourLa Couleur de l'argent, où il reprenait la panoplie de Fast Eddie, le champion de billard de L'Arnaqueur, Newman, qui avait déjà été nommé six fois, lâcha : «C'est comme courir après une belle femme pendant quatre-vingts ans. Elle finit par céder et vous lui dites : “Désolé, je suis fatigué”». Il n'assistera pas à la cérémonie. Visiblement, l'évolution du cinéma ne le ravissait guère.

Contre la guerre du Vietnam
Les Spielberg, les Lucas, ça n'était pas pour lui : «C'est dur d'être fier de son art quand on sait que les plus grandes vedettes sont deux robots et un requin.» Il préfère Kubrick et Cassavetes, qui ne l'avaient pourtant pas engagé. Il a joué avec un ours et avec Tom Cruise, a refusé All That Jazz, Missing, À la poursuite du diamant vert, a été Roy Bean, Buffalo Bill. Il était militant des droits civiques, contre la guerre du Vietnam. Son ami Gore Vidal le poussa à se présenter au Sénat. Newman déclina la proposition. Être numéro 19 sur la liste des ennemis de Richard Nixon lui suffisait. Sa chance lui semblait insolente. Elle avait parfois son revers. En 1978, son fils Scott meurt d'une overdose. Newman n'évoqua jamais l'histoire. «On ne peut pas mettre le chagrin en fiction.» Dans la rue, il portait des lunettes noires. On ne savait pas si c'était pour cacher ses fameux yeux bleus ou pour masquer ses larmes.

Dans Le Verdict, cette détresse lui permet d'être un superbe avocat alcoolique. À James Lipton l'interrogeant sur ce que Dieu lui dirait en l'accueillant au paradis, Newman avait suggéré : «Et l'enfer, tu n'y avais pas pensé ?» Il aurait voulu jouer Shakespeare, se prenait parfois pour le Tonio Kröger de Thomas Mann. Richard Russo était son écrivain de chevet et il figura parmi la distribution de la série tirée de Le Déclin de l'empire Whiting. La discrétion était sa devise. Quand il fut hospitalisé pour son cancer, il prétendit être soigné pour «perte des cheveux». À l'entrée de sa propriété dans le Connecticut, il avait placardé un panneau pour éloigner les badauds : «Les Newman n'habitent plus ici. Signé : la famille Preston.»
Aujourd'hui, il ne s'agit plus vraiment d'un mensonge.

Nouvelobs

Décès de Paul Newman, géant philanthrope du cinéma américain
AP | 27.09.2008 | 19:10
Le plus célèbre regard bleu acier du cinéma américain vient de s'éteindre. L'acteur de légende, réalisateur, producteur et entrepreneur féru de courses automobiles Paul Newman a succombé à un cancer à l'âge de 83 ans.
L'homme à la soixantaine de rôles, qui avait notamment incarné à l'écran Butch Cassidy au côté de Robert Redford, est décédé vendredi, entouré de sa famille et de ses amis, dans sa propriété près de Westport, dans le Connecticut, a précisé samedi l'attaché de presse Jeff Sanderson.
Après avoir fêté cet hiver son 50e anniversaire de mariage avec l'actrice et réalisatrice Joanne Woodward, il avait renoncé en mai dernier pour des raisons de santé non précisées à diriger une adaptation théâtrale du livre "Des souris et des hommes" de John Steinbeck.
Nommé à dix reprises aux Oscars, il avait raflé la statuette dorée du meilleur acteur en 1987 pour son interprétation d'Eddie Felson, ex-champion de billard, dans "La Couleur de l'argent" de Martin Scorsese, et deux autres Oscars, l'un en 1986 en hommage à ses "performances mémorables" à l'écran, l'autre en 1994 pour son action caritative. Il s'était illustré pour la dernière fois aux Oscars à l'occasion de sa nomination dans la catégorie du meilleur second rôle pour le film "Les sentiers de la perdition" de Sam Mendes en 2002.
Aussi à l'aise dans des comédies ("L'Arnaque" de George Roy Hill) que dans des drames ("Le plus sauvage d'entre tous" de Martin Ritt), hors-la-loi ou policier, avocat alcoolique ou prix Nobel de littérature, arnaqueur ou homme d'affaires honnête persécuté par une journaliste irresponsable, Paul Newman incarnait une certaine image de l'Amérique.
Au cours de sa carrière, l'homme à la beauté classique a parfois fait équipe avec son épouse, elle aussi distinguée aux Oscars pour "Les Trois visages d'Eve", film sorti en 1957. Il l'a notamment dirigée dans les films "Rachel, Rachel" en 1968, "De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites" en 1972 -rôle qui a valu à Woodward un prix d'interprétation au festival de Cannes- et "La ménagerie de verre" en 1987.
"J'ai du steak à la maison. Pourquoi sortir pour un hamburger?", avait-il répondu au magazine "Playboy", qui l'interrogeait sur la fidélité. Le couple, l'un des plus unis d'Hollywood, s'était marié en 1958, année où tous deux furent à l'affiche des "Feux de l'été" de Martin Ritt, qui permit à Newman de décrocher le prix d'interprétation masculine au festival de Cannes.
De leur union sont nées trois filles, Elinor ("Nell"), Melissa et Clea. Newman a également eu deux filles, Susan et Stephanie et un fils Scott -mort en 1978 d'une surdose accidentelle d'alcool et de Valium- avec Jacqueline Witte, sa précédente épouse.
Né à Cleveland (Ohio) dans une famille de deux enfants, Paul Newman a débuté au théâtre et à la télévision dans les années 1950, après avoir suivi des cours à l'école d'art dramatique de l'Université de Yale et à l'Actor's Studio à New York où il comptait entre autres camarades Marlon Brando, Karl Malden et James Dean. La mort dramatique de ce dernier en 1955 amena Newman à reprendre le rôle que Dean devait tenir dans une adaptation télévisée d'une oeuvre d'Hemingway. Côté cinéma, "Le calice d'argent" (Victor Saville) marqua la première apparition de Newman, un film que l'acteur méprisait.
Au gré des rencontres avec les plus grands réalisateurs, Newman est devenu l'une des stars les plus appréciées au monde, une légende aimée par ses pairs. Avec une élégance conjuguée à un éclectisme dans ses choix, il a brillé dans "Butch Cassidy et le Kid", "Luke la main froide", "Absence de malice", "Le verdict" ou "Exodus".
Sa carrière est marquée par des collaborations avec certains des plus grands cinéastes du dernier demi-siècle, d'Alfred Hitchcock ("Le rideau déchiré") à John Huston ("Le piège"), en passant par Robert Altman ("Quintet"), Arthur Penn ("Le gaucher"), Otto Preminger, Scorsese et les frères Coen ("Le grand saut"). Elizabeth Taylor, Lauren Bacall, Tom Hanks ou Tom Cruise ont compté au nombre de ses partenaires.
Au fil des rôles, les interprétations de l'acteur au physique remarquablement intact sont devenues plus subtiles, s'éloignant des performances maniérées de ses premières années, quand certains voyaient en lui un imitateur de Marlon Brando. "Il faut un long moment à un acteur pour développer l'assurance que le svelte Paul Newman aux cheveux argentés a acquise", écrivait Pauline Kael, critique de cinéma, à son sujet, dans les années 1980.
A 80 ans passés, il était toujours demandé. Il avait remporté un Emmy Award et un Golden Globe pour le drame de 2005 sur HBO, "Empire Falls", et avait prêté sa voix à une voiture de 1951 dans le film à succès de Disney/Pixar, "Quatre roues" ("Cars").
Dans la vraie vie, Newman a cherché à venir en aide aux opprimés, philanthrope faisant don de dizaines de millions de dollars à des oeuvres caritatives via son entreprise d'alimentation créée en 1982, Newman's Own, qui commercialise notamment vinaigrettes et sauces, et installant des camps pour des enfants gravement malades. Violemment opposé à la guerre du Vietnam, il était si connu pour ses idées de gauche qu'il finit sur la "liste des ennemis" du président Richard Nixon, l'une des réussites dont l'acteur était le plus fier.
Dans les années 70, Newman avait avoué s'ennuyer sur les plateaux. Fasciné par la course automobile, un sport auquel il s'intéressa pour les besoins du film "Virages", il devint professionnel en 1977 et son écurie obtint de bons résultats dans plusieurs grandes courses, dont une cinquième place à Daytona en 1977 et une deuxième au Mans en 1979. "La course est la meilleure chose que je connaisse pour s'échapper de toute la camelote d'Hollywood", avait-il confié en 1979 au magazine "People".
Amateur de bière et de blagues, l'homme qui fuyait Hollywood, acceptait avec réticence les interviews et refusait généralement de signer des autographes. Newman affirmait aussi ne jamais lire les critiques de ses films. "Si elles sont bonnes, vous prenez la grosse tête, et si elles sont mauvaises, vous êtes déprimé pendant trois semaines". AP

Décès de l'acteur Paul Newman - Reuters
Le cinéma hollywoodien a perdu l'une de ses légendes avec la disparition de l'acteur américain Paul Newman, décédé à 83 ans des suites d'un cancer du poumon.
L'acteur s'est éteint vendredi soir dans sa résidence près de Westport dans le Connecticut.
"Sa disparition s'est déroulée comme tout le reste de sa vie, dans l'intimité et la discrétion, entouré par sa famille aimante et ses amis. Il fut un artiste humble qui ne se considéra jamais comme un 'grand'", précise un communiqué de la famille.
Yeux bleus, sourire charmeur, allure svelte, Paul Leonard Newman (PL pour ses proches) était apparu dans près de soixante films au cours d'une carrière commencée au théâtre à Broadway au début des années 50.
Récompensé par l'Oscar du meilleur acteur pour sa performance dans "La Couleur de l'Argent" de Martin Scorsese en 1986, Paul Newman a tourné avec les plus grands réalisateurs.
Il apparaissait notamment à l'affiche de "La chatte sur un toit brûlant" de Richard Brooks en 1958, ou il incarnait un personnage alcoolique.
Il tourna dans "L'Arnaqueur" de Robert Rossen (1961) ou encore dans "Le rideau déchiré" d'Alfred Hitchcock (1966) et donna la réplique à Robert Redford dans le western "Butch Cassidy et le Kid" de George Roy Hill (1969).
Moins présent dans le monde artistique depuis le début des années 90, il avait annoncé sa retraite complète en mai 2007.
L'acteur se maria à deux reprises. D'abord avec Jackie Witte en 1949, dont il se sépara en 1958, après avoir eu un garçon Scott et deux filles Susan Kendall et Stéphanie.
Avec sa seconde femme, Joanne Woodward, qu'il épousa en janvier 1958, il eut trois autres filles. Woodward fut elle aussi récompensée par un Oscar.
PASSIONNÉ DE SPORT AUTOMOBILE
Personnage engagé politiquement, Newman figurait sur la liste des adversaires de Richard Nixon, l'ancien président républicain des Etats-Unis.
Egalement passionné par le sport automobile, il avait participé aux 24 Heures du Mans ou il avait décroché la deuxième place en 1975 avec l'équipage composé de Rolf Stommelen et Dick Barbour sur une Porsche 935.
En 1995, à plus de 70 ans, il avait repris le volant au 24 Heures de Daytona en compagnie des pilotes Sébastien Bourdais et Bruno Junqueira.
En 1982, Newman avait créé une ligne de produits alimentaires, Newman's Own, dont les recettes étaient reversées à des oeuvres caritatives. Les dons de la franchise avaient dépassé les 250 millions de dollars en 2006.
Il avait également créé l'association Hole-in-the-Wall qui proposait des camps de vacances d'été pour les enfants atteints de maladies graves.
"Notre père était un symbole rare de l'humilité. Il ne considérait jamais que ce qu'il faisait été extraordinaire. Discrètement, il a réussi à améliorer la vie des autres avec sa générosité", écrivent ses cinq filles dans le communiqué.
Né le 26 janvier 1925 dans la banlieue de Cleveland, il avait servi dans une unité de transmission de la marine américaine dans le Pacifique lors de la Seconde guerre mondiale.
Démobilisé, il reprit ses études à la faculté Kenyon dans l'Ohio et voulut se consacrer au football, mais il fut exclu de l'équipe universitaire après une dispute.
Il rejoignit alors l'école d'arts dramatiques de Yale après avoir travaillé dans le magasin familial d'articles de sport.
Son premier grand rôle au cinéma le met dans la peau du boxeur Rocky Graziano dans le film "Marqué par la haine" de Robert Wise en 1956.
Ancien fumeur, Newman avait appris cette année qu'il souffrait d'un cancer du poumon et était soigné à New York.
Version française Pierre Sérisier

Radio canada

L'acteur américain Paul Newman, dont les yeux bleu azur fascinaient le public, est mort d'un cancer à l'âge de 83 ans.
Entouré de ses proches amis et de sa famille, la légende du cinéma américain s'est éteinte dans sa propriété près de Westport, au Connecticut.
En mai dernier, il avait renoncé à diriger l'adaptation théâtrale de Des Souris et des hommes de John Steinbeck pour des raisons de santé non précisées.
Paul Newman est apparu dans l'industrie du théâtre et du cinéma durant les années 1950, avec des prestations remarquées dans Marqué par la haine et La chatte sur un toit brûlant.
Quelques années se seront écoulées avant qu'il soit considéré comme l'un des espoirs les plus solides de sa génération.
En 1969, le triomphe de Butch Cassidy et le Kid le fera entrer au panthéon des vedettes internationales. Il poursuivra avec L'Arnaque, La tour infernale, Verdict.
Nommé 10 fois aux Oscars, Paul Newman en a reçu trois, dont deux Oscars d'honneur.
Pour sa prestation dans La Couleur de l'argent (1986) de Martin Scorsese, l'acteur américain reçoit l'Oscar du meilleur acteur, soit un an après avoir été récompensé pour l'ensemble de sa carrière.
En guise d'honneur, l'Académie des Oscars lui a aussi remis une statuette en 1994 pour souligner ses activités humanitaires.
Newman, le philanthrope
Paul Newman a joué un rôle important dans le Mouvement pour les droits civiques, a participé à certaines campagnes du Parti démocrate et a pris part à des conférences pour le désarmement nucléaire.
Dans les années 1980, il a mis sur pied une société, Newman's Own, connue pour les vinaigrettes à son effigie.
Tous les bénéfices de Newman's Own sont reversés à des oeuvres caritatives. Selon le site web de l'entreprise, plus de 200 millions $ ont été distribués à ce jour.
Radio-Canada.ca avec Agence France Presse, Associated Press et Presse canadienne

