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1969 - L'ARMEE DES OMBRES


 



RESUME
La France en 1942. Gerbier, ingénieur des Ponts et Chaussées, soupçonné de tendance gaulliste, est incarcéré dans un camp de prisonniers. Alors qu'il prépare son évasion, il est récupéré par la Gestapo et emmené au quartier général de l'Hôtel Majestic. Il s'en échappe en tuant une sentinelle. Nous le retrouvons à Marseille chargé, avec Félix et le « Bison », de l'exécution du jeune Doinat qui a trahi un groupe de résistants. Celui-ci sera étranglé avec un torchon, car l'exécution a lieu dans une maison entourée de témoins qu'aueun coup de feu ne doit risquer d'ameuter. Félix, dans un café, rencontre Jean-François qu'il ne tardepas à persuader d'entrer dans son réseau. Sa première mission consiste à livrer un poste émetteur à Mathilde, personnalité importante de la Résistance. Il échappe à diverses vérifications d'identité et rend visite à son frère « Saint-Luc », un grand bourgeois philosophe et mélomane qui semble vivre hors du temps. Gerbier se cache à Lyon et prépare une nouvelle mission ; embarquer 8 personnes à destination de Londres. Le « grand patron » fait partie de l'expédition et il se révélera que celui-ci n'est autre que le « paisible » Saint-Luc. Les deux frères ignorent en effet leur activité parallèle. Gerbier devra rentrer de Londres en toute hâte quand il aura appris que Félix a été arrêté par la Gestapo de Lyon et torturé. Mathildc va organiser un « coup » pour le sortir du Q.G. de la Gestapo, mais il est trop tard, Félix est mourant. Jean-François, qui s'était fait arrêter exprès pour le prévenir de son évasion prochaine, lui donne son unique pilule de cyanure. Gerbier, peu après, se fait arrêter bêtement, et est condamné à mort. Au peloton d'exécution, il échappe à la mort grâce à des fumigènes : un nouveau stratagème de Mathilde. Gerbier se fait oublier quelque temps et c'est dans sa « planque » dans la campagne que le « grand patron » lui apprend que Mathilde a été arrêtée. Elle subit un odieux chantage : on la menace d'enfermer sa fille dans une maison de prostitution du front russe si elle ne dénonce pas ses camarades. Et puis on apprend qu'elle a été relâchée : comprenant que Mathilde souhaite qu'on la supprime pour qu'elle ne parle plus, ses compagnons d'armes l'abattront en plein Paris.
© Les fiches du cinéma 2003

FICHE TECHNIQUE
Réalisateur : Jean-Pierre Melville
Scénario : Jean-Pierre Melville
Auteur de l'oeuvre originale Joseph Kessel
Dialogues : Jean-Pierre Melville
Sociétés de production : Les Films Corona, Fono Roma (Rome)
Directeur de production : Alain Quefféléan
Directeur de la photographie : Pierre Lhomme
Ingénieur du son :Jacques Carrère
Musique : Eric Demarsan
Décorateur : Théobald Meurisse
Monteur : Françoise Bonnot
Procédé image 35 mm - Couleur
Durée : 135 mn

DISTRIBUTION
Lino Ventura (Philippe Gerbier)
Simone Signoret (Mathilde)
Paul Meurisse (Luc Jardie)
Jean-Pierre Cassel (Jean-François Jardie)
Nathalie Delon (Une amie de Jean-François)
Paul Crauchet (Félix)
Claude Mann (Le Masque)
Christian Barbier (Le Bison)
Serge Reggiani (Le coiffeur)
Alain Mottet (Le directeur du camp)
Marcel Bernier (l'adjudant douanier)
Adrien Cayla-Legrand (de Gaulle)
André Dewavrin (dans son propre rôle)
Alain Libolt (Dounat)
Jeanne Pérez (Félicité)
Marco Perrin (le joueur de dominos)
Jean-Marie Robain (le baron)

