En mai, TCM fait ce qu’il lui plaît et crée l’événement avec huit des plus grands films d’Audrey Hepburn, notamment Charade, Diamants sur canapé ou encore Sabrina. Et pour accompagner cette programmation, la chaîne du grand cinéma vous propose de découvrir quatre facettes d’Audrey Hepburn, à travers quatre interviews de femmes influentes et influencées qui nous livrent leurs sentiments, leurs souvenirs et leurs regards sur cette femme actrice qui n’a jamais trouvé d’égal.
Les quatres vies d’Audrey Hepburn“Un ange s’est envolée” a murmuré Elizabeth Taylor lors des funérailles d’Audrey Hepburn. L’actrice de Vacances romaines et de My Fair Lady était bien sûr un ange, l’incarnation même de la grâce et du talent, mais elle était aussi et surtout une femme. Une femme multiple, à la fois icône de mode, star hollywoodienne, citoyenne du monde engagée dans l’humanitaire…
ACTRICE NÉE“Tout que je veux pour Noël est un autre film avec Audrey Hepburn !” Cary Grant
Interview de Géraldine PailhasAudrey Hepburn ne voulait pas devenir actrice, rêvant plutôt d’une carrière de ballerine à laquelle elle dût renoncer pour cause de santé fragile. Elle n’en était pas moins une comédienne aussi douée qu’originale qui s’est imposée rapidement dans le métier avant de décrocher un Oscar dès son premier rôle principal dans Vacances romaines. « Audrey n’a étudié dans aucune école d’art dramatique et n’avait jamais entendu parler de Lee Strasberg quand elle a commencé sa carrière, confiait le cinéaste Billy Wilder. Elle avait un don inné pour la comédie et jouait naturellement sans se forcer ». Quant à William Wyler, il n’a pas hésité une seconde lorsqu’elle s’est présentée au casting de
Vacances romaines : « Elle avait tout ce que je recherchais : charme, innocence et talent. En plus, elle était très drôle et absolument délicieuse ! ».
Pourtant, lorsqu’elle débute au des années 50, Audrey Hepburn ne correspond en rien aux canons en vigueur. À l’image de Marilyn Monroe, les stars d’Hollywood se doivent d’être plantureuses alors que la jeune actrice a presque l’air d’un petit garçon avec sa fine silhouette et sa frimousse enfantine. Mais de ce physique atypique se dégage pourtant une irrésistible féminité, toute en charme et en élégance. Tellement irrésistible que son style deviendra un nouveau standard pour les jeunes filles de l’époque.
Plébiscitée par le public, elle l’est aussi par les cinéastes, tous plus prestigieux les uns que les autres, qui se la disputent âprement. Quant à ses partenaires masculins, elle les fait fondre littéralement, à l’image de Cary Grant, pourtant réticent au départ, qui déclarait à l’issue du tournage de Charade : « Tout ce que je veux pour Noël, c’est un autre film avec elle ». Une reconnaissance méritée qui n’empêchait pas Audrey Hepburn de cultiver une certaine humilité, notamment lorsqu’elle douta sérieusement de sa prestation dans
Diamants sur canapé, film qui lui offrit pourtant l’un de ses rôles mythiques ainsi qu’une nomination aux Oscars !
ÉGÉRIE DE GIVENCHY“J’ai eu deux grands privilèges dans ma vie. Avoir connu et avoir été l’ami de deux personnes remarquablement talentueuses : Cristobal Balenciaga et Audrey Hepburn.” Hubert de Givenchy
Interview de Vanessa BrunoEn 1954, Audrey Hepburn rencontre Hubert de Givenchy sur le tournage de
Sabrina. Elle deviendra pour toujours son égérie et son amie. « Avec Cristobal Balanciaga, Audrey est la personne la plus remarquable qu’il m’ait été donné de rencontrer dans ma vie » disait le couturier. Aujourd’hui, la petite robe noire aux bretelles nouées qu’il lui fit porter dans Sabrina est devenue un classique intemporel de la mode, autant que le fourreau noir ultra glamour de
Diamants sur canapé.
À partir de cette rencontre, Givenchy sera quasiment le seul à habiller Audrey Hepburn pour ses rôles, notamment dans
Drôle de frimousse, film qui renforcera son statut d’icône de la mode puisqu’elle y incarne un modèle. Sur le tournage, elle fera la connaissance du grand photographe Richard Avedon qui tombera sous son charme, tout comme Cecil Beaton, autre virtuose de l’objectif rencontré sur le plateau de
My Fair Lady.