Presse canadienne

L'acteur Paul Newman meurt d'un cancer à l'âge de 83 ans
NEW HAVEN, Connecticut — Le plus célèbre regard bleu acier du cinéma américain vient de s'éteindre. L'acteur de légende, réalisateur, producteur et entrepreneur féru de courses automobiles Paul Newman a succombé à un cancer à l'âge de 83 ans.
L'homme à la soixantaine de rôles, qui avait notamment incarné à l'écran Butch Cassidy au côté de Robert Redford, est décédé vendredi, entouré de sa famille et de ses amis, dans sa propriété près de Westport, dans le Connecticut, a précisé samedi l'attaché de presse Jeff Sanderson.
Après avoir fêté cet hiver son 50e anniversaire de mariage avec l'actrice et réalisatrice Joanne Woodward, il avait renoncé en mai dernier pour des raisons de santé non précisées à diriger une adaptation théâtrale du livre "Des souris et des hommes" de John Steinbeck.
Nommé à dix reprises aux Oscars, il avait raflé la statuette dorée du meilleur acteur en 1987 pour son interprétation d'Eddie Felson, ex-champion de billard, dans "La Couleur de l'argent" de Martin Scorsese, et deux autres Oscars, l'un en 1986 en hommage à ses "performances mémorables" à l'écran, l'autre en 1994 pour son action caritative. Il s'était illustré pour la dernière fois aux Oscars à l'occasion de sa nomination dans la catégorie du meilleur second rôle pour le film "Les sentiers de la perdition" de Sam Mendes en 2002.
Aussi à l'aise dans des comédies ("L'Arnaque" de George Roy Hill) que dans des drames ("Le plus sauvage d'entre tous" de Martin Ritt), hors-la-loi ou policier, avocat alcoolique ou prix Nobel de littérature, arnaqueur ou homme d'affaires honnête persécuté par une journaliste irresponsable, Paul Newman incarnait une certaine image de l'Amérique.
Au cours de sa carrière, l'homme à la beauté classique a parfois fait équipe avec son épouse, elle aussi distinguée aux Oscars pour "Les Trois visages d'Eve", film sorti en 1957. Il l'a notamment dirigée dans les films "Rachel, Rachel" en 1968, "De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites" en 1972 - rôle qui a valu à Woodward un prix d'interprétation au festival de Cannes - et "La ménagerie de verre" en 1987.
"J'ai du steak à la maison. Pourquoi sortir pour un hamburger?", avait-il répondu au magazine "Playboy", qui l'interrogeait sur la fidélité. Le couple, l'un des plus unis d'Hollywood, s'était marié en 1958, année où tous deux furent à l'affiche des "Feux de l'été" de Martin Ritt, qui permit à Newman de décrocher le prix d'interprétation masculine au festival de Cannes.
De leur union sont nées trois filles, Elinor ("Nell"), Melissa et Clea. Newman a également eu deux filles, Susan et Stephanie et un fils Scott - mort en 1978 d'une surdose accidentelle d'alcool et de Valium - avec Jacqueline Witte, sa précédente épouse.
Né à Cleveland (Ohio) dans une famille de deux enfants, Paul Newman a débuté au théâtre et à la télévision dans les années 1950, après avoir suivi des cours à l'école d'art dramatique de l'Université de Yale et à l'Actor's Studio à New York où il comptait entre autres camarades Marlon Brando, Karl Malden et James Dean. La mort dramatique de ce dernier en 1955 amena Newman à reprendre le rôle que Dean devait tenir dans une adaptation télévisée d'une oeuvre d'Hemingway. Côté cinéma, "Le calice d'argent" (Victor Saville) marqua la première apparition de Newman, un film que l'acteur méprisait.
Au gré des rencontres avec les plus grands réalisateurs, Newman est devenu l'une des stars les plus appréciées au monde, une légende aimée par ses pairs. Avec une élégance conjuguée à un éclectisme dans ses choix, il a brillé dans "Butch Cassidy et le Kid", "Luke la main froide", "Absence de malice", "Le verdict" ou "Exodus".
Sa carrière est marquée par des collaborations avec certains des plus grands cinéastes du dernier demi-siècle, d'Alfred Hitchcock ("Le rideau déchiré") à John Huston ("Le piège"), en passant par Robert Altman ("Quintet"), Arthur Penn ("Le gaucher"), Otto Preminger, Scorsese et les frères Coen ("Le grand saut"). Elizabeth Taylor, Lauren Bacall, Tom Hanks ou Tom Cruise ont compté au nombre de ses partenaires.
Au fil des rôles, les interprétations de l'acteur au physique remarquablement intact sont devenues plus subtiles, s'éloignant des performances maniérées de ses premières années, quand certains voyaient en lui un imitateur de Marlon Brando. "Il faut un long moment à un acteur pour développer l'assurance que le svelte Paul Newman aux cheveux argentés a acquise", écrivait Pauline Kael, critique de cinéma, à son sujet, dans les années 1980.
A 80 ans passés, il était toujours demandé. Il avait remporté un Emmy Award et un Golden Globe pour le drame de 2005 sur HBO, "Empire Falls", et avait prêté sa voix à une voiture de 1951 dans le film à succès de Disney/Pixar, "Quatre roues" ("Cars").
Dans la vraie vie, Newman a cherché à venir en aide aux opprimés, philanthrope faisant don de dizaines de millions de dollars à des oeuvres caritatives via son entreprise d'alimentation créée en 1982, Newman's Own, qui commercialise notamment vinaigrettes et sauces, et installant des camps pour des enfants gravement malades. Violemment opposé à la guerre du Vietnam, il était si connu pour ses idées de gauche qu'il finit sur la "liste des ennemis" du président Richard Nixon, l'une des réussites dont l'acteur était le plus fier.
Dans les années 70, Newman avait avoué s'ennuyer sur les plateaux. Fasciné par la course automobile, un sport auquel il s'intéressa pour les besoins du film "Virages", il devint professionnel en 1977 et son écurie obtint de bons résultats dans plusieurs grandes courses, dont une cinquième place à Daytona en 1977 et une deuxième au Mans en 1979. "La course est la meilleure chose que je connaisse pour s'échapper de toute la camelote d'Hollywood", avait-il confié en 1979 au magazine "People".
Amateur de bière et de blagues, l'homme qui fuyait Hollywood, acceptait avec réticence les interviews et refusait généralement de signer des autographes. Newman affirmait aussi ne jamais lire les critiques de ses films. "Si elles sont bonnes, vous prenez la grosse tête, et si elles sont mauvaises, vous êtes déprimé pendant trois semaines".

TELERAMA

Paul Newman, juste quelqu’un de bien
Quand Paul Newman s’est éteint, l’Amérique était en pleine tourmente. Personne ne savait où s’arrêterait la descente aux enfers de la crise financière et, dans les journaux du week-end, des titres angoissés bordaient les photos de l’acteur où perçait la tranquille assurance d’un regard limpide. Le New York Times, que Newman lisait rituellement chaque matin, annonçait la disparition d’une des « dernières grandes stars hollywoodiennes du XXe siècle », mais les éloges funèbres résonnaient moins du chagrin de voir s’évanouir l’éclat d’un comédien que de la perte d’un modèle d’homme américain. « Sérieux et rusé, déterminé et sensible, courageux et humble, fiable, attentif et juste », écrivait Shawn Levy, qui publiera bientôt une biographie de l’acteur. D’un titre à l’autre, il n’était question que d’un « type bien » que n’avait jamais fait dérailler l’appât du gain, un démocrate endurci, un militant convaincu, un mari fidèle, un acteur modeste, un businessman philanthrope… A l’heure où la confiance manquait, Paul Newman semblait incarner comme jamais ce que ses compatriotes aimaient voir en lui : un homme de confiance.

Lors des rares interviews où il levait un peu le voile sur l’intimité de sa biographie, l’acteur de L’Arnaque confiait que son sens de la justice et de l’intégrité lui venait de son père, juif d’origine allemande, qui s’était lancé dans les affaires à l’heure de la grande crise de 1929 et du New Deal de Franklin D. Roosevelt. « Mon père était profondément rooseveltien, disait l’acteur à un journaliste qui l’interrogeait sur son éducation politique. Il avait un sens de la morale et de l’éthique incroyable, qu’il appliquait à tout ce qu’il entreprenait. » Arthur S. Newman, propriétaire d’un magasin de sport à Cleveland Heights, dans l’Ohio, ne voyait d’ailleurs pas d’un très bon œil la frivolité d’une carrière dans le show-business. Il est mort en 1950, avant de pouvoir assister au triomphe de son fils, et celui-ci pensa un temps plaquer ses études d’art dramatique pour assumer son héritage et reprendre l’affaire familiale. Il se ravisa vite. « J’avais du mal à entrevoir le romantisme d’une vie de commerçant », dira-t-il. La ligne morale ne s’est pas brisée pour autant. Paul Newman a toujours mis un point d’honneur à ne pas se laisser étourdir par les vertiges de la gloire et de l’argent facile. A un intervieweur de Rolling Stone, qui lui demandait, sur le tournage du Verdict, de Sidney Lumet, s’il se sentait coupable de quelque chose, il répondait : « J’allais dire oui. Des sommes insensées que l’on nous verse et dont on devrait se sentir coupable. Mais je donne presque tout l’argent que je touche. J’en donne beaucoup, en tout cas. »

Dans Le Verdict , en 1982, Paul Newman interprétait avec maestria un avocat alcoolique en pleine débâcle, que l’on découvre la tête dans les pissotières. Robert Redford, avec qui il avait formé l’un des duos les plus populaires de l’histoire du cinéma, avait refusé le rôle, exigeant d’innombrables retouches pour rehausser son personnage. Newman était, lui aussi, regardant sur les scénarios (depuis la mort de son fils par overdose, il refusait toutes les histoires de drogue), mais il n’avait pas cette vanité-là. Il se souciait peu de faire ou défaire son image et il ne lui déplaisait pas d’aller chercher du vice et de la veulerie sous le masque de la séduction. Loin de là. Il disait aimer le personnage du Verdict pour ses innombrables failles – « il est faible, paniqué, paumé, vulnérable – il n’a pas la force tranquille des personnages que l’on me fait jouer d’ordinaire ». Une manière de dire que les rôles qu’on lui proposait à l’âge mûr l’excitaient moins que les partitions de rebelles un peu troubles avec lesquelles il avait déboulé dans l’Amérique des années 50.

Paul Newman savait alors ce qu’il devait à la perfection de ses traits et à la pureté de ses yeux bleus, mais, dans Le Gaucher, L’Arnaqueur ou La Chatte sur un toit brûlant , la fièvre de son regard laissait penser qu’il ne contrôlait rien, ni la puissance de sa jeunesse ni les réactions qu’elle pouvait provoquer chez les autres, hommes ou femmes. Sur les planches comme au cinéma, il n’avançait pas pour rien sur les traces de James Dean et de Marlon Brando. Comme eux, il avait suivi les cours de l’Actors Studio et, comme eux, il savait glisser dans ses gestes et sa silhouette un peu de la furia érotique avec laquelle Elvis Presley avait bouleversé l’Amérique. « Mais Brando avait une “explosivité” qui faisait de lui un héros du peuple, nuançait-il, alors que je porte, moi, la marque des quartiers résidentiels et des grandes écoles. » A l’orée de sa carrière, le joli Newman joua des rôles initialement prévus pour James Dean, comme celui du boxeur Rocky Graziano dans Marqué par la haine, et son attrait semblait sans limite. Sa simple présence déclenchait des scènes d’hystérie qui le laissaient étourdi. « Pendant le tournage de Hud, racontait-il, les filles escaladaient les grilles du motel. Elles avaient parfois parcouru plus de cent kilomètres pour s’approcher du tournage. Les techniciens les faisaient boire pour profiter d’elles. Une nuit, à 3 heures, l’une d’elles s’est mise à tambouriner à ma porte pendant quinze minutes et j’ai dû la forcer à rebrousser chemin. Je me suis soudain senti très vieux. »

C’était en 1963. La Newmanmania ne s’est jamais vraiment démentie, mais l’acteur s’est toujours acharné à lui donner un autre tour et à la placer fermement sous le signe de la raison. Toutes les marques d’idolâtrie le faisaient fuir, les demandes d’autographe restaient lettre morte et il s’affichait comme un homme ordinaire et intouchable, vivant à l’abri des passions, en compagnie de l’actrice Joanne Woodward, avec qui il formait un couple aussi solide et romantique que les Bacall-Bogart et Hepburn-Tracy de la légende hollywoodienne. Les interviews étaient rares et, quand il en donnait, c’était souvent autour d’une bière, pour mettre en avant les traits ordinaires de son caractère et souligner la futilité de sa condition de star. Paul Newman s’est d’ailleurs vite trouvé d’autres priorités que le drame et la comédie. A la fin des années 60, il s’impliquait avec une telle énergie dans la lutte pour les droits civiques et dans les campagnes du parti démocrate que Nixon l’avait placé dans la liste de ses meilleurs ennemis (« parmi les vingt premiers », disait l’acteur avec fierté). Il n’avait ni la pudeur ni les prudentes réserves des acteurs militants. « Quand j’ai soutenu la campagne de Pete McCloskey en Californie, racontait-il, j’ai prononcé cinquante-trois discours en trois jours. »

A la fin des années 60, la figure de Paul Newman est devenue celle d’un modèle de citoyenneté et d’engagement. Contre l’injustice, le racisme, la guerre du Vietnam ou les armes nucléaires… Même s’il se disait passionné par son métier de comédien, pour lequel il travaillait avec acharnement, son humilité et ses scrupules, ses défiances et ses réserves, son honnêteté et son sens de l’autodérision l’ont sans doute privé d’une filmographie plus riche en coups d’éclat et en signatures prestigieuses. « Quand un rôle est taillé pour lui, il n’a pas d’égal, écrivait Pauline Kael, la célèbre critique du New Yorker. Mais Newman est plus à son aise quand les personnages n’ont pas une dimension héroïque. Même quand il joue un salaud, ça n’est pas un immense salaud, plutôt un innocent narcissique. On ne le croit pas quand il joue un vicieux ou un pervers et, plus il vieillit, plus on apprend à le connaître, moins on se laisse prendre [...]. Son amabilité est contagieuse. On ne peut demander à personne de ne pas aimer Paul Newman. »

« Mon ambition a toujours été supérieure à mon talent, disait-il. J’ai été laborieux partout, dans le sport comme dans le cinéma. Je n’étais pas un très bon comédien, mais c’est quand même là que j’étais le meilleur. » Fausse modestie sans doute, mais véritable inquiétude. Sous le masque du flegme, Paul Newman n’avait rien d’un homme tranquille. Son exigence diabolique et sa grande anxiété, qui se glissaient dans ses meilleures interprétations, ont fait de lui un homme d’action et un cinéaste remarquablement sensible (Rachel, Rachel, De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites …). Il ne laisse pourtant derrière lui que cinq réalisations et un léger goût d’inachevé. Peut-être avait-il le sentiment que la vie était ailleurs et que le temps finirait par manquer. En marge de Hollywood, l’acteur a appris à piloter des voitures de sport et fondé des colonies de vacances pour les enfants atteints de maladies graves, il a lancé une marque de condiments (Newman’s Own) dont les bénéfices extravagants alimentaient des œuvres de charité… « Je veux mettre l’accent sur la chance dont j’ai bénéficié et qui a cruellement manqué à d’autres… », écrivait-il pour l’une d’elles. Il se souciait des autres et tenait à faire savoir qu’il n’était dupe de rien, ni de la gloire ni du destin. Un jour, il avait imaginé ce que pourrait être l’épitaphe de Paul Newman, star de cinéma : « Il est mort en raté parce que ses yeux sont devenus marron. »
Laurent Rigoulet