AUTOUR DU FILM

Jean-Pierre Melville consacra trois films à la vie des Français sous l'Occupation (période qu'il connaissait bien pour l'avoir vécue dans la Résistance): LE SILENCE DE LA MER (1949), LÉON MORIN, PRÊTRE (1961), L'ARMEE DES OMBRES (1969). Kessel publia son livre en 1943, Melville dès cette époque rêva de le porter à l'écran. A propos de ce film, Melville déclara : " Je l'ai porté en moi 25 ans et 14 mois exactement. Il fallait que je le fasse et que je le fasse maintenant, complètement dépassionné, sans le moindre relent de cocorico. C'est un morceau de ma mémoire, de ma chair". (in "Cinéma 69", N° 140).

La musique du film fut utilisée pour le générique de la fameuse émission-débat télévisée "Les Dossiers de l'Ecran".

CRITIQUES

Mon avis

Autres critiques

"Pas de truands dans ce Melville atypique. Rappeler qu'à la sortie de la guerre le résistant Grumbach décide de conserver le pseudonyme qu'il utilisait dans la clandestinité, «Melville», choisi pour son amour de l'auteur de Moby Dick. Ce sera son nom de cinéaste. Dans l'Armée des ombres (1969, trois ans avant son chef-d'oeuvre, Un flic ), il n'y a que des résistants ou des traîtres. A y regarder de près, pourtant, c'est un polar melvillien comme un autre, avec les mêmes codes, la même morale, la même raideur (des corps, des personnages), les mêmes vêtements cintrés, les mêmes imperméables, la même rigueur.
Qu'est-ce qui change ? Pas grand-chose. Il y a encore plus de raideur, comme si la rigueur amidonnait le corps des personnages, joués avec une belle hauteur antinaturaliste (et antiromantique) par Simone Signoret, Paul Meurisse et Lino Ventura. Rappeler que Melville était juif, alsacien et gaulliste, l'une des configurations les plus étranges du cinéma français. Juif gaulliste, ça ne se portait pas beaucoup, alsacien, encore moins. Le grand isolement dans lequel Melville s'est tenu toute sa vie s'explique aussi pour ces raisons-là . Disons que le film est un polar gaulliste, c'est tout. Des chuchotements, mais jamais de cris. On tue pour le devoir. En silence."
Louis SKORECKI.

Pas de truands, disait-on, dans ce Melville atypique. Que des résistants et des traîtres. Qui ne se soucierait pas de genre cinématographique (une espèce de spectateur en voie de disparition), verrait qu'il s'agit malgré tout d'un polar melvillien comme un autre. Mêmes codes de l'honneur, même raideur des corps, mêmes impers cintrés, même rigueur. Au fait, c'est quoi, la «rigueur» chez Melville ? Disons que c'est quelque chose d'inattendu, un précipité d'émotions qui amidonne l'âme et le corps, une certaine hauteur de vue, une belle animation antinaturaliste et pré-bressonienne que certains n'ont appris à aimer, malgré ses partis pris étranges et radicaux, qu'après que les Américains se furent entichés de Melville.
Ne parlant pas le français, ces stylistes superficiels (Woo, Tarantino) ont cru pénétrer le système Melville alors qu'ils demeuraient à la surface. N'entrent ici que les résistants du cinéma, les Jean Moulin de l'âme. Ceux qui vont à l'essentiel, sans détour.
Se rappeler de la mort de Simone Signoret, sur ordre de son supérieur (Paul Meurisse). Jamais un crétin comme Tarantino n'approchera, de près ou de loin, de telles évidences feutrées. Sécheresse, vérité, refus de l'effet facile ou du raccourci qui rallonge. Lino Ventura n'a jamais été aussi bien. On tue pour la France, en silence. Le reste n'est que bavardage."
Louis SKORECKI.

VIDEOS


Bande annonce


l'armee des ombres (debut)


Extrait




Extrait Assassinat


Extrait Evasion


Extrait Barbier


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© Sunset Boulevard/Corbis


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