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CANNES 2008 - DELTA


 


RESUME
Un homme retourne à ses racines en revenant dans le village qui l'a vu naître. Il y rencontre sa sœur pour la première fois. Cette dernière l'aide à construire sa maison au bord de la rivière, dérangeant le quotidien et la vie des villageois.

FICHE TECHNIQUE
Réalisateur : Kornél Mundruczó
Scénario : Kornél Mundruczó
Producteur : Viktória Petrányi
Coproducteurs : Gabor Kovács, Susanne Marian, Ági Pataki
Compositeur : Félix Lajkó
Chef opérateur : Mátyás Erdély
Durée : 1h32

DISTRIBUTION
Félix Lajkó (Mihail)
Orsolya Tóth (Fauna)
Lili Monori (La Mère)
Sándor Gáspár (L'amant de la mère)

AUTOUR DU FILM

CRITIQUES

"Le choc est venu de Hongrie. "Delta" de Kornél Mundruczo ne remportera peut-être pas la Palme d’or comme le Roumain Cristian Mungiu l’an dernier avec "4 semaines, 3 mois et 2 jours", grande surprise de l’année dernière.
Cette chronique âpre sur la relation incestueuse d’un frère et de sa demi-sœur dans le delta du Danube semble pourtant avoir de bonnes chances de figurer au palmarès pour sa mise en scène brillante. On en entendait une mouche voler dans la salle tant les spectateurs étaient scotchés par cette fable tragique aux images sublimes.
On peut penser que le cinéaste, âgé de seulement 33 ans, a de bonnes chances d’obtenir un prix. Ses comédiens Orsi Toth et Lajko Felix, célèbre violoniste qui a aussi signé la musique, peuvent aussi prétendre à une récompense car ils sont remarquables dans des rôles difficiles. Leurs talents complémentaires ajoutent un supplément d’âme à cette histoire de deux êtres qui tentent vainement de trouver le bonheur en marge d’une société hostile."
Caroline Vié - 20 minutes

"On ne parle pas beaucoup dans Delta, mais on agit. Irrémédiablement. Revenu d'on ne sait où, un jeune homme taciturne retrouve les lieux de son enfance, un no man's land indéfini et sauvage, labyrinthe d'îlots et de bras de rivière, habité par une communauté archaïque.
Le troisième long métrage, en compétition à Cannes, du Hongrois Kornel Mundruczo, est d'abord une histoire de regards. Méfiants de la part des parents qui tiennent un bar, hostiles de la part des villageois. Regards complices entre ce fils et sa petite sœur, dont il ignorait l'existence. Aussi brutal que discret, le coup de foudre entre eux est immédiat. Ils incarnent tous deux une volonté de vivre libres, de transcender la norme. Leur attirance est si évidente qu'ils n'imaginent pas qu'elle puisse être contestée.
Sans se poser de questions, la sœur rejoint son frère pour aller vivre à l'écart, dans une hutte, l'aide à construire une maison sur pilotis, partage avec lui une intimité socialement illicite. Un bonheur que les gardiens des conventions ne supporteront pas. C'est dans l'ivresse d'une fête offerte par les deux autarciques que sonnera la répression des barbares, au bord du fleuve immense et impassible.
Le film revient de loin. Auteur de Johanna (2005), opéra dérangeant (l'histoire d'une droguée touchée par la grâce offrant son corps aux patients d'un hôpital), Kornel Mundruczo dut s'y reprendre à deux fois après le décès du comédien principal au début du tournage. Son obstination est au diapason de la force primitive qui pousse les amants à ignorer l'interdit de l'inceste, et le collectif à détruire "tout ce qui est singulier et relatif à l'individualité".
Simple, allégorique, Delta, tourné dans le delta du Danube, intègre le paysage puissant comme l'un des personnages. Amples cadrages, sens du décor, envergure de la mise en scène : Mundruczo est dans la tradition des cinéastes des pays de l'Est, en particulier celle de Zviaguintsev, l'auteur du Bannissement. Il évoque de façon minimaliste une histoire digne de la tragédie grecque, un drame irréversible. Les faits et gestes des protagonistes sont dénués d'artificialité, on les croit presque saisis sur le vif, dans la tranquillité d'un univers ancestral
Jean-Luc Douin - Le monde

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