LE MONDE

L'acteur Paul Newman est mort
LEMONDE.FR avec AP, AFP et Reuters |

L'acteur et réalisateur américain Paul Newman est mort d'un cancer du poumon, vendredi 26 septembre, à l'âge de 83 ans, ont annoncé ses proches, samedi. "Notre ami Paul Newman va nous manquer, mais nous avons eu la chance de connaître cet être remarquable", indique sa fondation Newman's Own Foundation dans un communiqué. Newman avait obtenu l'Oscar du meilleur acteur pour "La Couleur de l'argent" de Martin Scorsese en 1986.
Né à Shaker Heights, dans l'Ohio, le 26 janvier 1925, Paul Newman débute comme comédien au théâtre et à la télévision dans les années cinquante. En 1956, il s'affirme dans "Marqué par la haine", comme l'un des plus solides espoirs de sa génération. Présenté alors comme un rival de Marlon Brando, il échappe très vite aux moules imposés.
Il évolue, à partir des années soixante, vers des rôles teintés d'une désinvolture et d'un humour croissant. Il triomphe en l'espace de quelques années dans des films aussi divers que "La chatte sur un toit brûlant", "Exodus" et "L'Arnaqueur". En 1969, le triomphe de "Butch Cassidy et le Kid" le fera entrer au panthéon des grandes vedettes internationales.
MILITANT DES DROITS CIVIQUES
Nominé dix fois aux Oscars, il a reçu deux statuettes d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. Il a tourné dans plus de cinquante films et a travaillé avec les plus grands du cinéma américain, d'Alfred Hitchcock à John Huston en passant par Robert Altman, Martin Scorsese et les frères Coen. Et tourné au côté d'Elizabeth Taylor, Lauren Bacall, Tom Hanks et, dans un de ses rôles les plus célèbres, Robert Redford, dans "Butch Cassidy et le Kid". Paul Newman était marié depuis 1958 avec l'actrice Joanne Woodward, qui a joué dans plusieurs des films qu'il a réalisé, comme "Rachel, Rachel" ou "La ménagerie de verre".
Opposant farouche à la guerre du Vietnam, et militant des droits civiques, il aimait a répéter qu'il était sur la "liste des ennemis" du président républicain Richard Nixon. Proche du parti démocrate, il a participé à plusieurs campagnes présidentielles. Il s'est également investit dans de nombreuses œuvres de charité, qu'il a pu financer grâce aux bénéfices de sa ligne de produits alimentaires, lancée dans les années 1980.
Le talent de Paul Newman ne se limitait pas au cinéma. Passionné de course automobile, ce père de six enfants avait remporté la deuxième place aux 24 heures du Mans en 1979.
En mai 2007, il avait confié à la télévision ABC qu'il abandonnait sa carrière d'acteur : "Je ne me sens plus capable de travailler au niveau que je souhaite, expliquait-il, Quand on commence à perdre la mémoire, la confiance, sa capacité d'invention, il vaut mieux tout arrêter." Il avait alors renoncé à une adaptation au théâtre Des souris et des hommes, de John Steinbeck. L'une de ses phrases fétiche concernait justement sa propre mort : "J'imagine mon épitaphe : 'ci-gît Paul Newman, mort en raté car ses yeux sont devenus marron'".

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Paul Newman, une légende à revoir
Nicolas Bonnal
Autant nous avions dû batailler ferme pour faire valoir les mérites de Charlton Heston lors de sa mort, autant nous devrons quand même intervenir pour relativiser l’unanimisme euphorique qui a accompagné la mort de Paul Newman. L’homme étant d’ailleurs, selon toutes les apparences, un parfait honnête homme de la gauche américaine des années soixante et soixante-dix, entre ses salades, ses courses automobiles et son absence de divorce (!), nous nous contenterons d’évoquer le cas qui nous intéresse. Celui du cinéma.
Car c’est bien dans ce domaine que le bât blesse : Newman incarne par excellence le déclin du cinéma américain, devenu évident à la fin des années cinquante lorsque l’acteur du Gaucher et d’Exodus devint l’étalon maître de ce qui avait été jusque là une véritable usine à rêves. Le héros devint une entité cool et rebelle, un produit pour tous dans le cadre d’une société alors en pleine décomposition (Vietnam, désindustrialisation, drogue, révolution sexuelle, etc.). L’un des seuls critiques courageux de notre époque, Louis Skorecki, avait remis en cause le bilan de l’acteur. Il préférait celui du réalisateur (j’y reviendrai…).
Jusque dans les années cinquante, Hollywood est dominé par les grands beaux gars, les John Wayne, Errol Flynn, James Stewart, Gary Cooper, athlètes guerriers qui souvent n’ont pas pris un cours de théâtre. À partir des années soixante, on change de monde. Les acteurs se font petits (autour d’1,70 mètre), rebelles et torturés. C’est la génération de l’Actor’s studio de Lee Strasberg et la fin d’une mythologie contemporaine, à laquelle succède une mythologie post-moderne fondée sur le ressentiment, la mauvaise conscience, la rébellion, le jeunisme : le fatigant Marlon Brando, le très rebelle James Dean accompagnent Newman sur cette pente glissante.
Newman a joué d’ailleurs dans le plus mauvais film de Hitchcock, le Rideau déchiré. Et il a gâché par son interprétation l’excellent Juge et Hors-la-loi écrit par le grand Milius et réalisé par l’inégal Houston. La scène la plus belle du film est celle où Ava Gardner lit la lettre du juge qui lui explique les raisons amoureuses et platoniques de son étrange geste chevaleresque : et Newman en est absent. À l’inverse, il a été de tous les westerns (comme Hombre ou le Gaucher) qui ont liquidé ce grand genre traditionnel, comme de tous les sujets, y compris anticatholiques [1], qui ont célébré la subversion à cette époque.
Décadent
Avec son humour, son indifférence et son souci d’être décalé, Newman incarne à merveille l’esprit décadent. Les deux films les plus connus, tous deux réalisés par George Roy Hill, sont bien sûr Butch Cassidy et le Kid et l’Arnaque. L’Arnaque est un simple scénario à « twisters », qui annonce les rodomontades actuelles de la crise financière ; quant à Butch Cassidy et le Kid, il s’agit d’une pochade festive sur deux aventuriers qui, affaiblis au pays des gringos, vont voler et massacrer des latinos à la fin du XIXe siècle. Quelques années après la Horde sauvage, autre opus raciste, ce genre de produit cool et désabusé annonce bien la société nihiliste décrite par Gille Lipovetsky au début des années quatre-vingts.
Le pire des films de Newman est sans doute Harper, qui dépeint une Amérique au bord du gouffre (déjà…). Un détective dilettante et libertin est mêlé à toutes les affres de la bourgeoisie locale, et même à la naissance de sectes sataniques. Les scènes de disputes avec sa femme sont éprouvantes : le cinéma ne veut plus plaire, il veut déplaire. Il rejoint l’art moderne et l’allittérature contemporaine, comme disait Claude Mauriac, qui l’avaient devancé de quelques longueurs. Je repense aussi au film d’espionnage torturé The MacIntosh man avec l’alors célèbre Dominique Sanda.
La fin de carrière de Newman est moins déplaisante mais aussi plus insignifiante : cette figure de légende un peu oubliée d’ailleurs ne faisait plus d’ombre au système et venait pointer dans des œuvres sans personnalité. Son cinéma même avait été oublié et il s’était orienté vers d’autres centres d’intérêt comme la cuisine ou la médecine : Debord évoque brillamment cette « division parodique du travail » qui est la marque des ces temps paresseux.
Son meilleur film restera De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, qui décrit les expériences scientifiques d’une petite fille (la propre fille de Newman) en marge d’une interminable crise familiale et de sa mère hystérique. C’est là malgré tout que l’on se rend compte comme ce cinéma de la rupture, de la rébellion, de la subversion vieillit vite et mal, comme une mauvaise voiture.

EURONEWS
Paul Newman, c’est une filmographie impressionnante. Elle commence en 1954 et s‘étale sur plus d’un demi-siècle. Avec une soixantaine de films à son actif. Comme ce Butch Cassidy et le Kid, en 1969.
Paul Newman, c’est un regard légendaire, deux yeux bleus plantés au milieu d’un visage de grand séducteur. En 1990, le magazine People le classe parmi les 50 plus beaux hommes du monde. En 1995, le magazine Empire en fait l’un des 100 acteurs les plus sexys de l’histoire du cinéma.
Lorsqu’il débute au cinéma dans les années 50, après avoir tenté sa chance au théâtre, on le compare voire on l’oppose volontiers à Marlon Brando, de quelques mois son aîné.
Paul Newman, c’est aussi bien sûr L’Arnaque, avec son compère Robert Redford, en 1973. Ce sont deux
Oscars dans les années 80. D’abord, pour récompenser l’ensemble de son parcours au cinéma.
Et, l’année suivante, il reçoit l’Oscar du meilleur acteur pour son interprétation d’un pro de… l’arnaque, dans La couleur de l’argent, de Martin Scorcese. Il est aussi réalisateur, scénariste,
producteur.
Paul Newman, c’est un homme engagé politiquement : au côté du Parti démocrate, dans le Mouvement pour les droits civiques, pour le désarmement nucléaire. Il s’est également investi dans des actions humanitaires. En Irlande, il avait racheté et aménagé un manoir pour offrir des vacances d‘été à des adolescents malades. Il avait aussi créé une entreprise de produits alimentaires et une Fondation pour en exploiter les bénéfices, au profit d’actions caricatives.
Autre facette, autre passion : le nom de Paul Newman est associé à la compétition automobile. Pilote, il termine deuxième des 24h du Mans, en 1979. Il crée aussi une écurie, dont les voitures disputent des courses à Indianapolis. Et, à 70 ans, il avait repris le volant aux 24h de Daytona, au côté du Français Sébastien Bourdais.
Paul Newman avait six enfants. Marié deux fois, il aura formé avec une autre star du cinéma américain, Joanne Woodward, elle aussi oscarisée, l’un des couples les plus durables d’Hollywood – 50 ans de mariage.

Purepeople

Avec son regard bleu acier et son physique de jeune premier, Paul Newman se forme à l’Actors' Studio et commence une carrière sur les planches, avant qu’Hollywood ne lui fasse rapidement les yeux doux.
Ainsi on le voit au cinéma dès 1954, à l’âge de 29 ans, dans Le Calice d’Argent, de Victor Saville. Suivent deux films de son ami Robert Wise (Marqué par la Haine et Until they sail), avant qu’Arthur Penn ne le fasse exploser dans Le Gaucher. Nous sommes alors en 1958, et c’est à cette époque qu’il épouse la comédienne Joanne Woodward, qu'il vient de rencontrer sur le tournage de Les feux de l'été. Les deux stars ne se quitteront plus.
Cette même année, Newman joue aux côtés d’une autre star – Elizabeth Taylor -, au générique de La Chatte sur un Toit Brûlant. Il enchaîne alors les tournages avec les plus grands cinéastes du moment, qui font de lui leur premier choix pour chacun de leurs films : Otto Preminger (Exodus), Martin Ritt (son réalisateur fétiche, avec qui il tournera de nombreux films, dont Paris Blues), Robert Rossen (L’arnaqueur, pour lequel il incarne pour la première fois le rôle d’Eddie Felson, repris 35 ans plus tard dans La couleur de l’argent), Alfred Hitchcock (Le rideau déchiré), et Stuart Rosenberg (Luke la main froide, pour l'un de ses rôles les plus cultes).
En 1969, le talentueux George Roy Hill a l’excellente idée d’associer le charme et la classe de Paul Newman, à la beauté et la fougue de Robert Redford, et crée l'un des duos les plus complices et sexy de l'Histoire pour son chef-d’œuvre : Butch Cassidy et le Kid. Formidable western, film absolu sur l'Ouest américain, dont la dernière séquence est devenue un moment d’anthologie du cinéma.
Le succès du film fait définitivement entrer Newman au Panthéon des plus grandes stars hollywoodiennes et il enchaîne les triomphes. John Huston lui offre deux superbes rôles dans Le Piège (1973) et Juge et hors-la-loi (la même année), avant que Hill ne reforme l'équipe de Butch Cassidy et le Kid pour L’arnaque, qui deviendra très rapidement un classique et sera couvert d’Oscars, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur en 1974. Paul Newman et son acolyte Robert Redford sont alors au sommet.
L’année suivante, Newman est tête d’affiche du plus grand film catastrophe de tous les temps – La tour infernale – et se retrouve entouré pour l’occasion de tout ce qu’Hollywood fait de plus grandes stars : Steve McQueen, Faye Dunaway, William Holden et Fred Astaire.
En 1978, Paul Newman vit une tragédie : son fils Scott meurt d’une overdose et cela le plonge dans une profonde dépression. Sa carrière s’en ressentira et le début des années 1980 se fera plus ou moins sans lui.
La résurrection aura lieu en 1986, avec celle également de l’un de ses personnages les plus célèbres - Eddie Felson, héros de L’arnaqueur -, que Martin Scorsese fait revivre dans l’excellent La Couleur de l’Argent, dans lequel Newman incarne ce champion de billard et d’arnaques, qui inculque les règles du jeu à un surdoué incarné par le jeune Tom Cruise.
Le film est un succès critique et public et offre à sa vedette le premier et seul Oscar de sa carrière, en 1987. C'est alors le couronnement d'un film, d'un acteur, mais avant tout d'une carrière exceptionnelle.
La suite sent alors lentement la fin professionnelle pour le géant qui se retire petit à petit, même si les frères Coen (Le Grand Saut), puis Sam Mendes (Les Sentiers de la Perdition) lui offrent deux rôles à sa mesure.
Lors de sa carrière exemplaire, la star aura également réalisé plusieurs longs métrages, dont Le clan des irréductibles, en 1971, et L’affrontement, en 1983.
Star à la générosité et au cœur en or, Paul Newman avait créé une association – la Newman’s Own Foundation – afin de venir en aide aux enfants les plus démunis.
C’est cette même fondation qui vient de nous apprendre la mort de ce génie, de cet immense artiste, de cette légende, qui aura marqué de son empreinte non seulement le septième art, mais l'art et le monde dans son ensemble.
Un homme immense vient de nous quitter. R.I.P., l’artiste.
Adam Ikx

