RESUMEAnge Orahona, truand installé depuis longtemps aux États-Unis, s'envole de New York vers la Corse. À Montemaggiore, son village natal, sa mère, Sophie, est mourante. Au chevet de la malade, une jeune femme veille : c'est Maria. "On ne t'attendait pas", dit-elle à Ange, visiblement ému. Baptiste, son frère et époux de Maria, réserve un accueil plutôt froid à Ange, tellement différent de lui; il est berger, simplement vêtu, alors que ce dernier, même en famille, est tiré à quatre épingles.
Au café du village, deux étrangers au pays : l'un, Marcel, qui se dit promoteur, incite à la patience son compagnon au regard froid : "Il faut attendre la mort de la mère". En face de la maison des Orahona, un vieil homme, Joseph, observe les faits et gestes d'Ange.
Sur les traces de sa jeunesse, Ange retrouve, à l'école, son instituteur et se remémore les poésies qu'il apprenait, enfant. Il se recueille devant la tombe où repose son père, abattu d'une balle dans le dos au cours d'une partie de chasse. Personne ne veut lui dire le nom du coupable. Baptiste, plus bavard, l'assure que le crime n'était pas crapuleux et qu'il fut la conclusion d'un conflit de bornage. Souvent, Ange se promène avec Maria et leurs douces confidences ravivent leur amour d'autrefois.
Mais, où qu'il soit, Ange ne peut échapper à son destin de hors-la-loi. Il a repéré le manège des deux individus qui l'observent à distance. Un jour, il les prend violemment à partie et les somme de quitter le pays. Il se reproche ensuite de ne pas les avoir éliminés. " Je vieillis ", avoue-t-il à Maria. Il éprouve la même sensation - celle de ne plus être impitoyable comme un truand se doit de l'être - lorsqu'il apprend que c'est le père Joseph qui a autrefois tué son père : apercevant le vieil homme, de l'autre côté de la rue, il a esquissé un geste vers son revolver, puis s'est ravisé.
Sophie va mieux. Elle souhaite assister à la messe. Ange et Baptiste l'y transportent. Au cours du repas qui suit, joyeux et apaisé, la vieille dame s'effondre et doit s'aliter. Le docteur n'a plus d'espoir : elle va mourir. Elle veut avoir ses deux fils auprès d'elle. Ange court dans la montagne où Baptiste garde ses moutons. Des coups de feu éclatent; le tueur blême est abattu par Ange, qui tombe à son tour sous les balles de Marcel. Baptiste, arrivé trop tard, prend son frère dans ses bras.
FICHE TECHNIQUERéalisation : Pierre GRANIER-DEFERRE (1973)
Scénario et dialogues : Henri GRAZIANI
Directeur de la photographie : Philippe BRUN
Musique : Philippe SARDE
Production : Films Pomereu (Paris) /
Medusa Distribuzione (Rome)
Distribution : SNC Impéria
Genre : Drame
Durée : 110 minutes
DISTRIBUTIONYves MONTAND (Ange Orahona)
Lea MASSARI (Maria)
Frédéric de PASQUALE (Baptiste Orahona)
Marcel BOZZUFFI (Marcel)
Pierre LONDICHE (Le tueur)
Germaine DELBAT (Sophie, la mère)
Paul AMIOT (Le docteur)
Yvon LEC (Le vieux Joseph)
Michel PEYRELON (Son fils)
Henri NASSIET (L'instituteur)
Hubert GIGNOUX (Juliani)
Dominique ZARDI (Le vagabond)
ANECDOTESLe film fut un échec relatif - 176 000 spectateurs en exclusivité parisienne - compte tenu de sa tête d'affiche, Yves Montand. L'acteur en fut très affecté : "C'est peut-être la première fois que j'ai du chagrin qu'un film ne marche pas" (in "Montand", Éd. Veyrier, 1977). Mêmes regrets exprimés par Granier-Deferre pour qui le film est celui dans lequel il s'est, personnellement, le plus impliqué (in "Télérama", 23 décembre 81).
C'est Costa-Gavras qui, à l'origine, devait tourner LE FILS. Granier-Deferre gomma du scénario ses aspects les plus "film noir" pour y introduire des thèmes qui lui étaient chers, le vieillissement, la solitude et la mort.
CRITIQUESMon avisAutres critiques "Ange (Yves MONTAND), un caïd de la pègre new-yorkaise, revient en Corse (son pays d'origine) pour assister sa mère à l'agonie.
Réalisé un an avant LE TRAIN, ce film - aujourd'hui assez oublié - est une oeuvre intimiste et discrètement tragique, parlant de la solitude et de la vieillesse, et non un thriller de convention.
Le réalisateur a précisé dans un entretien accordé à Michel GRISOLIA : "Le scénario tel qu'il existait à l'origine développait beaucoup plus les deux personnages des tueurs. Mais, comme personnellement je ne suis pas du tout intéressé par l'univers mythologique des truands, je me suis efforcé de gommer au maximum". Le parti-pris est intéressant, mais, faute de "chair", le sujet paraît assez mince.
Se déroulant sur un tempo assez lent et composé d'images nettement cadrées, le film impose, dans ses meilleures séquences, une atmosphère psychologique sobre et attachante ("à la SIMENON" en quelque sorte).
Malgré une partition très inventive de Philippe SARDE (collaborateur régulier de GRANIER-DEFERRE) et malgré une interprétation "de qualité" (MONTAND dans un registre intériorisé), le film dégage globalement une impression d'académisme un peu gênante."
Droits réservés : Jean-Francois HOUBEN sur www.cinemaniacs.beVIDEOSAFFICHES PHOTOS Sur le tournage avec Pierre Granier Deferre
Lea Massari sur le tournage