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1961 - LE BATEAU D'EMILE

RESUME

Cardiaque, cloué sur un fauteuil roulant, Charles-Edmond Larmentiel est de retour à La Rochelle, d’où son père l’a chassé quarante ans plus tôt. Haineux, le vieillard entend se venger de son frère François, PDG des conserveries Larmentiel, et ce grâce à l’enfant qu’il eut d’une ouvrière et dont la naissance fut le prétexte de son exil. Charles-Edmond charge un notaire, maître Lamazure, de retrouver cet enfant auquel il veut léguer sa fortune, c’est-à-dire sa part de l’entreprise familiale. Lamazure a tôt fait de découvrir l’héritier : Émile Bouet, patron pêcheur ivrogne, qui vit avec une chanteuse de bastringue, Fernande. Lamazure avertit François du plan de son frère. Or, si Bouet ignore tout de ses origines, François sait depuis toujours qu’Émile est un Larmentiel, dont il lui faut désormais tenir compte pour éviter la ruine. Tandis que Lamazure, complice, retarde les projets de Charles-Edmond, François offre à Émile de devenir son capitaine d’armement, à la tête de quinze bateaux de pêche. Flatté, Emile arrose copieusement sa «promotion» avec Fernande, qu’il couvre de cadeaux et à qui il parle mariage dans un souci tout neuf de respectabilité. Grisée à son tour, Fernande emprunte une voiture, provoque un accident et se retrouve au commissariat où François, flanqué d’un Émile honteux, vient la délivrer. Larmentiel presse alors son «associé» de changer ses manières, de se débarrasser de Fernande; il songe en effet le marier à sa fille Claude. Dès lors, Émile reproche à sa compagne sa vulgarité, son laisser-aller, empruntant un langage châtié que raille la jeune femme : «Tu causes entre guillemets» avant de trancher : «Je me tire !». Émile feint d’abord le soulagement puis se précipite à Nantes, au «Mistigri», le bar où chante Fernande; il la ramène à La Rochelle, plus amoureux que jamais. François abat alors sa dernière carte en révélant à Émile qu’il est un Larmentiel; ainsi, pense-t-il, l’héritage ne sortira pas de la famille. Troublé, Émile voit basculer son destin mais il lui faut, François l’exige, se débarrasser de Fernande.
Une nuit, ivre, il emmène la jeune femme en barque, loin du port, sous le prétexte de relever ses casiers à homards. Mais au moment de la précipiter à l’eau, dégrisé, il se jette dans ses bras. Puis il se rue chez Larmentiel où Charles-Edmond vient de mourir : «Dire que c’est pour des pourritures pareilles que j’ai failli buter Fernande !» lance-t-il aux membres de sa «famille»…

FICHE TECHNIQUE
Réalisateur : Denys de La Patellière
Scénario : Denys de La Patellière, Albert Valentin
Auteur de l'oeuvre originale Georges Simenon
Adaptateur : Michel Audiard
Dialogues : Michel Audiard
Sociétés de production : Filmsonor, Intermondia Films (Paris), Vides Cinematografica SAS (Rome)
Directeur de production : André Cultet
Directeur de la photographie : Robert Juillard
Ingénieur du son : Raymond Gauguier
Compositeur de la musique : Jean Prodromidès
Décorateur : Maurice Colasson
Monteur : Jacqueline Thiédot
Genre : Comédie romantique/Drame
Durée : 1h38
Sortie France : 03 Mars 1962

DISTRIBUTION
Lino Ventura (Emile Bouet)
Michel Simon (Charles-Edmond Larmentiel)
Pierre Brasseur (François Larmentiel)
Annie Girardot (Fernande)
Edith Scob (Claude Larmentiel)
Jean-Louis Tristan
Marcel Barnier
Joëlle Bernard (Camille)
Etienne Bierry (Marcelin)
André Certes
André Dalibert
Dominique Davray
Maurice Derville
Roger Dutoit
Yves Gabrielli
Jean Gaven
Guy Henry
Jacques Hilling
Guy Humbert
Jean-Jacques Lagarde
Jacques Monod (maître Lamazure)
Roger Pelletier
Jean Solar
Colette Teissèdre
Pierre Vielhescaze

AUTOUR DU FILM
Comme LE SANG À LA TÊTE (Gilles Grangier, 1956) – autre adaptation de Simenon – LE BATEAU D’ÉMILE, retitré LE HOMARD FLAMBÉ lors d’une nouvelle sortie, fut tourné à La Rochelle. La nouvelle de Simenon, en revanche, se situait à Fécamp.

Annie Girardot, au «Mistigri», interprète une chanson écrite spécialement pour le film par Jacques Plante pour les paroles et Charles Aznavour pour la musique.

Le producteur Jean-Paul Guibert (Intermondia Films) était le beau-frère de Michel Audiard.