Le point
Paul Newman, l'un des plus grands acteurs du 20e siècle et une légende du cinéma américain, est mort à l'âge de 83 ans, a annoncé samedi sa fondation Newman's Own Foundation.
L'acteur, qui souffrait d'un cancer des poumons et allait très mal ces derniers mois, est mort vendredi à son domicile dans le Connecticut (nord-est), a précisé dans un communiqué la fondation depuis son siège de Westport.
"Paul était une icône américaine, un philanthrope et un champion de l'enfance. Notre cher ami, dont le soutien indéfectible signifiait tant pour nous, va nous manquer", ont déclaré la sénatrice Hillary Clinton et son époux Bill dans un communiqué.
"Notre père était un exemple rare d'humilité, le dernier à reconnaître que ce qu'il faisait était exceptionnel", ont déclaré dans un communiqué les cinq filles de l'acteur.
Paul Newman, dont le regard bleu azur a fasciné plusieurs générations de spectateurs et spectatrices, avait interprété en cinquante ans de carrière plus de soixante films dont "Butch Cassidy et le Kid", "L'Arnaqueur" ou "La Couleur de l'argent".
Il avait triomphé en l'espace de quelques années dans des films aussi divers que "La chatte sur un toit brûlant" en 1958 avec Elizabeth Taylor ou encore "Exodus". Contrairement à Marlon Brando ou James Dean et à leurs personnages de rebelles ou de salauds aux yeux doux, les héros incarnés par Paul Newman ont toujours été marqués par une gentillesse de fond, confirmée par son regard magnétique qui le faisait aimer de tous.
Paul Newman avait été élu en 1990 par le magazine People comme l'un des 50 plus beaux hommes du monde, et en 1995 le magazine britannique Empire l'avait choisi parmi les 100 acteurs les plus sexy de l'histoire du cinéma.
Les hommages à l'acteur sont venus du monde entier, du président français Nicolas Sarkozy à l'ancienne actrice italienne Gina Lollobrigida, de la même génération que lui, ou au président du Festival de Cannes Gilles Jacob.
Le chef de l'Etat français a salué "l'acteur et philanthrope" qui fut l'incarnation de "l'Amérique heureuse de l'après-guerre" mais aussi "de ses doutes".
Paul Newman, "acteur, auteur, scénariste, réalisateur, producteur et philanthrope, était aussi un grand ami de la France et les passionnés de course automobile se souviendront de ses participations successives aux 24 heures du Mans", a ajouté M. Sarkozy.
Acteur engagé, il avait joué également un rôle important dans le Mouvement pour les droits civiques, participé à certaines campagnes du Parti démocrate et pris part à des conférences pour le désarmement nucléaire.
Dès 1968, il s'était essayé à la réalisation en faisant tourner sa femme Joanne Woodward, épousée en secondes noces en 1958, dans "Rachel Rachel".
Paul Newman avait perdu en 1978 son unique fils et l'aîné de ses six enfants, Scott, né d'un premier mariage et mort à 28 ans d'une overdose d'alcool et de médicaments. L'acteur avait ensuite fondé le Centre Scott Newman, une fondation destinée à souligner les dangers de la drogue et de l'alcool chez les jeunes.
Pour "La Couleur de l'argent" de Martin Scorsese (1986) avec Tom Cruise, il avait reçu l'Oscar du meilleur acteur, un an, ironiquement, après avoir été récompensé d'une statuette pour l'ensemble de sa carrière. En 1994, l'Académie des Oscars lui avait remis une nouvelle récompense au titre de ses activités humanitaires.
Il avait lancé dans les années 1980 une ligne de produits alimentaires, incluant biscuits, vinaigrettes et sauces spaghetti à son effigie. Ces bénéfices lui avaient permis de financer des organisations caritatives, notamment un camp de vacances pour enfants atteints du cancer.

Les bons mots de Paul Newman
NOUVELOBS.COM | 27.09.2008 | 18:30
Quelques citations de l'acteur américain, décédé vendredi 26 septembre.

Sur la mort
"J'imagine mon épitaphe: 'ci-gît Paul Newman, mort en raté car ses yeux sont devenus marron'".

Sur le mariage
"Les gens restent mariés ensemble parce qu'ils le veulent bien, pas parce que les portes sont fermées".
"Je n'interroge jamais ma femme au sujet de mes défauts. J'essaie de faire en sorte qu'elle les ignore et qu'elle s'occupe plutôt de mon sens de l'humour. Ne laissez pas une femme soulever le tapis, Messieurs, car c'est bourré de défauts en dessous".

Sur l'adultère
"Pourquoi s'amuser avec un hamburger quand il y a du steak à la maison ?"

Sur le poker
"Si vous êtes en train de jouer au poker et que vous regardez autour de la table sans pouvoir déterminer qui est en train de se faire avoir, c'est que c'est vous".

Sur la politique
"Me retrouver sur la liste des ennemis du président Nixon fut le plus grand honneur de ma vie. Qui sait qui me met sur écoute et sur la liste de quel gouvernement je figure à présent?"

Sur les homosexuels
"Depuis tout petit, je n'ai jamais pu comprendre les attaques envers la communauté homosexuelle. Les être humains ont tant de qualités. Quand j'ai fini de faire le tour de tout ce que j'admire vraiment chez une personne, ce qu'elle peut faire avec ses parties intimes arrive tellement bas dans la liste que ça devient insignifiant".

Sur son Oscar
"C'est comme avoir fait la cour à une belle femme pendant 80 ans. Elle finit par céder et l'on dit: 'je suis vraiment désolé, mais je suis fatigué'".

Sur la retraite
"On commence par perdre la mémoire, puis on perd confiance en soi et on perd l'imagination. Je pense que pour moi, le livre s'est plus ou moins refermé".

REACTIONS A SA MORT

Nicolas Sarkozy
"Le cinéma mondial est endeuillé par le décès de M. Paul Newman, légende hollywoodienne, dont le célèbre regard bleu n’illuminera plus désormais que les salles obscures où son oeuvre cinématographique lui survivra", écrit M. Sarkozy. "A l’heure où son film +De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites+, ressort sur les écrans français, mes pensées vont à ses deux actrices principales, son épouse, Joanne Woodward et à sa fille", ajoute-t-il. "Son charme, son élégance naturelle lui ont permis de tourner avec les plus grands et d’incarner la confiance et la décontraction de l’Amérique heureuse et prospère de l’après-guerre, mais aussi sa fragilité et ses doutes", affirme également M. Sarkozy. Selon le chef de l’Etat, Paul Newman, "acteur, auteur, scénariste, réalisateur, producteur et philanthrope, était aussi un grand ami de la France et les passionnés de course automobile se souviendront de ses participations successives aux 24 heures du Mans".

Gina Lollobrigida, 81 ans, actrice italienne : "C'était une personne et un acteur merveilleux, sérieux, avec une vie exemplaire et qui a donné énormément à la cinématographie mondiale".
"C'est un homme à respecter et à apprécier". (Rome, agence Ansa, samedi 27 septembre)

Carl Haas, co-propriétaire de l'écurie automobile Newman/Haas/Lanigan Racing : "Au nom de Newman/Haas/Lanigan Racing, de ma femme Bernadette et en mon nom, je veux exprimer nos plus sincères condoléances à Joanne et à toute la famille Newman pour la perte de cet homme formidable. Paul et moi-même avons été partenaires pendant 26 ans et je sais quel homme passionné il était, drôle, et surtout généreux. Sa générosité n'était pas uniquement économique, mais elle était également morale. Son soutien pour les pilotes de l'écurie, les mécanos et l'industrie de la course automobile en général est légendaire. Sa joie sincère d'obtenir une pole-position et de gagner une course montre l'esprit qu'il a donné à sa vie et à ceux qu'il a connu. Il nous manquera." (samedi 27 septembre)

Michael Lanigan, co-propriétaire de l'écurie automobile Newman/Haas/Lanigan Racing : "Nous avons perdu un homme formidable. La plupart d'entre nous le connaissait comme 'Butch' ou 'Fast Eddie' à travers les écrans de cinéma ou nos écrans de télé. Mais il était plus qu'un immense acteur. L'héritage qu'il va laisser sera ses cinq enfants, son épouse, Joanne, et tous les enfants malades qu'il a aidés dans le monde. Paul était un homme de caractère qui se préoccupait du monde et des gens. Mettre un sourire sur le visage d'une jeune personne ou aider les gens dans le besoin étaient des domaines dans lesquels il excellait. Peu de gens réalisent combien un enfant né dans des conditions aussi modestes a pu affecter nos vies de manière si positive. Nous devrions tous nous inspirer de cet exemple. Il va nous manquer mais nous ne l'oublierons jamais." (samedi 27 septembre)

«Notre père était un exemple rare d'humilité, le dernier à reconnaître que ce qu'il faisait était exceptionnel», ont déclaré les cinq filles de l'acteur.

«Il avait mis la barre trop haut pour le reste des hommes. Pas seulement les acteurs, nous tous», a estimé le bourreau des coeurs de Hollywood George Clooney, tandis que l'actrice Julia Roberts a avoué au magazine People: «Il était mon héros».

Robert Redford, 72 ans, qui avait partagé avec Paul Newman l'affiche de «Butch Cassidy», a déclaré avoir perdu un «véritable ami, qui est parti pour un monde meilleur». «Ma vie et ce pays ont été rendus meilleurs par sa présence», a-t-il ajouté.


Le devoir.com
Mort d'une icône engagée
Odile Tremblay
Sa beauté aux yeux d'azur fut longtemps sa carte atout, d'aucuns diront sa faiblesse. S'était-il libéré du miroir narcissique, l'acteur américain au sourire charmeur? Oui et non. Sa pudeur, sa sensibilité et un talent qui coulait de source l'auront également éloigné du registre de puissance qui enfante les vrais monstres sacrés. Mais quel grand coureur de fond!
Paul Newman, disparu vendredi, à 83 ans, des suites d'un cancer du poumon dans son ranch du Connecticut, demeure une des dernières icônes du cinéma américain des années fastes. Moins monumental que Brando, à qui il ressemblait et dont il fut longtemps une sorte de rival à l'écran, plus prudent dans son jeu, certainement plus fragile, mais apôtre également de la liberté et de l'éclatement des conventions dramatiques.
Les sangs mêlés font souvent des enfants magnifiques. Il est né en Ohio en 1925, d'un père juif allemand et d'une mère hongroise d'origine. De ces racines européennes naîtra un des visages glorieux du rêve américain. Sans ego démesuré, ultime marque de qualité.
Car en lui se projeta tout un pays épris du self made man, du combattant de la guerre du Pacifique, blessé au combat, qui au début des années 50 étudia l'art dramatique à Yale puis fréquenta l'Actor's Studio de New York, avant de triompher au théâtre, à la télévision, bientôt au cinéma. Ce même homme qui milita pour les droits civiques fut aussi le pilote automobile qui se classa deuxième aux 24 heures du Mans en 1979, doublé d'un sex symbol, quoique membre d'un couple modèle formé depuis 1958 avec l'actrice Joanne Woodward. Disparaissent aussi avec lui les zones d'ombre de cette star secrète, discrète, engagée, allergique aux éclats du show-business, dont on n'aura pas tout à fait percé l'énigme. Un honnête homme, au sens le plus noble du terme.
La disparition de Paul Newman a procuré le vertige aux cinéphiles cette fin de semaine, alors que s'entrechoquent ses grands rôles sur l'écran noir des souvenirs. Plus d'un demi-siècle d'un septième art américain en perpétuelle mutation défile à travers lui.
Reviennent se bousculer en mémoire le cow-boy de charme de Butch Cassidy and the Sundance Kid (1969), le jeune homme rejetant sa sensuelle épouse (Elizabeth Taylor) dans La Chatte sur un toit brûlant adapté de Tennessee Williams en 1958. Plus proche de nous (1990), on évoque son sensible monsieur Bridge, troublé en son vieil âge par un mariage qui ne remplissait pas toutes ses promesses.
Tant d'autres Paul Newman sont passés à l'histoire. Ce boxeur Rocky Graziano, délinquant, tourmenté, violent, inoubliable dans Somebody Up There Likes Me (Marqué par la haine), de Robert Wise, un rôle destiné à James Dean, repris après sa mort, qui lança vraiment Newman en 1956. Ce malfrat sympathique dans le brillantissime The Sting (L'Arnaque), Oscar du meilleur film en 1973.
Joueur de billard amer et vengeur dans le magnifique The Hustler de Robert Rossen (1961), il en reprendra le personnage sur le retour dans The Color of Money de Martin Scorsese, qui lui valut en 1987 son unique Oscar sur neuf nominations. Ce visage à travers les âges, c'était lui. Encore lui. Les époques se bousculent à travers son parcours.
Les jeunes le connaissent surtout à travers le cultissime Slap Shot de George Roy Hill (1977), en Reggie Dunlop, entraîneur d'une équipe de hockey sur glace peu orthodoxe. Ses fans l'ont retrouvé en 1994 dans The Hudsucker Proxy des frères Coen. Avec un dernier rôle de parrain de la mafia irlandaise dans Road to Perdition de Sam Mendes en 2003, la boucle était bouclée.
À l'encontre de plusieurs légendes du cinéma qui lâchèrent assez tôt le métier, Newman sera demeuré longtemps en selle, tout en dénonçant Hollywood, ses ors, ses fastes et ses concessions. Acteur un jour...
Le cinéaste français Bertrand Tavernier le considérait, non sans humour, «comme un défi vivant à "l'underplaying" jugeant ses prestations trop appuyées. La profession n'a pas toujours été tendre pour le beau Paul Newman à qui les rôles tombèrent longtemps tout cuits dans le bec. Il joua cependant moins souvent les jeunes premiers que les marginaux: névrosés, alcooliques, salauds ou désespérés, dont ses traits parfaits reflétèrent les dérives et les révoltes.
Comme réalisateur, Newman révéla des facettes mal connues de sa vraie sensibilité pudique. Son Rachel, Rachel, en 1968 (d'après le roman de la Canadienne Margaret Laurence), avec son épouse Joanne Woodward dans le rôle principal, traçait un fin portrait féminin de mélancolie. Lui qui perdit son fils Scott par overdose lui dédia son film Harry and Son en 1984, oeuvre de pudeur et de tristesse.
Parmi la pluie d'hommages qui déferlait hier sur Newman, son grand copain et ancien compagnon d'armes Robert Redford (ils avaient joué ensemble dans The Sting et Butch Cassidy and the Sundance Kid) affirmait, très attristé: «Sa présence a rendu ma vie et ce pays meilleurs.» Générosité, amour de l'existence sont des traits vibrants de l'acteur disparu. Par-delà sa carrière de légende, s'efface aussi un grand militant pour les droits civiques, l'écologie, le cinéma indépendant, un contestataire des dérives d'Hollywood.
On aura vu beaucoup sa binette trôner sur des pots de vinaigrette, sauces, biscuits et autres aliments, jugeant le procédé d'assez mauvais goût, quoique gag au départ. Les profits de ces ventes étaient néanmoins versés à sa Fondation pour l'enfance en difficulté. Newman, plutôt que de s'asseoir sur son mythe, se sera engagé jusqu'au bout.
Il a laissé à ses cinq filles une lettre contenant ces phrases: «Toujours et jusqu'à la fin, votre père a été incroyablement reconnaissant de sa bonne étoile. Ce fut un privilège d'être là.»
Et un privilège pour nous d'avoir suivi le parcours d'un artiste américain si lucide et si généreux. Citoyen modèle, en somme et en sus.

