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CANNES 2008 - LE SILENCE DE LORNA


 


RESUME
La fuite d'une femme qui, par amour, trahit les lois du milieu...

FICHE TECHNIQUE
Réalisateur : Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne
Scénario : Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne
Directeur de la photographie : Alain Marcoen
Producteur : Denis Freyd
Production : Archipel 35, France / Les Films du Fleuve, Belgique / Arte France cinéma, France
Distribution : Diaphana Films, France
Genre : Drame
Durée : 1 h 45

DISTRIBUTION
Arta Dobroshi (Lorna)
Jérémie Renier
Fabrizio Rongione

AUTOUR DU FILM


CRITIQUES

"Deux fois Palme d'or (pour Rosetta en 1999 et L'Enfant en 2005), les frères Dardenne sont toujours là, au plus haut niveau. Avec leur acteur fétiche, Jérémie Rénier, une nouvelle fois prétendant à un prix d'interprétation. Et une révélation féminine (après Emilie Dequenne dans Rosetta et Déborah François dans L'Enfant), qu'ils sont allés dénicher au Kosovo : Arta Dobroshi.
Sœur de nombre des héros des frères Dardenne, déterminés à se faire une place dans la jungle sociale en piétinant les normes morales, l'héroïne du Silence de Lorna, en compétition à Cannes, est une jeune Albanaise à cheveux courts qui a épousé Claudy, un blond camé, afin d'obtenir la nationalité belge. Rêvant d'acquérir un snack avec son amoureux secret, elle a accepté un deal avec un truand, Fabio (Fabrizio Rongione), qui la met sous pression. Une fois son époux éliminé par une opportune overdose, elle doit faire un nouveau mariage blanc avec un mafieux russe impatient de devenir belge à son tour, moyennant une prime coquette.
Le style change par rapport aux films précédents. Les cinéastes ont troqué la caméra super-16mm pour une lourde 35 mm, moins maniable à la main, qui impose au Silence de Lorna une image plus posée, moins en mouvement. Le ton, en revanche, reste le même : résolus à dépeindre une femme conquérante dont la motivation est pragmatique mais qui utilise pour y parvenir des moyens douteux, les Dardenne réussissent à maintenir le spectateur en haleine. Rien de prévisible dans le récit de cette machination.
Cette zone d'incertitude, qui fait le suc de leurs films, est attisée, dans Le Silence de Lorna, par le comportement ambigu de celle dont le titre du film annonce un possible revirement : Lorna ira-t-elle jusqu'au bout de sa stratégie indigne ? Se taira-t-elle ?
Le double jeu auquel elle s'adonne au début, excédée par les crises d'angoisse et de tremblements de celui qui la supplie de l'aider dans sa tentative de sevrage, mais assurant à son égard un service matériel minimum, révèle ses doutes. Il trahit à la fois son impatience d'être libérée de ce poids conjugal factice et une imperceptible pitié pour celui dont les crampes abdominales se multiplient. Déterminée à obtenir un divorce rapide, pour éviter à son conjoint d'être trucidé par ses complices, Lorna se cogne violemment pour arborer des bleus, des plaies, et faire croire qu'il la frappe.
Il faut rappeler l'importance accordée par les frères Dardenne aux symptômes physiques des êtres en perpétuelle agitation qu'ils dépeignent. C'est un cinéma du corps, des gestes, des déambulations pédestres ou par véhicules. Les personnages se coltinent avec les lieux (les murs, les portes et leurs clés) et avec des accessoires, au premier chef ici le téléphone portable, instrument du contact, du trafic.
C'est par le corps (celui d'un nourrisson vendu par son père dans L'Enfant, celui, dans Le Silence de Lorna, par lequel s'incarne piège, leurre, supercherie) que s'exercent les affaires. C'est par celui de Lorna que la machination se grippe, à cause de l'unique étreinte qu'elle a eue avec Claudy, le temps d'une authentique pulsion amoureuse. Lorsqu'elle évoque une possible grossesse, née de cette aventure, au mafieux russe, il l'arrête net. Si elle veut ce mariage, elle devra avorter.
Les films des Dardenne finissent tôt ou tard par annihiler les mensonges et entamer une phase de rachat, un processus d'adoption. Lorna devient ainsi, à la fin, une autre personne, passe à l'âge adulte, entame un dialogue avec cet enfant qui incarne la descendance de Claudy.
Une fois encore, les Dardenne transposent la brutalité d'une réalité actuelle (les subterfuges illicites d'émigrés de l'Est pour avoir des papiers) et y traquent les signes permettant d'espérer une réserve d'humanité indestructible."
Jean-Luc Douin - Le monde

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