DIALOGUES

- Oh, mais t'as la tête qui enfle, mon bonhomme !... Pis en plus de ça, tu causes entre guillemets !...
A.Girardot
- Y'a pas que le plumar dans la vie, ou alors, tu te fait du tord. L'ennui avec les femmes c'est qu'lles sont bonnes quà ça, ou qu'à faire la cuisine. c'est le tramway de Shangaï ou le boeuf en daube. Et encore, faut choisir... Parce que t'as rarement les deux.
L.Ventura

- Votre oncle a toujours été éminemment original.
- Permettez-moi de vous rappeler que mon oncle est avant tout votre frère.
- C'est pourquoi je dis que c'est un original, sinon je dirais que c'est un saligot.
P. Brasseur

- Ah décidemment dans la famille, les femmes auront toujours cette blondeur souriante, cette stupidité diaphane qu'on ne retrouve que chez Botticelli.
P.Brasseur

- Dans la famille, il y a une tradition de la crise cardiaque devant les emmerdements. c'est le dé pipé, la carte bizautée qu'on sort de sa manche pour aborder les grosses mises.
P.Brasseur

- La famille a une mine splendide. L'air toujours aussi connard, mais le teint frais! la vertu, ça conserve.
P.Brasseur

- Comment te portes-tu?
- Nullement, ce sont les autres qui me portent.
P.Brasseur/M.Simon

- Je suis notaire, pas médecin. j'enregistre, je conseille, mais je ne diagnostique pas.

- Elle ressemble à sa mère... Elle sourit, elle prend ça pour un compliment.
P.Brasseur

- T'es sûr que t'as rien oublié?
- Si, toi et définitivement

CRITIQUES

Mon avis

Le bateau d'Emile, pour divertissant et sympathique qu'il soit, n'est pas exempte de défauts malgré un casting de premier choix réunissant quatre monstres sacrés du cinéma et de très bons dialogues d'Audiard. Le film pêche par un scénario très mince et téléphoné, qui ne tient pas le coup jusqu'au bout, avec des faiblesses de rythme flagrantes et des scènes inutilement longuettes (scène de la barque, entre autres) aux effets de mise en scène appuyés. Le film se laisse cependant voir pour les dialogues évidemment, les compositions de Michel simon et Pierre Brasseur surjouant délicieusement et le couple formé par Girardot et Ventura. Lino est très bon dans un registre plus extraverti qu'à l'accoutumée, il se fond dans son personnage pittoresque de marin pêcheur, brute au coeur tendre, il faut le voir dans la scène où il parle tout seul au bar, tout à la joie d'être soudain promu capitaine d'armement de quinze bateaux. Ce n'est pas facile de jouer un personnage soul sans en faire trop, là Lino Ventura est parfait dans ce registre et nous montre qu'il avait un réel don pour la comédie. Quelle meilleure définition pour Ventura que la réplique de Pierre Brasseur à sa fille dans le film sur Emile : "Emile a l'air comme ça d'une bonne brute, or c'est un garçon pétri de délicatesse".

Autres critiques

"...Trente ans plus tôt, on aurait imaginé Jean Gabin et Arletty. Leurs successeurs n'ont pas à rougir. On dirait que la mise en scène s'applique à être impersonnelle pour leur faire la part belle. Des monstres sacrés entourent le couple de "jeunots", pour l'époque (Pierre Brasseur et Michel Simon), dans un concours de cabotinage bien assumé. Mais le film (bien qu'inspiré de Simenon et dialogué par Audiard) reste médiocre."
Philippe Piazzo - Télérama

"Beaucoup de clichés pour ce film à la mise en scène appuyée, mais où M. Audiard réussit un dialogue brillant dans le style populiste. Et surtout, il y a la réunion de quatre monstres sacrés de l'écran qui accomplissent ici un excellent numéro."
Claude Bouniq-Mercier - Guide des films Jean Tulard

"Avec une distribution de cet acabit, on ne va pas faire la fine bouche, malgré des tonnes de clichés et une mise en scène plus que lourde, le film passe la rampe."
Téléobs.

"Une divertissante comédie de moeurs, servie par les formidables numéros de Pierre Brasseur, Michel Simon, Annie Girardot et Lino Ventura, et les dialogues inspirés d'Audiard.
Téléstar.

"Du cinéma de papa, mis au service d'un quarteron de monstres sacrés, dont Michel Simon et Pierre Brasseur, qui s'en donnent à cœur joie dans le rôle des frères ennemis. L'ensemble est bien entendu dynamisé par les dialogues taillés sur mesure d'Audiard. Pas très original mais toujours aussi goûteux."
Yves Alion - Télé 7

VIDEOS

Pour voir un reportage INA sur le tournage, clic ici

Pour voir un autre reportage INA avec Interview de Denys de LA PATELLIERE et de Michel AUDIARD par Mario BEUNAT à propos du film "Le bateau d'Emile , Extrait du film et Interviews des deux interprètes Annie GIRARDOT et Lino VENTURA, clic ici