LA CROIX
Légende du cinéma, Paul Newman s'est éteint

Paul Newman, dont les yeux bleu azur fascinaient le public, et qui avait interprété une soixantaine de films dont Butch Cassidy et le Kid, L'Arnaqueur ou La Couleur de l'argent, est décédé vendredi 26 septembre à l'âge de 83 ans
Les yeux bleus, profondément bleus, légèrement métalliques. Un regard pénétrant, profondément aiguisé et légèrement oblique. Paul Newman était d’abord une gueule, une très belle gueule. Impossible d’échapper à son magnétisme, à son charme singulier. Il représentait l’un des archétypes de l’homme américain, de cet homme nouveau dont il portait si bien le nom : une modernité virile, citadine, sûre d’elle-même mais jamais ostentatoire.
À la différence de la sensualité puissante, charnelle d’un Marlon Brando, Paul Newman était d’une beauté quasi cérébrale. Formé par l’Actors Studio en 1952, son jeu était imprégné par cette école : « Il est le premier acteur qui a rendu populaire les codes de l’Actors Studio de l’époque : un jeu très introverti, minimaliste, intellectuel », analyse Jean Ollé La Prune, historien du cinéma.
Né en 1925 à Shaker Heights (Ohio), fils d’un commerçant, Paul Newman suit des études de sciences avant de s’engager en 1943 dans l’armée. Il veut devenir pilote. Mais cet homme au si magnifique regard est… daltonien ! Il volera, mais comme radio sur un bombardier. Après la guerre, il cherche sa voie dans le football, le théâtre, avant de franchir les portes de l’Actors Studio. « Je jouais mal ; j’étais comme un piano désaccordé. Le studio m’a donné une structure. »
De grands rôles d’homme tourmenté, blessé
Le cinéma remarque ce beau jeune homme ténébreux et introverti. Premier essai, un péplum, le Calice d’argent (Victor Saville, 1954). Une catastrophe ! Il est ridicule. Une seconde chance lui est offerte en 1956 : Marqué par la haine (Robert Wise). Son interprétation d’un boxeur aussi marqué par le ring que par la vie impressionne les critiques et les spectateurs. Hollywood comprend le personnage, son intériorité, cette manière d’être profondément noué par une catastrophe intime.
Suivent alors de grands films, de grands rôles d’homme tourmenté, blessé, encombré par ses névroses : Le Gaucher (Arthur Penn, 1958), La Chatte sur un toit brûlant (Peter Brooks, 1958). Il trouve la consécration dans le cinéma des années 1960-1970. Les plus grands veulent tourner avec lui. Et il enchaîne les succès, les grands rôles, les grands films : Exodus d’Otto Preminger (1960), L’arnaqueur de Robert Rossen (1961), Le rideau déchiré d’Alfred Hitchcock (1966), Lucky la main froide de Stuart Rosenberg (1967), Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill (1969). Dans ce dernier film naît le duo avec Robert Redford, que l’on retrouve avec bonheur dans L’Arnaque du même George Roy Hill (1974). Autre tandem spectaculaire, celui qu’il forme avec Steve Mac Queen dans La Tour infernale de John Guillermin (1975).
Alors que tout lui sourit, alors qu’il est considéré comme l’une des plus grandes stars du cinéma américain, Paul Newman est foudroyé en 1978 par la mort de son fils, Scott. Âgé de 28 ans, après des années d’errance et de souffrance, le jeune homme succombe à une overdose. Accaparé par son travail et sa réussite, l’acteur reçoit la mort de son fils comme la plus terrible des punitions : « J’étais trop égoïste ; je suis entièrement responsable de la disparition de mon fils. » En 2002, lors d’un des rares entretiens qu’il donnait encore, il confiait : « Bien des années ont passé, c’est vrai, mais sa disparition prématurée a laissé en moi des traces profondes et indélébiles. »
Hanté et guidé par la mort malheureuse de son enfant
Non pour se rattraper, mais comme hanté et guidé par la mort malheureuse de son enfant, Paul Newman crée la Fondation Scott-Newman pour aider les jeunes à se libérer de la drogue et de l’alcool. Et pour la financer, il lance Newman’s Own, une société de condiments et limonades dont les bénéfices sont entièrement reversés à des actions pour la protection de l’enfance. C’est un succès incroyable : il lance plus de 77 produits et, depuis sa création, Newman’s Own a distribué plus de 150 millions de dollars de bénéfices. Une action en résonance avec sa sensibilité démocrate.
Homme de conviction, il reste toujours proche de l’arène politique. Au début de sa carrière, il s’engage en faveur des droits civiques, puis on le retrouve contre la guerre du Vietnam. Un an après le 11 septembre 2001, il confie au Journal du dimanche : « La chose la plus révoltante autour du 11 septembre – en dehors, bien sûr, de la perte de milliers de vies humaines – c’est de voir comment les gens essaient de tirer avantage de la situation au niveau politique, que ce soit dans les grosses corporations, au Congrès ou au gouvernement. C’est ce qui me dégoûte le plus. »
Homme de fidélité cinématographique (il restera attaché à plusieurs réalisateurs comme Martin Ritt, Stuart Rosenberg…), il s’était retiré de la vie hollywoodienne, donnant peu d’entretiens, préférant mener une vie discrète avec sa femme, l’actrice Joanne Woodward (mariés en 1958, ils formèrent l’un des couples les plus stables d’Hollywood). Sa carrière connaît un net ralentissement à partir des années 1980. Il obtient cependant un oscar pour son rôle dans La Couleur de l’argent de Martin Scorsese (1986).
Pasionné de course automobile
Aspect moins connu, Paul Newman a également réalisé une demi-douzaine de films, de Rachel (1968) à La Ménagerie de verre (1987). Il était, selon Michel Ciment, « un grand metteur en scène. Intimistes, centrés autour de sujets complexes, ses films n’eurent pas le succès qu’a rencontré Clint Eastwood, mais Paul Newman aurait pu prétendre à une telle carrière. » « Effectivement, renchérit Jean Ollé la Prune, il a été un très très bon metteur en scène. »
Autre passion ? La course automobile. Lui-même pilote (deuxième des 24 Heures du Mans en 1979), il était le copropriétaire de l’écurie Newman-Haas (pour laquelle il avait engagé le pilote Sébastien Bourdais avant qu’il ne se lance dans la F1).
Après plus d’une cinquantaine de films et trois Oscars, l’acteur, qui avait renoncé à l’écran en 2007, avait déjà écrit son épitaphe, non sans humour : « Ci-gît Paul Newman. Sa carrière prit fin lorsque ses yeux bleus devinrent bruns. »
Laurent LARCHER

FILMDECULTE.COM

C’est l’un des acteurs les plus populaires d’Hollywood. Il aura su, comme seulement très peu de ses confrères, être plus qu’un effet de mode, passant du statut de playboy au regard bleu piscine à celui de star respectée pour son travail et son intégrité.
GRAINE DE CHAMPION

Elevé au T-bone et au maïs dans une banlieue un peu endormie de Cleveland, Paul Newman aura une éducation assez marquée par la religion dans la forme la plus tolérante de celle-ci : son père est d’origine juive et sa mère une catholique de Slovaquie. Cet environnement lui forgera un caractère ouvert et empreint d’une grande moralité. Peu décidé à reprendre le magasin d’articles sportifs que tient la famille, il se tourne très tôt vers le théâtre, chose que sa mère encourage en sous-main. Mais son adolescence à peine terminée, et avec l’entrée en guerre des Etats-Unis après l’attaque de Pearl Harbor, il doit rejoindre les rangs des soldats sur le front Pacifique, même si son daltonisme le confinera à des missions logistiques. De retour sur la côte Est après l’armistice, il s’empresse d’obtenir un diplôme qui l’emmènera dans la prestigieuse université de Yale, département art dramatique, et surtout intègre l’Actor’s Studio en 1952, sous la direction du maître Lee Strasberg, expérience qui sera son sésame pour Broadway. Tout entier porté vers sa passion, il représente alors exactement le type d’acteur recherché pour les productions de l’époque : beau gosse et voyou comme Marlon Brando ou James Dean, il ne met pas longtemps à éreinter les planches et son nom est vite synonyme d’espoir du métier. On le retrouve dans Doux Oiseau de jeunesse aux côtés de Geraldine Page – une adaptation cinéma sera réalisée en 1962 avec Kim Stanley, future étoile de Broadway. Et quand les producteurs d’Hollywood lui font des ponts d’or, il se paie le luxe d’hésiter, rebuté par le mode de vie superficiel et vénal de l’usine à rêves.
SEXY BEAST
Malgré un bout d’essai peu concluant pour A l’Est d’Eden, il percera dans les salles obscures avec des films proches de sa sensibilité (Marqué par la haine, 1956, et Le Gaucher en 1958), souvent adaptés de textes novateurs ou subversifs. Ainsi son rôle de Brick dans La Chatte sur un Toit brûlant, adapté de Tennessee Williams, où il joue un dur aux pieds d’argile et confronté à la colère de son épouse qui lui reproche son indifférence, alors qu’il doit lui-même faire face à un passé occulte teinté d’homosexualité. Cette faculté d’adaptation et d’ouverture d’esprit, encore une fois, lui permet d’ouvrir sa carrière à tous les horizons et genres, lui offrant au passage un vrai statut de tête d’affiche qui enchaîne les succès : Exodus, L’Arnaqueur, Le plus sauvage d’entre tous marquent le début des années 60 jusqu’à une série de rôles où sa personnalité de rebelle sexy reprend définitivement le dessus : Luke la main froide en 1967 et surtout Butch Cassidy et le Kid en 1969, où il forme un duo au sex appeal de choc avec une autre icône de l’époque, Robert Redford, et avec qui il fera un triomphe planétaire avec L’Arnaque de George Roy Hill en 1973. Volontiers comparé aux autres comédiens de son calibre, il ne se laisse pas démonter, comme pendant le tournage de La Tour infernale, durant lequel il s’écharpe cordialement avec un Steve McQueen écoeuré de ne pas avoir l’exclusivité de l’attention de ces dames. Un pur duel dopé à la testostérone comme l’époque en est friande avec l’avènement d’une génération de héros bad boys : Al Pacino, Robert de Niro, Gene Hackman entre autres. Paul Newman, en plus d’être un interprète accompli, passe aussi derrière la caméra en 1968 avec Rachel, Rachel où il met en scène sa femme Joanne Woodward en vieille fille qui doit un jour prendre les décisions essentielles de sa vie sur un mode pré-cassavetien. Sensible et subtil, ce coup de maître est remarqué par les Oscars où il est cité quatre fois dans les catégories les plus prestigieuses. Par la suite, Newman reviendra à plusieurs reprises à la réalisation (Le Clan des irréductibles, 1971, La Ménagerie de verre, 1987), et même au scénario (L’Affrontement, 1983), faisant preuve à chaque fois d’un savoir-faire que certains artisans d’Hollywood pourraient envier.
UN HOMME D’EXCEPTION
Même si la maturité n’est plus forcément synonyme de pactole au box office, l’acteur reste dans les projets les plus intéressants, et aussi toujours dans l’attente d’une reconnaissance de ses pairs. En 1985, à 59 ans, après de multiples nominations restées stériles, l’Académie lui remet un Oscar d’honneur pour sa carrière. Un peu amer de ne pas avoir été récompensé dans une vraie compétition en battant qu’il est, c’est à la régulière que la statuette lui revient un an après pour La Couleur de l’argent dans une reprise du rôle d’Eddie « Fast » Nelson qu’il avait tenu vingt-cinq ans auparavant dans L’Arnaqueur. Dans le même temps, il fait part de son désir de se consacrer davantage à la course automobile – il fondera même une écurie – et surtout à sa marque de produits alimentaires distribuée dans le monde entier (avec le célèbre « ce qui est gênant c’est que ma vinaigrette rapporte plus que mes films ») et dont les bénéfices sont reversés à des fondations pour les enfants maltraités et victimes de guerre. En 2005, on estime que plus de 200 millions $ auraient directement été versés par l’action de Paul Newman. Son activisme politique pro-démocrate, du même feu que celui de Jane Fonda, fait aussi partie du personnage entier et avide de justice qu’il est. Les années 90 seront marquées par des apparitions fugitives mais à chaque fois saluées par la critique et la profession, et aussi par le doublage de documentaires consacrés aux hauts faits de l’histoire automobile, avant un nouveau coup d’éclat dans Les Sentiers de la perdition en 2002, dans lequel la longévité de son talent léonin continue d‘impressionner. Pour autant, épuisé par un cancer des poumons qui le ronge depuis des lustres, il s’affaiblit peu à peu jusqu’à disparaître de la scène hollywoodienne en confiant « Vous commencez par perdre la mémoire, puis votre confiance en vous, puis tout le reste. Il faut bien refermer le livre après la dernière page. ». Dont acte.
par Grégory Bringand-Dedrumel

LA PRESSE CANADIENNE

L'acteur Paul Newman reste philanthrope même après sa mort

HARTFORD, Conn. — Permettre aux centres de vacances pour enfants malades "Hole in the Wall" de continuer à toucher les bénéfices de son entreprise de vinaigrette même après sa mort: c'est l'objectif que s'était fixé l'acteur américain Paul Newman, disparu la semaine dernière à 83 ans des suites d'un cancer du poumon.
Il avait abordé le sujet il y a quelques années lors d'une partie de pêche avec ses amis Robert Forrester et David Horvitz.
"Bien qu'il soit une icône de Hollywood (il avait été finaliste 10 fois aux Oscars, NDLR), ça a été un des rares moments où Newman a réfléchi à l'image qu'il aimerait laisser après sa mort", a rappelé dimanche David Horvitz, président de l'association "Hole in the Wall" (trou dans le mur, du nom de la bande de Butch Cassidy et le Kid dans le western de 1969), qui compte onze camps de vacances dans le monde. "La plupart du temps, il ne pensait pas à son héritage. Il vivait beaucoup plus dans le moment présent."
Plutôt qu'à sa carrière, l'acteur décédé vendredi préférait qu'on se souvienne de lui au travers de ces centres qu'il a permis de créer pour des enfants du monde entier souffrant de pathologies graves. Il voulait être sûr que 100% des bénéfices provenant de sa très populaire entreprise d'alimentation, Newman's Own, continueraient à leur revenir.
S'estimant gâté par la vie, né avec un regard bleu acier et un don pour la comédie, Paul Newman avait confié à son ami combien l'existence de ces enfants frappés d'une maladie grave comme le sida ou la leucémie était injuste. "Il ressentait le besoin, l'obligation de rendre ce qu'on lui avait offert", a estimé Horvitz. "Il aimait ces centres. Il aimait y aller. Il aimait être avec les enfants. Il aimait leurs sourires et leurs rires", a-t-il ajouté avec émotion.
C'est en 1982 que Newman et l'écrivain A. E. Hotchner créaient Newman's Own pour commercialiser une vinaigrette portant le nom de l'acteur. Commencée comme une blague, l'entreprise est devenue une affaire de plusieurs millions de dollars.
Newman et sa société d'alimentation ont depuis versé plus de 250 millions $ à des organisations caritatives. L'an dernier, 28 millions $ de la vente de sauce tomate, de vinaigrette, de pop-corn et d'autres produits ont été distribués à des oeuvres, notamment au réseau Safe Water, créé par l'acteur pour alimenter en eau potable des villages pauvres d'Inde et d'Afrique.
Jusqu'à il y a deux ans, Paul Newman avait la responsabilité de la distribution des bénéfices de la société. Afin de lui permettre de continuer à fonctionner sans l'acteur, lui et Forrester ont créé une fondation privée et indépendante, la Newman's Own Foundation.
"Vraiment, tout est en parfait état", a assuré Forrester, après la mort de Paul Newman, à propos de la Fondation et de la société. "Il avait dit: 'quand je ne serai plus là, la fondation continuera à donner tout cet argent' ", a ajouté son ami.
Sa mission va donc continuer. Son visage souriant figurera toujours sur les bouteilles de marinade et sur les emballages de pizza. Et sa femme, Joanne Woodward, continuera à participer au conseil d'administration de la fondation Newman's Own. Les amis de l'acteur envisagent même de faire fructifier l'affaire dans le but de donner encore plus d'argent à des oeuvres.