Autant d’amoureux de la plastique féminine qui ne pouvaient qu’être séduits par son port de tête et sa silhouette élancée autant hérités de son passé de ballerine que de ses origines aristocratiques. Une élégance naturelle qui faisait également merveille lorsqu’elle ne portait pas du Givenchy mais des robes signées Mary Kant, Ken Scott, Paco Rabanne ou Ralph Lauren, ce dernier qui déclara modestement : « Mes créations lui allait à la perfection, mais je crois qu’elle aurait été aussi magnifique avec des surplus de l’armée américaine ».
Est-ce en représailles de ses infidélités vestimentaires que Givenchy décida un jour de commercialiser le parfum qu’il avait créé spécialement pour elle ? En tout cas, en l’apprenant, Audrey Hepburn se serait exclamée : « Mais je vous l’interdis ! ». D’où le nom de cette fragrance aujourd’hui devenue mythique : L’Interdit.
FEMME ENGAGÉE“Je dois reconnaître que j’ai vécu, lors de mes missions pour l’UNICEF, les plus beaux moments de ma vie.” Audrey Hepburn
Interview de Eliette Abecassis, écrivainSi la magie de Audrey Hepburn repose sur sa beauté, son charme et son talent, elle doit aussi beaucoup à ses qualités humaines exceptionnelles. Dès l’âge de 11 ans, bien qu’affaiblie par la famine liée à l’Occupation allemande en Hollande, elle participe à la résistance en portant des messages et en montant des spectacles de ballet destinés à financer la lutte clandestine. Plus tard, elle se porte volontaire pour servir comme infirmière dans un hôpital militaire. Elle y soignera un soldat britannique nommé Terence Young qui la dirigera plus tard dans
Seule dans la nuit…
Après la guerre, souffrant des séquelles de la malnutrition, Audrey Hepburn est prise en charge par l’Unicef. Devenue star, elle n’oublie pas ce qu’elle doit à cette organisme et le soutient financièrement avant d’accepter en 1988 de devenir son ambassadrice. Au-delà de l’image et du rôle de représentation, elle s’acquitte de cette tâche en se rendant sur le terrain, en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud pour rencontrer des enfants sous-alimentés et œuvrer concrètement à des solutions contre la misère. Par la suite, suivant son exemple, de nombreuses stars mettront leur image au service d’œuvres caritatives. Après sa disparition, en 1993, des proches ont fondé la Audrey Hepburn Children’s Fund qui perpétue son engagement.
ICÔNE ÉTERNELLE“Je ne me suis jamais vue comme une icône. Ce qui est dans l’esprit des gens n’est pas dans le mien. Je suis simplement mon chemin.” Audrey Hepburn
Interview de Catherine BreillatComme certaines œuvres ou certains personnages, Audrey Hepburn transcende les modes et les époques. Depuis les années 50, son style n’a jamais cessé d’être un modèle pour les femmes. Sans doute parce que Givenchy, dont elle fut l’égérie incarne lui aussi un certain chic indémodable, mais aussi parce qu’elle symbolise une vision de la féminité autant fondée sur la beauté que sur le charme et l’élégance, sans compter les qualités de cœur et d’intelligence. Et si Marilyn Monroe semble indétrônable au classement des icônes hollywoodiennes, Hepburn la surclasse sans doute largement en termes d’influence et d’identification. Un statut de mythe qui la rendrait sans doute perplexe si elle était encore en vie : « Je n’ai jamais voulu devenir une icône, disait-elle, je me contente d’être moi-même sans me préoccuper de savoir comment les autres me voient ».
Films proposésMy Fair Lady (My Fair Lady, 1964, de George Cukor
Avec Audrey Hepburn, Rex Harrison, Stanley Holloway, Wilfrid Hyde-White – Version remasterisée
Vertes Demeures(Green Mansions, 1959, de Mel Ferrer
Avec Anthony Perkins, Audrey Hepburn, Henry Silva, Lee J. Cobb
Diamants sur Canapé(Breakfast at Tiffany’s, 1961, de Blake Edwards
Avec Audrey Hepburn, George Peppard, Patricia Neal, Mickey Rooney – Version remasterisée
Vacances Romaines(Roman Holiday, 1953, de William Wyler
Avec Audrey Hepburn, Gregory Peck, Eddie Albert, Hartley Power
Sabrina(Sabrina, 1954, de Billy Wilder
Avec Audrey Hepburn, Humphrey Bogart, William Holden
Deux Têtes Folles(Paris - When It Sizzles, 1964, de Richard Quine
Avec Audrey Hepburn, William Holden, Grégoire Aslan, Raymond Bussières
Au risque de se perdre(The Nun’s Story, 1959, de Fred Zinnemann
Avec Audrey Hepburn, Peter Finch, Edith Evans, Peggy Ashcroft) - Version remasterisée
Charade (Charade, 1963, de Stanley Donen
Avec Cary Grant, Audrey Hepburn, Walter Matthau, James Coburn
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