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CANNES 2008 - LES TROIS SINGES


 



RESUME
A Istanbul, Eyup travaille comme chauffeur privé d'un entrepreneur, Servet Bey, qui est candidat aux élections. Une nuit, en rentrant chez lui fatigué, Servet s'endort au volant. Il renverse et tue un passant. Pour préserver sa situation et son avenir politique, il demande alors à Eyup d'endosser la responsabilité de l'accident

FICHE TECHNIQUE
Réalisateur : Nuri Bilge Ceylan
Scénario : Nuri Bilge Ceylan, Ebru Ceylan, Ercan Kesal
Production : Coproductrice Fabienne Vonier
Distribution : Pyramide Films
Durée : 1h49
Titre Original : Üç Maymun

DISTRIBUTION


AUTOUR DU FILM


CRITIQUES

"Le père chauffeur, la mère employée et le fils de vingt ans étudiant raté sont «Les trois singes» que décrit Nuri Bilge Ceylan. Le réalisateur turc de «Uzak» et «Les climats» plonge le spectateur en apnée dans les épreuves de ce trio dont la vie est bouleversée lorsque le papa accepte de faire de la prison à la place de son employeur politicien. Dès les premières images, le cinéaste turc envoûte en prenant ses personnages dans un engrenage diabolique. L’incommunicabilité du trio apparaît bien vite évidente dans un minuscule appartement où les destins s’entremêlent sans que les protagonistes parviennent à se parler. L’humour n’est pas absent de ce drame à la conclusion ironique. La puissance indiscutable des «Trois singes» fait qu’il semble impossible d’imaginer que ce film aussi prenant que brillamment réalisé soit absent du palmarès."
Caroline Vié - 20 minutes

"Un notable de province, candidat à une élection, renverse un homme sur une route la nuit. Pour échapper à l'opprobre et à la justice, le chauffard réveille son chauffeur pour lui proposer d'aller en prison à sa place, contre rémunération.
Ce pourrait être un roman noir américain des années 1930 ou le début d'un Simenon. C'est le nouveau film de Nuri Bilge Ceylan, en compétition au Festival de Cannes, et le cinéaste turc s'aventure loin de ce qui a été son port d'attache. Il abandonne la veine autobiographique, emploie pour la première fois des comédiens professionnels et prend en compte le cinéma des autres. Le résultat est impressionnant d'intelligence, mais aussi déconcertant, tant Ceylan pousse loin son jeu de déformation du film de genre.
Cette triste histoire se passe à la périphérie d'Istanbul, où Eyüp, le chauffeur, vit dans un appartement avec Hacer, sa femme, et Ismael, son fils, un tout jeune homme qui n'arrive pas à entrer à l'université. Quand Eyüp part pour la prison, Ismael convainc sa mère de demander à Servet, le patron et politicien, une avance sur le prix du silence, afin de s'acheter une voiture. La somme de mensonges et de transgressions qui suit suffirait à plusieurs films très noirs.
Mais Nuri Bilge Ceylan procède à rebours des règles du genre. Au lieu de pousser les désirs et les haines conjugales et familiales jusqu'à leur paroxysme, il les distend, les fait sombrer dans le silence et l'inaction, dans une entropie où tout s'enlise. Les trois singes qui se bouchent les yeux, les oreilles et la bouche s'appellent ici Eyüp, Hacer et Ismael.
Ce n'est pas le plus excitant des spectacles (à ceci près que la chute est une jolie pirouette), et Ceylan joue avec le risque de l'ennui. Il le tient à distance, grâce à son talent singulier de metteur en scène.
Comme Les Climats, son film précédent, il a tourné Les Trois Singes en images numériques. Sa chronique de la mort d'un couple était faite d'images qui enregistraient chaque détail des visages, des corps et des lieux. Cette fois, l'information est plus fragmentaire, on met par exemple très longtemps à découvrir le beau visage de Hacer, et la prison d'Eyüp n'est jamais montrée, on n'en voit qu'une grille à travers laquelle le père parle à son fils. La bande-son bruisse de bourdonnements électriques, de bruits industriels, tout comme ces histoires intimes poussent sur le terreau de la dernière campagne pour les législatives, qui a vu la victoire de l'AKP sur les partis laïques.
Cette expérience est menée avec une grande détermination, qui enlève de la liberté au cinéma de Ceylan. Il fallait sans doute ce petit renoncement pour que le cinéaste continue d'avancer."
Thomas Sotinel - Le monde


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