VANITY FAIR

The Newman Chronicles
Paul Newman saw his movie-stardom as a trap and worked to find his way around it—to keep fame from corroding his life. He succeeded beyond measure, as a distinguished actor, award-winning director, dedicated philanthropist, entrepreneur, political activist, racecar driver, and loving husband and father. As rumors swirl about the 83-year-old icon’s health, the author replays critical moments—some witnessed firsthand, others from Newman’s friends and colleagues—in a five-decade trajectory, gauging the unique impact of this remarkably private, deeply honorable man.
by Patricia Bosworth September 2008

Movie star Paul Newman has quietly turned over the entire value of his ownership in Newman’s Own—the company that makes salad dressings and cookies—to charity. Completed over a two-year period in 2005 and 2006, the amount of his donations to Newman’s Own Foundation Inc. comes to an astounding $120 million. This is unprecedented for any movie star or anyone from what we call Hollywood. Of course, Newman and actress wife Joanne Woodward have never been Hollywood types.—Fox News, June 11, 2008.
Earlier, the tabloids had been filled with rumors that Newman was dying from cancer, that he had had an operation on one of his lungs, that he was an outpatient at Memorial Sloan-Kettering Cancer Center, in New York City. Newman has always been a scrupulously private man (with a renowned sense of humor). When asked what he was being treated for, the actor retorted, “Athlete’s foot and hair loss.” The fact remains that he looks frail and thin. His neighbors in Westport, Connecticut, are worried about him, but Paul Newman, neither confirming nor denying reports about his health, tells us (through his spokesperson) that he’s “doing nicely.”
There has never been anyone in show business like Paul Newman. He is as famous as Oprah but doesn’t flaunt his celebrity. He has changed the lives of literally thousands of people (among them more than 100,000 children) with his generosity, and he’s entertained us and moved us with his films. He is an honorable man—“a man of conscience,” his friend Gore Vidal said. If Newman doesn’t want to tell us about his cancer (if he has cancer), why should he? As he has said so often about his private life, “It’s nobody’s business.”
Eighty-three-year-old Paul Newman has given so many interviews and been the subject of so many articles, books, TV documentaries, and Ph.D. studies that it’s not possible to write another piece without drawing from some of these myriad sources. For the past several months I have waded through mounds of research, marked countless pithy Newman quotes, and sat and talked with his friends and colleagues. What follows is, for lack of a better word, a tribute to this singular artist and philanthropist. It’s a kind of Newman collage, highlighting some of the most memorable incidents in this remarkable man’s unique existence.
I would like to start off with something Newman wrote about himself—applying that sharp wit of his—in Shameless Exploitation in Pursuit of the Common Good, the book he published with longtime friend and business partner A. E. Hotchner, the Hemingway biographer, in 2003:
Paul Newman (known as ol’ PL to both friends and enemies): The “L” stands for “Leonard” or “Lunkhead.” He answers to both. He is probably best known for his spectacularly successful food conglomerate. In addition to giving the profits to charity, he also ran Frank Sinatra out of the spaghetti-sauce business. On the downside, the spaghetti sauce is outgrossing his films. He did graduate from Kenyon College magna cum lager and in the process begat a laundry business, which was the only student-run enterprise on Main Street. Yale University later awarded him an Honorary Doctorate of Humane Letters for unknown reasons. He has won four Sports Car Club of America National Championships and is listed in the Guinness Book of World Records as the oldest driver (70) to win a professionally sanctioned race (24 Hours of Daytona, 1995). He is married to the best actress on the planet, was number 19 on Nixon’s enemies list, and purely by accident has fifty-one films and four Broadway plays to his credit. He is generally considered by professionals to be the worst fisherman on the East Coast.
Newman has one of the most recognizable faces in the world, thanks to his 60-some films and the labels on the 100-plus Newman’s Own products that bear his name, but, even so, he’s managed to remain elusive and mysterious—and guard his privacy.
As screenwriter William Goldman, who wrote Butch Cassidy and the Sundance Kid, told Time, “I don’t think Paul Newman really thinks he is Paul Newman in his head.” In many ways this is because Newman has striven to be anyone but “Paul Newman” over the course of his life.
He is more than a distinguished actor. He’s also an award-winning director, a champ racecar driver, a committed political activist, and, for the past 20 years, a truly amazing philanthropist. Newman credits his unparalleled success in so many areas to what he calls “Newman’s luck.” (He has always attributed his great good fortune to a series of “lucky breaks.”) “It’s allowed me to take chances, to take risks,” he has said. “To get close to a lot of edges without falling off.”
Walk-Stepping with Marilyn
Born in 1925, in Cleveland, Ohio, to a prosperous sporting-goods-store owner named Arthur Newman, Paul was raised, with older brother Arthur junior, by their mother, Theresa (a great cook), to be polite, read books, and appreciate music. Idealism and the Golden Rule came naturally to Paul, as did a taste for beer and a love of practical jokes.
He joined the navy during World War II (the war America believed in), and it was while he was in the Pacific serving as a radioman (after being dropped from flight-training school because he was color-blind) on a torpedo plane that he experienced his first brush with “Newman’s luck.” One afternoon his aircraft was grounded because the pilot he regularly flew with had an ear problem. The rest of his squadron was transferred to another aircraft carrier, which was subsequently hit by a kamikaze, killing the members of his team.
After the war he received a B.A. from Kenyon College, in Gambier, Ohio—but not before he had drunk a great deal of beer, gotten into a brawl, and been thrown off the football team. “No great loss,” he told Rolling Stone. “I was one of the worst football players in the history of Kenyon.” With all this new free time he auditioned for a play. By the time he graduated, he had acted in around a dozen and had written, directed, and starred in a musical.
When his father died, in 1950, Newman dutifully ran the family sporting-goods store, in Shaker Heights, Ohio, but after less than a year he sold the business and moved east with his first wife, Jackie Witte, and their baby son, Scott. He wanted to act.
He had so many opportunities (such as going to Yale Drama School and being discovered by a top talent agent), but just as important was his brand of good luck. He always seemed to be in the right place at the right time.
However, what’s so inspiring about his life and career is how much he has accomplished with this luck. He has used it to transform himself, events, and the culture over and over. What’s even more remarkable is that it never seemed to occur to him not to do this.
The first time I saw Paul Newman he was dancing with Marilyn Monroe. It was the summer of 1959 at a noisy Actors Studio party in New York’s Greenwich Village. I had just passed my audition and was being introduced to everyone as a new member by the Broadway producer Cheryl Crawford, one of the Studio’s heads.
Nobody was paying me much attention—understandably, since they were all watching a barefoot Marilyn, in a skintight black dress, undulate around the living room with Newman, lithe and sinewy in chinos and T-shirt.
They seemed to be dancing with such rapture; they both kept changing rhythms and sometimes they walk-stepped to the beat. They didn’t dance for very long—maybe three minutes—but what a hot, pulsing three minutes it was! They broke apart, Marilyn gave a giggle and a curtsy, and Newman bowed and moved directly past me through the crowd to get a beer.

That’s when I saw that rugged, chiseled, gorgeous face of his close up and breathed in his coolly seductive presence and beheld—I have to say it—those penetrating, unsettling blue, blue eyes.

Everybody knew he had auditioned for On the Waterfront—the role went to Marlon Brando—and tested with James Dean to play his brother in East of Eden. During the screen test they had improvised, and Dean murmured, “Kiss me!” Newman whispered back, “Can’t here,” and then they broke up laughing. (Richard Davalos would play the part.)

By then Newman had appeared in many live TV shows and on Broadway in Picnic and The Desperate Hours, where he played a vicious escaped convict. I watched him from the audience and thought he was amazing. I saw him in movies too, in Cat on a Hot Tin Roof, for one, as the sulky, drunken Brick opposite Liz Taylor (a role that earned him his first Oscar nomination).

He won the 1958 best-actor award at Cannes for his performance as the seductive drifter Ben Quick in The Long, Hot Summer. His second wife, Joanne Woodward, whom he had just married, starred opposite him. Woodward was a member of the Actors Studio, too. She was 28—a slender, lovely blonde with a slight southern drawl. It was said she possessed a genius I.Q. Newman doted on her. After class they were sometimes seen walking hand in hand down West 44th Street. They seemed very much in love.

In 1959 he was back on Broadway starring in Tennessee Williams’s Sweet Bird of Youth opposite Geraldine Page. Elia Kazan, who was directing, made Newman tint his hair red and shave his hairline so he would look more like a predatory gigolo. Kazan also tried to break his new movie-star cockiness by telling the rest of the cast not to speak to him during rehearsal. “It worked,” Newman would later say. “I felt like shit.”

Every Tuesday and Friday, Newman showed up at the Actors Studio for class. He was bowled over by the creative diversity of the place—from the gnarled ancient actress Tamara Dakahanova, who had worked with Konstantin Stanislavsky at the Moscow Art Theatre, to Martin Ritt, a Group Theatre alum who would later direct Newman in six movies, including Hud. Newman would always credit the Studio as the major influence on his acting. “[It] was fabulous in those days,” he told Rolling Stone. He would watch Eli Wallach, Anne Jackson, Kim Stanley, and Geraldine Page work on scenes. “I learned so much,” he’d say. Years later, when he was president of the Actors Studio, in the 1980s, Newman would talk to us members about what good acting is—“not acting. It’s reacting. You gotta be in the moment,” he would say, “and always ask yourself the key questions an actor asks: Who am I? What am I doing here? Where am I going as the character?”

The summer of 1959 we were all engrossed in the project actor Michael Strong was developing in class—Chekhov’s comic monologue On the Harmfulness of Tobacco. Newman liked what he saw so much he decided to film it, and he shot it in five days in the auditorium of the Orpheum Theatre, on Second Avenue. Later there was a screening for the public.

In the biography Paul Newman, by Daniel O’Brien, Newman explained, “I did that as an exercise for myself … I did it to see whether I could handle a camera and direct actors.” He didn’t think it had turned out that well, but The New York Times gave it a good review. He thought maybe he would direct and produce someday.

Jack Garfein, another talented young Studio director, then married to Carroll Baker (a huge hit in Baby Doll), became friends with Newman. The two of them would go to a diner on West 44th Street after class and sit with other actors to talk shop. “What a sweet, decent guy Paul was,” Garfein remembers. “Yes, he was ambitious, but you got the feeling he’d never tolerate cruelty. And that he’d stand up for you if you needed protection.”
Going Incognito

In the ensuing years he would star in more pictures: Exodus, From the Terrace, Paris Blues. At this point he was considered the most beautiful man in the movies. But Newman always thought his good looks were a terrible curse, so he kept trying to find roles as far away from his own persona as possible, roles where he could “crawl out of my own skin” and create genuine character studies, such as the driven, ambitious pool shark Fast Eddie in Robert Rossen’s The Hustler or the sardonic, mocking title character of Hud, one of his most celebrated roles, in the movie that made him a superstar.

I remember going to see Hud in 1963, the day it opened, with some Studio friends. The theater was jammed, and we all cheered and laughed at Newman, who was so full of energy and wit as the nihilistic heel—the swaggering cowboy who wants all the good things in life and to hell with everybody else! (Incidentally, the scenes of sexual byplay and banter that Newman and Patricia Neal have in the kitchen at Hud’s ranch are lessons in the art of screen acting.)

Hud was an enormous hit, but Newman seemed surprised at the public for liking and seeming to approve of Hud’s unsavory character. “I think [Hud] was misunderstood, especially by the kids … ” he would argue. “He doesn’t give a shit about anything except himself.” However, it was Newman audiences were responding to. To his innate sweetness and honesty. He had such extraordinary audience rapport that they refused to believe Hud could be that selfish, and if he was—so what? They rather enjoyed it.

Now he was earning more than a million dollars a picture and getting a hefty percent of the profits. But the level of Newman’s fame at this point was so huge it was affecting his entire family (which consisted, by now, of his son, Scott, and two daughters, Susan and Stephanie, with Jackie Witte, and three daughters, Melissa, Nell, and Clea, with Joanne Woodward).

After he made Harper (where he played a sexy gum-chewing detective), in 1966, women starting coming after him in droves. Whenever he appeared in public with Woodward and the children, admirers would literally shove past the kids to get a closer look at Newman.

Woodward rarely commented on the marriage, but has been known to say that it’s hard to live with “Sam Superstar” (one of her many pet names for him). She admitted it was difficult to relate to this superstar, since this superstar had nothing to do with her husband. They had homes in Los Angeles and New York, but Newman preferred the secluded house they owned in Westport, by the Aspetuck River.

In public he began wearing disguises, even beards, and he always wore dark glasses, which he never took off, even when fans pleaded, “Oh, Paul, take off your dark glasses so we can see your blue eyes!” He would answer, “If I take off my glasses, my pants will fall down!” He stopped giving autographs: “I was standing at a urinal at Sardi’s,” he told Playboy, “and a guy came through the door with a piece of paper and a pen in his hand.… I wonder[ed], What do I do with my hands? Do I wash them first and then shake hands? Or do I shake hands and then wash up?” (Once, Newman went to the local ice-cream parlor in Westport to buy some Rocky Road. Customers gaped and sighed as he stood in line. He tried to ignore them but couldn’t resist turning to one woman, who seemed about ready to faint: “Lady, I think you should know you just put your ice-cream cone into your purse.”)

On location, women would stalk him, forcing him to keep changing hotels—he usually tried to stay in out-of-the-way places that didn’t have elevators, so that he could run up and down the stairs for exercise, something he would do until he was 80. He liked being in good shape. He did push-ups; he traveled with a portable sauna and would often soak his face in ice water or go swimming in a cold lake. But he would tell Maureen Dowd in a 1986 New York Times Magazine article, “There’s something very corrupting about being an actor—it places a terrible premium on appearance.”

“A True Labor of Love”

Sometime in 1964, Newman ran into Jack Garfein in L.A. Garfein was helping to organize Actors Studio West. “We needed money to rent a building, and I talked to Paul about it and showed him the place I’d found,” Garfein says. “He wrote a check for $20,000. We brought it over to the owner of the building, who told Paul, ‘I don’t know you, so I can’t accept your check.’ Paul thought this was hilarious, in view of the fact that he was so bugged by his celebrity. He’d been complaining to me that he would never be a serious actor, that he had always dreamt of performing the classics—Shakespeare, Shaw. His celebrity prevented him. I argued, ‘You can do Shakespeare at the Studio—that’s what this place is for,’ and he countered with ‘Oh yeah? People would come to see Paul Newman, superstar, as Hamlet—I don’t have the freedom to do what I want anymore.’ ”

He had to make some changes in his life. The turning point came in 1967, when he was 42. He decided to direct his first feature film, starring Woodward. Called Rachel, Rachel, it was the poignant story of a lonely, sexually frustrated spinster schoolteacher who finally gets involved with a man. The script was by Stewart Stern (best known for his Rebel Without a Cause screenplay), who was one of the Newmans’ closest friends.

