RESUME

Londres, 1910. Affligé d'un pied-bot, Philip Carey abandonne son ambition de consacrer sa vie à la peinture après s'être rendu compte qu'il n'avait aucun talent. Devenu par désœuvrement étudiant en médecine, il rencontre dans un pub la belle serveuse Mildred Rogers, dont il tombe éperdument amoureux. Séduite par ses manières d'homme du monde, la jeune femme répond à ses avances et devient très vite sa maîtresse. Mais Mildred est volage et Philip, après lui avoir proposé en vain le mariage, finit par rompre, fou de jalousie. Il se console en compagnie de Nora Nesbitt, une veuve, femme de caractère et auteur de romans à succès.
Or, un soir, Mildred revient chez lui : elle est enceinte d'un amant de passage et Philip accepte de s'occuper d'elle et de son enfant qui va naître. Mais après avoir donné naissance à une petite fille, Mildred reprend sa vie de femme facile et Philip décide de rompre une nouvelle fois lorsqu'elle devient la maîtresse de son meilleur ami Griffiths. Thorpe Athelny, qui fut son patient et s'est lié d'amitié avec lui, l'invite à passer un week-end dans sa maison. Philip fait la connaissance de la fille de son hôte, Sally. Celle-ci est attirée par le jeune homme, qui vient de réussir ses examens et commence à pratiquer.
Philip reçoit une nouvelle fois la visite de Mildred, qui a perdu son enfant et attrapé la syphilis en s'adonnant à la prostitution dans les bas-quartiers de Londres. Philip lui prodigue des soins et recueille son dernier soupir. Puis il décide d'abandonner la médecine et de reprendre la peinture.
C'est Thorpe Athelny qui réussira à le convaincre qu'il peut refaire sa vie avec Sally et oublier ses erreurs passées. Sally l'attend à la sortie du cimetière où a été enterrée Mildred.

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Ken HUGHES (1964)
Scénario : Bryan FORBES (D'après le roman de Somerset MAUGHAM)
Directeur de la photographie : Oswald MORRIS
Musique : Ron GOODWIN
Décors : John BOX
Générique : Maurice BINDER
Production : James WOOLF / Seven Arts
Distribution : Metro-Goldwyn-Mayer
Durée : 1H39
Sortie USA : 23 septembre 1964

DISTRIBUTION

Kim NOVAK (Mildred Rogers)
Laurence HARVEY (Philip Carey)
Robert MORLEY (Le docteur Jacobs)
Siobhan McKENNA (Nora Nesbitt)
Roger LIVESEY (Thorpe Athelny)
Jack HEDLEY (Griffiths)
Nanette NEWMAN (Sally Athelny)
Ronald LACEY (Matthews)
David MORRIS (Philip Carey jeune)

ANECDOTES

- Commencé par Henry Hathaway, qui rompit son contrat en cours de tournage, le film fut continué par Bryan Forbes avant l'engagement de Ken Hughes (les deux premiers n'étant pas mentionnés au générique).
Très satisfait de sa collaboration avec Marilyn Monroe, Henry Hathaway songe à tourner un deuxième film avec la comédienne : une adaptation d'un roman de Somerset Maugham, On human bondage, dans laquelle il souhaite diriger également Montgomery Clift. Mais face au refus de Darryl F. Zanuck, patron de la Fox (avec qui Marilyn est alors sous contrat), le film, intitulé en français L'Ange pervers, se fait finalement avec Kim Novak et Laurence Harvey. Mais au bout de quelques jours de tournage, Hathaway, connu pour son comportement tyrannique, entre en conflit avec la comédienne, et est renvoyé du plateau, et remplacé par Ken Hughes, le scénariste Bryan Forbes assurant un "intérim" entre les deux metteurs en scène.

- Publié en 1915, paru en France en 1937 et considéré comme le chef-d'œuvre de son auteur, le roman de Somerset Maugham "Servitude Humaine" avait déjà fait l'objet de deux autres adaptations : L'EMPRISE (Of Human Bondage, 1934) de John Cromwell avec Bette Davis et Leslie Howard, et OF HUMAN BONDAGE d'Edmund Goulding (1946) avec Eleanor Parker et Paul Henreid.

- Né à Liverpool en 1922, Ken Hughes a dirigé vingt-trois films entre 1952 et 1980 dont les plus célèbres sont JOE MACBETH (id, 1955) tourné aux États-Unis, PORTRAIT D'UNE AVENTURIÈRE (Wicked as They Come, 1956), LE PROCÈS D'OSCAR WILDE (The Trials of Oscar Wilde, 1960), CHITTY CHITTY BANG BANG (id, 1968) d'après Ian Fleming, et CROMWELL (id., 1970). Il a également participé à la réalisation de CASINO ROYALE (id, 1967) avec John Huston, Val Guest et Robert Parrish. L'année précédente, Laurence Harvey (1928-1973) avait signé son premier film de réalisateur, SOIXANTE MINUTES DE SURSIS (The Ceremony, 1963). Nanette Newman était l'épouse du scénariste, producteur et réalisateur Bryan Forbes.

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CRITIQUES

Mon avis

"L'ange pervers" mériterait d'être redécouvert, les critiques furent désastreuses et le succès ne fut pas au rendez-vous. Pourtant, le film raconte une belle histoire, un peintre déçu et contient de son manque de talent qui décide d'entreprendre des études de médecine et qui va tomber raide dingue d'une simple serveuse. C'est l'histoire d'un amour fou et obessionnel qui fait fi de toutes les brimades que lui fait subir l'être aimé. La serveuse, magnifiquement jouée par Kim Novak, lui en fera voir de toutes les couleurs et pourtant il aura du mal à se détacher d'elle malgré toutes les méchancetés qu'elle profère à son encontre, handicapé qu'il est avec un pied bot. Elle profitera de lui dans tous les sens du terme et même à l'utime fin elle lui demandera d'organiser un bel enterrement. Avec une histoire pareille, le film pourrait virer au mélo facile mais il n'en est rien. L'interprétation est juste, la mise en scène est honnête sans grands effets. Kim Novak est sublime, tour à tour sensuelle et provocante, attirant tous les regards, puis nous nous rendons vite compte qu'elle se prostitue et qu'elle est simplement intéressée par l'argent et une meilleure condition de vie en poursuivant une liaison avec Philip, jusqu'au jour où elle trouvera mieux que lui. Elle a conscience de profiter de lui et prend un plaisir malsain à l'humilier en permanence. Mildred Rogers compte parmi les rôles les plus riches et intéressants dans la filmo de Kim Novak. Dans la scène finale, elle y est tout simplement bouleversante. Au fond Mildred est maladroite avec les hommes, capable d'avoir des moments de tendresse où elle révèle une petite part d'humanité, elle ne sait pas comment mieux se comporter avec eux.

Autres critiques

"Le roman de Somerset Maugham avait déjà inspiré un film, L’emprise (1934), Bette Davis y incarnait une serveuse dont s’éprenait un jeune médecin anglais affligé d’un pied bot. Marilyn Monroe et Montgomery Clift (le rêve !) devaient tourner un remake dans les années 50. La version de Ken Hughes fut boudée par le public et massacrée par la critique. Non, sans raisons, tant la mise en scène est molle. Seule Kim Novak, mal dirigée, mais superbe de sensualité, échappe au désastre."
Pierre Poguib – Télérama

"Le talent conjugué de Ken Hughes et de Bryan Forbes ne réussit pas à dégager le film du mélodrame classique. La version de Cromwell en 1934 était très supérieure."
Daniel Collin - Guide des films Jean Tulard


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