RESUME

Ambitieux, le journaliste Boden entend décrocher le Prix Pulitzer. Pour cela, il se fait interner dans un hôpital psychiatrique où il enquête sur une affaire de meurtre.

Le journaliste Johnny Barrett n'a qu'une obsession: gagner le Prix Pulitzer qui récompense le meilleur reportage de l'année. Johnny simule la folie pour se faire interner dans un hôpital psychiatrique où eut lieu quelque temps plus tôt un crime non élucidé; dans l'intention d'en interroger les trois témoins.

Le premier, Stuart, victime d'un lavage de cerveau opéré par les communistes en Corée, se prend pour un général de la guerre de Sécession. Johnny ne peut tirer aucun renseignement de lui. Le second, Trent, est un Noir qui, dans sa folie, épouse les idées racistes et extrémistes du Ku Klux Klan. Lui non plus n'est d'aucun secours pour le journaliste. Le troisième, Boden, est un atomiste que l'horreur de ses découvertes a rendu fou.

Au cours d'une conversation banale, Boden lâche soudain le nom de l'assassin: Wilkes, l'un des infirmiers de l'hôpital. Johnny réussit à faire avouer le coupable après une violente bagarre. Mais son séjour prolongé dans l'asile a dérangé son esprit à tout jamais: c'est à un fou qu'ira le Prix Pulitzer...

FICHE TECHNIQUE
Réalisation, scénario et production : Samuel FULLER (1963)
Directeur de la photographie : Stanley CORTEZ
Musique : Paul DUNLAP
Décors : Eugène LOURIÉ
Production : Leon FROMKESS, Sam FIRKS / Allied Artists
Distribution (en France) : Mac-Mahon
Genre : Drame
Durée : 101 minutes

DISTRIBUTION
Peter BRECK (Johnny Barrett)
Constance TOWERS(Cathy)
Gene EVANS (Boden)
James BEST (Stuart)
Hari RHODES (Trent)
Larry TUCKER (Pagliacci)
Paul DUBOV(Le docteur Menkin)
Chuck ROBERTSON (Wilkes)
John MATTHEWS (Le docteur Cristo)
Philip AHN (Le docteur Fong)
William ZUCKERT (Swanee)
John CRAIG (Lloyd)
Meyle MORROW (Le psychanalyste)
Rachel ROMEN (La nymphomane qui chante)
Linds RANDOLPH (Le professeur de danse)
Frankie GERSTLE (Le lieutenant de police)

AUTOUR DU FILM

- Samuel Fuller fut toujours l'auteur complet de ses films (scénario et réalisation). Sous le couvert de montrer différentes manifestations de schizophrénie, le cinéaste traduit ici en fait sous formes symboliques les principales "plaies" américaines selon lui: la guerre du Viêt-nam, le racisme du Ku-Klux-Klan et le danger atomique. Chacun de ces thèmes est évoqué par la folie des trois témoins interrogés par Barrett. Ces prises de position valurent à SHOCK CORRIDOR d'être interdit dans le Sud des États-Unis.

- Fuller avait écrit un premier état du scénario en 1946 sous le titre "The Lunatic". Il reprit le sujet au début des années soixante, au moment où la pièce " Vol au-dessus dun nid de coucou" triomphait sur la scène américaine.

- SHOCK CORRIDOR est aujourd'hui considéré, aux côtés de LILITH de Robert Rossen (1964), DAVID ET LISA de Frank Perry (1963), LA TÊTE CONTRE LES MURS de Georges Franju (1958) et VOL AU-DESSUS D'UN NID DE COUCOU de Milos Forman (1975), comme l'une des plus convaincantes illustrations filmiques du monde de la psychiatrie moderne.

- Il est à noter que, à l'origine, dans certaines séquences de délire, des plans en Technicolor précédemment tournés par Fuller, notamment au Matto-Grosso, étaient intégrés au montage. Ces plans ont disparu des copies visibles actuellement en France.

CRITIQUES

"Samuel Fuller est renommé dans les années 60 pour avoir tourné un certain nombre de films de guerre radicaux, tout en gardant une indépendance totale. Producteur de ses propres films, il décide en 1963 de se lancer dans un projet atypique, sans doute influencé par les innovations formelles des différentes "nouvelles vagues" européennes et par la publication du roman de Ken Kesey intitulé Vol au-dessus d’un nid de coucou édité en 1962.
Samuel Fuller invente un prétexte classique, relevant du polar de série B, afin de justifier l’envoi de son personnage principal dans un asile d’aliénés. Si l’intrigue principale n’est en rien passionnante, le spectateur se rend vite compte qu’elle n’est là que pour justifier une analyse poussée de la société américaine et de ses dérives. Comme l’a très bien souligné Martin Scorsese dans une de ses critiques, Fuller fait de son asile une métaphore des Etats-Unis, pays des libertés, mais aussi des discriminations raciales. Ainsi, le film est une charge violente contre le racisme ordinaire, incarné par la guerre de Sécession, mais aussi par les lynchages pratiqués par le Ku Klux Klan. Fuller dynamite une fois de plus la bonne conscience américaine et se fait ici l’écho des luttes pour l’égalité des races, au cœur du débat dans les années 60.
Cette richesse thématique est renforcée par un travail audacieux sur la forme : multipliant les télescopages d’images, le mélange de couleurs et de noir et blanc, les agressions sonores ainsi que les visions surréalistes, le cinéaste nous plonge au cœur de la folie progressive de son personnage principal. Ce dernier est incarné par un Peter Breck impeccable, mais dont ce fut le seul rôle marquant sur grand écran. Il est secondé par Constance Towers, déjà impressionnante avant de trouver son plus grand rôle dans The naked kiss, l’année suivante. Shock corridor (1963) est donc une expérience unique en son genre, un petit chef-d’œuvre qui synthétise toutes les qualités du cinéma brut et direct d’un cinéaste hors norme. Un coup de poing à l’estomac."
Virgile Dumez - Avoir-alire.com

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© Allied Artists Pictures Corporation


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