“Paul put the production together in five weeks,” Stern recalls. “It cost about $700,000. He and Joanne didn’t take salaries. It was a true labor of love. Paul wanted to do it for Joanne.” (In a conversation about the film with Life magazine, in 1968, Newman said, “Joanne really gave up her career for me, to stick by me, to make the marriage work.”) Newman’s other reason to make the film, he told Playboy, was that it is about something that needs to be said. “It singles out the unspectacular heroism of the sort of person you wouldn’t even notice if you passed him on the street.… little people who cast no shadow and leave no footprints. Maybe it can encourage the people who see it to take those little steps in life that can lead to something bigger.… The point of the movie is that you’ve got to take the steps, regardless of the consequences.” Newman had prefaced these remarks by confiding that Rachel, Rachel “is probably more me than anything I’ve ever done.”

“I believe he was scared,” Stern adds, “scared people might be waiting for him to fall on his face and fail. He’d made such a huge reputation as a superstar, but he faced his fear and he faced up to the challenge. He liked to take risks. When he was directing, he didn’t have to be ‘Paul Newman.’ ”

It was summer when he filmed Rachel, Rachel. On set he wore shorts and a T-shirt, reinforcing the overall relaxed attitude. He surrounded himself with a cast of Actors Studio actors, including James Olson and Estelle Parsons (who was about to win an Oscar for her high-voltage performance in Bonnie and Clyde).

Parsons recalls how “Joanne and Paul were totally disciplined, caring, working together, collaborating with other people, always a sense of really caring about the actors—making time on the set valuable in terms of the crew being quiet, not distracting the actors. We were a real ensemble; we had three weeks of rehearsal first.” Parsons was playing Rachel’s only true friend: “I was a fellow teacher, a lonely lesbian. I had a scene where I kiss Joanne on the lips, and Paul said to me, ‘This is something that surprises you both.’ I thought, Why is he telling me that now? But suddenly I realized that it freed me to be this person.”

While principal photography was completed in six weeks, it took Newman another eight months to edit the film, with Dede Allen, the celebrated film editor (Reds, Bonnie and Clyde). There were many different cuts—he wanted it to be “perfect.” For a while the film didn’t seem to be working, and then suddenly everything came together. Stern remembers, “Joanne was absolute magic on the screen, and Paul cried.”

The only major disagreement Newman had during production was over his director credit. He was worried audiences would be distracted if his name was at the start of the film, so he opted for having it at the end. The Directors Guild rejected his request, arguing that its policy mandated that the credit appear at the beginning. Newman appealed to Elia Kazan and William Wyler. These two powerful directors were able to change the Guild’s mind.

In the midst of editing Rachel, Rachel, Newman decided to actively campaign for Eugene McCarthy, the Democratic senator from Minnesota, who had recently announced he would be a candidate for the presidency.

McCarthy was running for president, he said, because he saw “growing evidence of a deepening moral crisis in America” and he hoped to alleviate “this sense of political helplessness.” He never said he was doing it to run against Lyndon B. Johnson per se—he was only challenging the president’s position on Vietnam. Newman told Playboy, “I was so fed up with the present Administration that I couldn’t resist going to work for him It took guts to lay his cards on the table, to oppose a President who belonged to his own political party.”
Chicken Bones and Beer Bottles

It was January 1968, the start of the most turbulent 12 months of America’s post–World War II period. The country was still reeling from J.F.K.’s assassination, and there was the polarizing struggle over the Vietnam War. There were mass protests in the streets and on school campuses. Many 18-year-olds were burning their draft cards.

Newman was one of Hollywood’s biggest celebrity activists. He had supported the civil-rights movement from the very beginning, participating in sit-ins and demonstrations and giving money to Martin Luther King Jr. He joined Brando in Gadsden, Alabama, Ku Klux Klan country, and together they also traveled to Sacramento to protest at a whites-only housing development. As part of a select group of actors to take part in King’s March on Washington, Newman said in the O’Brien biography, “I think there’s too much fear of not speaking out … I’m proud I was there.”

“I was the one who convinced Paul to go to New Hampshire for McCarthy,” says Bobbie Handman, a political consultant and noted arts advocate, who was helping McCarthy with his campaign, which had only a skeleton crew.

Handman recalls how “Paul and Joanne would come over for dinner with talent agent Boaty Boatwright and actress Myrna Loy, and we’d sit in the kitchen talking politics.” She was in charge of “celebrities for Gene,” so “naturally I wanted Paul.”

Cool Hand Luke had just opened around the country to huge business—the Luke character, which Newman played to perfection, was a fierce and funny nonconformist, a rebel. The character connected with the counterculture—and with the public in general. Newman was a bigger star than ever, much to his discomfort.

Handman continues: “I kept saying to Joanne, ‘I really want Paul to go up to New Hampshire, but he won’t give me an answer,’ and Joanne would whisper, ‘Just keep calling him.’ So I phoned him every day for a week and he finally agreed.”

McCarthy had few supporters, save for some college students and anti-war activists. Newman flew up to the wilds of New Hampshire in the dead of winter. It was bitter cold when he arrived in the small city of Claremont, where he was picked up by Tony Podesta, a student from M.I.T. who was working on the campaign. (Today he is a well-known D.C. lobbyist.) According to Charles Kaiser’s 1968 in America, Podesta hoped “that there might be a few shoppers out that he could shake hands with.” When they got to the square there were hundreds of people waiting, what Podesta thought to be the entire population of the town: “Most of them were either middle-aged women or teenaged kids, and all of them had decided they wanted to walk away from that day with a piece of Paul Newman’s clothing.”

After rushing through the unruly crowd, hiding in a barbershop, and sneaking out a back door, Newman told those gathered, “I didn’t come here to help Gene McCarthy. I need McCarthy’s help. The country needs it.”

“Paul turned the tide for McCarthy,” Handman says. “Paul put him on the map—he started getting national coverage by the press. He started being taken seriously.”

What happened next is recorded history. The Vietcong’s Tet offensive began January 31, 1968, shattering America’s illusions—proving that the war could not be won as Johnson had been saying. He had lied.

McCarthy did very well in New Hampshire, and then Robert F. Kennedy announced he was running for president. Two weeks later President Johnson quit the race. Newman continued to campaign for McCarthy—he went on radio and TV, and every weekend that spring saw him in Wisconsin, Indiana, or Nebraska.

For the Wisconsin primary he hung out in Polish pool halls. Podesta, who was traveling with Newman, said in Ronald Brownstein’s The Power and the Glitter, “Once we figured out what was going on here, we began to advance him harder than we advanced the candidate.” Newman traveled to Lake County, Indiana. “He got into the airport at 8:30 [a.m.]; he did nine stops before lunch. We picked him up in a station wagon with a flap-down back, and had four guys, plus a driver We’d pull up to a street corner in Gary, wherever. The four guys would come out of the car, lock arms around the car, flip the back down and he’d get up and give a little talk. There’d be four hundred people there, five hundred people there, at 10 a.m. in the middle of downtown Gary There wasn’t anybody who had the kind of electricity Newman did. We didn’t get those kinds of crowds for McCarthy.”

Once at the airport, in order to avoid a stampede, Podesta tried offering the crowd chicken bones and beer bottles that had touched Paul’s lips in exchange for their staying off the tarmac. However, Newman’s leftovers provided more than just crowd control. To compete with the Kennedy dynasty, Podesta remembered, he was “auctioning off things [Newman] had touched, and doing a little fund-raising in that way.”

McCarthy lost the nomination in 1968, in spite of strong showings in a number of primaries. Newman was later urged by friend and fellow Democrat Gore Vidal to run for Congress. Though flattered, Newman kindly dismissed the idea, stating, “I don’t have the arrogance, and I don’t have the credentials.” But through the years he continued to act on his political beliefs, supporting the Center for the Study of Democratic Institutions.

It continued to be a very busy year. Rachel, Rachel opened to tremendous reviews. Newman won the best-director award from the New York Film Critics Circle; Woodward was nominated for an Oscar, as was Estelle Parsons.
Birth of the Buddy Picture

Newman had always been fascinated by cars and was a big racing fan, attending the Indianapolis 500 every Memorial Day. Starring in Winning, a movie about the Grand Prix, seemed like a no-brainer. He and Robert Wagner would play rival racecar drivers. They attended driving school—for a mere two weeks—to learn how to handle a racecar. Newman was a natural at it. He insisted on doing all his own driving during filming, much to Universal’s concern—and Woodward’s too. But, Newman said, “it was just sensational for me to be able to drive the big stuff … I got ‘stoned’ on automobiles … it’s a natural high.” By the end of filming he was hooked. “It’s the one thing that I can be genuinely adolescent about,” he said.

So much of why he loved racing was because he could hang around the track with the other drivers and be “one of the guys.” They didn’t treat him like a movie star, yet they were very protective of him—no photographers allowed, no press, no fans. Eventually he arranged his schedule so he could spend six months a year racing and six months making movies—and more movies.

And then came Butch Cassidy and the Sundance Kid.

It’s probably Newman’s best-loved film, maybe because it embodies the late 1960s Zeitgeist of outlaws as cultural heroes—living legends (just as Robert Redford and Newman were sure to become) who are cool, gorgeous, and forever wisecracking, even at the end, when they are trapped by the law and badly wounded. Butch jokes, “I got a great idea where we should go next.… Australia,” just before they are killed by a rain of bullets.

I remember having dinner in a West Side restaurant with Newman, Gore Vidal, and Boaty Boatwright not long after the movie opened. During our meal the chef came bolting out of the kitchen crying, “Mr. Newman! I have to tell you something. I have seen Butch Cassidy and the Sundance Kid 14 times!”

Newman stared at him as if he were crazy. “Why?” he asked in his husky, gravelly voice. “Why?”

“Because it makes me feel good!”

Precisely. When Butch Cassidy and the Sundance Kid opened, in October of 1969, it was like a breath of fresh, clean air wafting through the country. America was sick of Vietnam and assassinations and violence in the streets. The public flocked to see this golden, bittersweet movie about two good-natured, self-mocking outlaws—best friends who want never to be separated. They run the Hole in the Wall Gang, a group of outlaws who rob banks until tighter security forces them to rob trains. They fail at that as well. The Wild West is dying, but they won’t admit it.

Their sometime companion is Etta Place, the beautiful schoolteacher (played by Katharine Ross) who is Sundance’s lover but whom Butch likes, too—a lot—but it doesn’t really matter because the woman in this movie is incidental. (Newman once remarked, “I don’t think people realize what that picture was all about. It’s a love affair between two men.”)

I had lunch with William Goldman recently, and he told me he had worked on the Butch Cassidy screenplay for six years. “I was fascinated by those characters. I don’t know why they hadn’t been written about before—they were real people, very well documented I wanted to tell the story of these two guys who dreamt of repeating their past—like Gatsby. But they in fact did recapture the past, which is what I found so moving about the narrative. We all wish we could do that, make that happen.”

During the filming the cast and crew would have supper together. Newman would toss a big salad and then bring over a coffeepot filled with scotch and ice. Afterward, everybody would watch the dailies and Newman’s hands would sweat. “My hands always sweat when I watch the rushes,” he later said.

As told in the O’Brien biography, Butch Cassidy’s sister, Lula Betenson (who was still living at the time), was asked by Twentieth Century Fox to endorse the film, but when she refused to provide a favorable quote without having seen the finished movie, Robert Redford persuaded Lula to plug the film unseen in return for a fee. (Lula eventually watched the movie.) When interviewed in Playboy years later, Redford mentioned Lula’s enthusiasm for Westerns and how she appreciated Butch Cassidy and the Sundance Kid, because it captured what was missing from most Westerns—the feeling of fun.

Some major film critics dismissed the picture—the sense of fun the outlaws had was exactly what most of them objected to. Despite critics, Butch Cassidy went on to be a huge hit—by the spring of 1970 it had taken in $46 million in North America and grossed another $50 million abroad. Newman was jubilant. “I knew that [it] was going to be the biggest film I’d ever been in!” And Redford—who was relatively unknown when cast as Sundance—went on to become a major star. By the end of 1969, Newman was the No. 2 box-office draw, right behind John Wayne. At the Academy Awards, William Goldman, cinematographer Conrad Hall, and composer Burt Bacharach all won Oscars for their work on the film.

For the next 30 years, Newman and Redford kept trying to figure out a sequel, a new series—something to perpetuate this magical duo. (It goes without saying that Butch Cassidy and the Sundance Kid became the archetypal buddy movie of the 1970s.) “Too bad they got killed,” Newman would say, “’cause those two guys could have gone on in films forever.”

However, Newman and Redford would re-team with Butch Cassidy director George Roy Hill on The Sting (1973), another huge hit, about con men during the Depression, and then Newman and Hill would work together again on Slap Shot (1977), set in the rough-and-tumble world of ice hockey. This film was one of Newman’s personal favorites. He trained for weeks at a rink near Norwalk, Connecticut, so he could whiz around the ice as Reggie the coach, skating his way to the championships, playing dirty hockey to the amazement of howling crowds.

“He gives the performance of his life—to date,” Pauline Kael wrote in The New Yorker. “Here his technique seems to have become instinct. You can feel his love of acting.” But Hill, according to the O’Brien biography, sensed Newman’s weariness during the 68-day shoot: “I think Paul is bored with acting. It’s too bad. He has the capacity to become a great actor.” While Newman, now 52, rarely watched his old films, he was still confronted by his fleeting youth as the media continued to publish photographs of him from The Hustler and Cool Hand Luke. Hill observed Paul’s ambivalence about his fame: “Being a celebrity is a process of dying, and that has been the hardest thing for Paul to cope with.”
Father and Son

All along, Newman protected his privacy and nurtured his family. Both he and Jackie Witte raised their three children with love and concern. The same held true with the three daughters he had with Woodward. She spent a great deal of time with her stepchildren too. The entire Newman clan was rarely photographed in public, but they did often vacation and travel together, again without publicity. But on occasion there were tensions. Newman admitted his relationship with Woodward was not always harmonious. There were arguments. “I’m all in favor of a good screaming free-for-all every two or three months,” he said in the 1988 biography Paul and Joanne, by Joe Morella and Edward Z. Epstein. “It clears the air, gets rid of old grievances and generally makes for a pleasant relationship. Joanne has a habit of rationalizing, and when she starts that, that’s when I turn ugly! But when she tells me what she instinctively feels, I pay very close attention.”

Newman didn’t spend as much time with his children as he wanted. He was so busy, “but when I am with them, I enjoy it,” he said. He has admitted he had very little patience. “[The kids] know that, and they try me. But at a given point, they flee in terror!”

He had special problems with Scott, an intense, handsome young man.

By 1974, Scott was working as an actor and stuntman, most recently on Newman’s latest movie, The Towering Inferno. He would occasionally rehearse scenes at the Actors Studio West.

Scott felt ambivalent about his father’s fame, maintaining that he didn’t know if people liked him for himself or because he was Paul Newman’s son. Newman would later admit he hadn’t known how to deal with his son. “I had lost the ability to help him,” he said. Newman was no stranger to challenging father-son relationships. His own father had been unemotional, keeping him at arm’s length, so Newman had been determined to parent his children differently. Still, his unresolved relationship with his father stayed with him. He told Time magazine, “I think he always thought of me as pretty much of a lightweight. He treated me like he was disappointed in me a lot of the time, and he had every right to be. It has been one of the great agonies of my life that he could never know. I wanted desperately to show him that somehow, somewhere along the line I could cut the mustard.” (Newman Sr. never approved of Paul’s going into acting. He didn’t live to see Paul’s many achievements.)

In the fall of 1978, Newman returned to his alma mater, Kenyon College, to direct a theater production there. Back in L.A. his son was recovering from injuries sustained in a motorcycle accident; he was still in pain and taking all sorts of medications. A friend says, “Paul saw to it that there were psychiatrists and doctors available for Scott, day and night.” But in the end nothing helped. On November 20, Scott died from an accidental overdose of drugs and alcohol.

Soon, friends of Newman and Woodward’s established the Scott Newman Center, which to this day aims to educate the public on the dangers of drug and alcohol abuse. Newman’s oldest daughter, Susan, served as the foundation’s executive director for five years.

A despondent Newman remained at Kenyon, resuming his role as the play’s director. According to a drama student’s account in the biography Paul and Joanne, Newman addressed the tragedy, saying, “I don’t know what to say. But what I need right now—I need the show, I need all of you. I need the rowdiness.” Back in New York, he kept everything bottled up inside. He took to walking the streets late at night. He didn’t seem to care whether he was recognized, but people usually left him alone. Once I saw him on Second Avenue and 81st Street around three a.m. It was raining, and he emerged suddenly out of the gloom wrapped in a trench coat, his silent, grieving face a mask of tragedy. His eyes appeared closed, as if he were trying to blot out something insupportable.

Then I heard he had begun racing cars like a man possessed. By now he was one of the best amateur drivers in the country, racing under the name P. L. Newman. He was winning Sports Car Club of America races as part of the Bob Sharp racing team. He broke track records at Watkins Glen and placed second at Le Mans, the dangerous endurance race that takes place over a 24-hour period in France. He began racing motorcycles too. He certainly wasn’t immune to accidents. The first dramatic one occurred during a race at the Golden State Raceway, in Sonoma, California, in 1980. His car overturned, but he emerged with only a gash on his forehead. Despite everything, though, racing would remain an important part of Newman’s life. He would eventually establish his own team, PLN Racing, and become the co-owner of another, named Newman/Haas/Lanigan Racing, which continues to be one of the country’s pre-eminent teams.
A Pinch of This, a Dash of That

Through the remainder of the 1970s, Newman made a movie (Quintet, for Robert Altman), raced more cars, and directed Woodward in The Shadow Box for television, picking up an Emmy nomination for directing.

He also spent a lot of time fishing with his close friend A. E. Hotchner. Hotch, as he’s known, says, “Paul seems happy when he’s on our rattletrap boat, Caca del Toro. We fish, we drink a lot of beer, we shoot the breeze.”

One afternoon this spring Hotch and I had lunch together. I asked him to describe Paul Newman in one word. “A loner. The most private man. He has a small group of loyal friends who are very protective of him. That said, Paul knows who he is and what he can do more clearly than anybody I have ever known. He’s a terrific businessman. He’s smart.”

He and Hotch go back 50 years. In 1955, Hotch had written a television play, The Battler, based on Hemingway’s Nick Adams stories. Arthur Penn was directing. James Dean was starring. But then Dean was killed in that car accident, and, according to Hotch, Penn said, “ ‘There’s this young kid at the Actors Studio named Paul Newman. I think he could play the part of the Brawler.’ And we cast him, and Paul was sensational.” The two have been friends ever since. “It helps that we have lived near each other in Westport forever,” Hotch says.

The week before Christmas in 1980, Newman decided to stir up a batch of his famous salad dressing and give it to friends as Christmas presents. Hotch was keeping him company. At the time, Hotch tells me, almost all mass-market salad dressings were full of preservatives and artificial flavorings, which Newman detested. He always used olive oil, mustard, and red-wine vinegar, sometimes a little garlic and onions. He frequently asked for these ingredients while out at restaurants, such as Elaine’s, in order to dress his own salad.

“He made so much dressing that night—he’d made it in a vat—that we had a lot left over, and suddenly Paul had this brainstorm: Why don’t we bottle it and sell it in some local stores?” Hotch reminded him that they would have to get insurance, label it correctly, find a bottler. Newman agreed. They divided the responsibilities. Hotch would find the bottler, and Newman would put up the seed money.

“For the next couple of months Paul called me constantly during the filming of both Absence of Malice and The Verdict,” Hotch says. “He might be in an airport about to speak on the nuclear-freeze movement or he’d be in between races, but it was always the same thing: ‘Have you found a bottler yet?’ ”

Finally, a factory in Boston agreed to work with them, and then marketing experts told Newman and Hotch they would have to spend $400,000 test-marketing. Instead, they test-marketed their dressing with 20 or so friends, in Martha Stewart’s kitchen: a group of good friends dipping lettuce leaves into cups of various unnamed salad dressings (like Kraft and Wishbone). “Ours was the favorite,” Hotch says, “but we still had to find a store that would sell it. Stew Leonard, who owned a big supermarket in Norwalk, met with us. He tasted it, liked it, said he’d sell the dressing—if Paul’s face was on the label. ‘But we’re calling it Newman’s Own—isn’t that enough?’ Paul said. ‘For all they know it could be Seymour Newman from Newark, New Jersey,’ Stew said. ‘You will not be able to sell one bottle of dressing unless your face is on the label.’ ”

Newman was finally persuaded, but he vowed if this was the case, then all the profits would go to charity.

Stew Leonard set up a testing at the store. He put up a huge welcome, paul newman sign and an enormous photograph of Newman and Hotch in Butch Cassidy costumes with a caption that read, “Butch Cassidy is also a gourmet cook.” Hundreds of shoppers showed up. In two weeks, 10,000 bottles of Newman’s Own salad dressing were sold.

In September 1982, Newman told New York Times food critic Mimi Sheraton, “The reason I went into the salad-dressing business is because I suddenly realized I needed a different power base. When Reagan became President, I discovered I had been end-played.… I realized that to be effective I would have to enter the world of business, and this is it. I guess I’ve had more fun doing this than anything else I’ve done in a long time. But remember, it’s really my way of telling Ronald Reagan that his salad days are over.”

Newman didn’t stop with salad dressing. Next came Newman’s Own Industrial Strength All-Natural Venetian-Style Spaghetti Sauce. By the end of 1984, a mere two years after the company was founded, Newman’s Own had sold more than 18 million bottles of salad dressing and more than eight million jars of spaghetti sauce. More than $2 million in profits was donated to charity. Meanwhile, Newman and Hotch worked tirelessly out of their tiny Westport office, coming up with more products: popcorn, lemonade, cookies, new kinds of salad dressings and pasta sauces. (Twenty-five years later, gifts to charity and other types of organizations have exceeded $250 million.) It seemed as if Newman’s passion for his business, for giving everything away to charity, energized him and revived his passion for acting.
Courtroom Drama

During the mid-80s he gave some of his greatest performances in film. Sydney Pollack directed Newman in Absence of Malice, where he plays a man trying to expose corruption in the media. Pollack told Maureen Dowd, “There’s a stillness in his acting now that is quite magnetic. You can feel his intelligence, you can see him thinking.” But maybe it was simply that Newman was finally able to forget about being a sex symbol. “I was always a character actor,” he said. “I just looked like Little Red Riding Hood.”

For The Verdict, he played a seedy alcoholic lawyer, down on his luck, desperate to win one more case. He told New York Times writer Maureen Dowd that he was able to simplify things as an actor because he finally had an idea about “how the strings are synchronized.” No longer “working too hard to find emotions,” he was able to create a character “by finding his nerves.”

Newman was now president of the Actors Studio. He attended sessions, participated in a reading with George Roy Hill, but we noticed a change in him; to most of us he seemed cold and almost unapproachable. Newman, however, told Dowd, “I’ve been accused of being aloof. I’m not. I’m just wary.”

Shortly after The Verdict opened, in 1982, Newman found himself at the center of a very real and public legal battle in Manhattan’s Surrogate’s Court. At issue were some 1,000 audiotapes of “critiques” made by Lee Strasberg (who headed the Studio until his death, in l982) with Studio actors. Anna Strasberg (Lee’s widow) was claiming ownership, saying they were unique notes from a master teacher. The Actors Studio argued the tapes were group efforts in which various actors participated rather than one man’s notes. Newman filed an affidavit in support of the Studio’s position.

There was much discussion among lawyers for and against the Studio’s position. Newman finally complained about the line of questioning by Strasberg’s attorney Irving P. Seidman, who asked if he was “aware of the issues” in the case. Newman grinned and responded, “I know what the issue is—why am I here?”

The Studio would lose the case and the rights to the tapes.

In the late 80s, Newman, who served as president until 1994, also clashed with Ellen Burstyn, then the Studio’s artistic director, over admitting Madonna, according to insiders. Burstyn had invited the singer, who was appearing on Broadway in the David Mamet play Speed-the-Plow, to become a member. Newman objected, saying, in effect, that nobody, star or unknown, should get preferential treatment—everyone should audition. Madonna never became a member.

In 1986 he starred opposite Tom Cruise in The Color of Money, about gamblers, con men, and pool players. Martin Scorsese directed. As Scorsese was editing the film, he told Maureen Dowd, he was struck by the changes in Newman’s face. It was still beautiful, he said, but now it “looks like he’s been there and survived but taken something with him.” As for those startling blue eyes, “there’s so much information in his eyes about what they’re seeing.”

Newman finally won the Academy Award for best actor, for The Color of Money, but after so many nominations—six—it didn’t seem to matter as much. He didn’t attend the awards ceremony but later accepted his Oscar at a small party his press agent, Warren Cowan, gave in L.A. According to the O’Brien biography, when party guest Loretta Young asked about the award, Newman confessed to an anti-climactic feeling, comparing it to “chasing a beautiful woman for 80 years. Finally she relents, and you say, ‘I am terribly sorry, I’m tired.’ ”
“The Fun Starts Here”

Even though Newman’s Own was giving millions to charities and organizations such as Meals on Wheels, Literacy Volunteers, Flying Doctors, The Nation magazine, the Lark Theatre, and the Actors Studio, Newman wanted to create his own charity, and so he did.

Around 1985 he came up with the idea for a summer camp for children with life-threatening diseases: cancer, sickle-cell anemia, H.I.V./aids. He envisioned the camp as a place where kids can experience the joys of childhood without compromising their medical needs. Campers would pay nothing. The idea popped into his head one morning, and Newman told Life magazine in 1988, “I’ve had friends who died young. Life is whimsical. Longevity is an incredible gift, and some people don’t get to enjoy it.”

Newman named the camp the Hole in the Wall Gang Camp, after Butch Cassidy’s group of outlaws. He wanted the site—300 sweeping, wooded acres in Ashford, Connecticut, with a big lake fronting the property—to be unconventionally designed, like a Western town Butch might have lived in.

In Shameless Exploitation in Pursuit of the Common Good, by Newman and Hotch, which details how the camp came to be, Thomas Beeby, the head of Yale’s School of Architecture, who was recruited to help with the design, recalled, “Building this camp was unique in that all the bureaucracy that usually surrounds building construction was absent.” The architects Beeby hired designed log cabins, corrals, a main hall with swinging doors. “We were like little kids building sandcastles,” Beeby went on. “It was a magic moment.”

Newman was determined that the camp would open in the summer of 1988. Construction went on night and day; even in the dead of winter, workers labored, sometimes through blizzards.

Checking in on the camp’s progress one afternoon, Newman and Hotch, after driving through snow and sleet, found the men had been working extremely hard. Newman invited everybody out to the local bar. There was a pool table, draft beer, and lumberjack food. Newman played pool with the guys, tossed darts, told his bad jokes, posed for endless pictures, and autographed menus and shirts—even a bald pate or two.

Work continued around the clock, and as word got out about it huge donations poured in: nearly a million dollars for a state-of-the-art swimming pool, $5 million from the kingdom of Saudi Arabia.

The first Hole in the Wall Gang Camp opened in June 1988, just as Newman planned, and looked the way he had dreamed it would. The sign at the entrance proclaimed, the fun starts here.

In attendance that first season were 288 ailing kids, hiking, swimming, riding horses—occasionally getting tired, because of the chemo. Sometimes a little boy couldn’t walk for as long as he wanted to, because he had only one leg. A medical team was on call around the clock; there were state-of-the-art medical facilities and a helicopter available to take a child to Yale–New Haven Hospital if necessary. Counselors were young, many still in college. Some had suffered from life-threatening diseases themselves.

The kids laughed, had fun, and enjoyed themselves. They discovered a world of possibilities, not limitations. The children would leave the camp feeling they had accomplished something, learned something.

The goal was reached and children from all over the world were traveling to Connecticut. However, part of the original plan was to create a camp that would inspire the formation of other, like-minded camps. Today the dream is being realized, and there are camps in places such as Florida, California, Israel, Ireland, France, and the United Kingdom. To date, more than 114,000 children have attended a Hole in the Wall camp or program. It is the world’s largest family of camps for children with serious illnesses and life-threatening conditions.

In 2007, Newman retired from acting, but he continued to race cars and work on Newman’s Own. (He entered into a partnership with McDonald’s in 2003, and today his salad dressings are offered in thousands of McDonald’s restaurants nationwide.) He still develops products and remains deeply involved with the camps, especially the original one, in Connecticut. (He had a cabin built across the lake so he could stop by frequently.) He is very protective of the camps, not allowing visits from journalists or the photographing of the kids. He never imagined that the camps would have the impact that they have had on the medical profession and on children. But Newman doesn’t want praise or accolades, even though by now he has been showered with countless medals and awards and honorary degrees.
Lasting Legacy
This past year, at one of the usual meetings of parents and children at the original camp, Newman showed up; crowds pressed close. The mother of one little girl spoke to Ray Lamontagne, the head of the camp’s board. Her daughter wanted to tell Paul Newman something, but she couldn’t get over to him because she was in a wheelchair. Lamontagne fought his way through the crowd and brought Newman back to the little girl, and he knelt down by her wheelchair. “For the first time in my life I have a friend,” the little girl told him. “I’ve never had a friend before, because I’ve been in a wheelchair most of my life, so kids avoided me. So thank you, Mr. Newman, for this camp.” Newman had tears in his eyes.

He had already said, “I wanted to acknowledge luck. The beneficence of it in many lives and the brutality of it in the lives of others, especially children, who might not have a lifetime to make up for it.”
June 15, 2008

In the past week there has been a veritable media frenzy about “Paul Newman’s cancer.” The Newman family isn’t talking; some friends can’t seem to get their stories straight. It hasn’t helped that Newman’s longtime press agent, Warren Cowan, just died.

In the meantime, the Associated Press reports, “Michael Brockman, Newman’s racing team partner, said Newman told him recently that he wants to get back into his race car for a test run and possibly another competition. His last race was last fall, he said.… [He] called Newman ‘one of the best guys I ever met.’ ‘He’s just a regular guy,’ Brockman said. ‘He’s humble.’ ”