RESUME

Venu des États-Unis avec la consigne de restructurer le réseau de la drogue parisienne, Henri Ferré dit " Le Nantais " rencontre Paul Liski, le caïd qui met à sa disposition " Le Troquet ", un petit bar qui lui servira de couverture. Tandis que Lisette, la caissière, tombe amoureuse de lui, Le Nantais, aidé par les deux tueurs Bibi et Le Catalan, demande à rencontrer tous les responsables de l'organisation -, depuis Birot, le chimiste qui prépare la chnouf (l'héroïne), jusqu'aux propriétaires chinois des fumeries clandestines...

Un important envoi de morphine est saisi par la police. Les soupçons de la bande se portent sur Le Nantais tandis qu'une rafle a lieu au " Troquet". Passé à tabac par les forces de l'ordre, Le Nantais est dédouané. Mais ce n'était qu'une ruse qui lui a permis de rendre compte de sa mission car c'est en fait un inspecteur chargé d'infiltrer le réseau pour le démanteler. Il en sait désormais suffisamment. EL tandis qu'une escouade de policiers fait l'assaut de la villa où il est séquestré en compagnie des deux tueurs, la brigade des stupéfiants, sur sa demande, organise une immense razzia dans Paris qui permettra d'arrêter, enfin, tous les intermédiaires dont il a établi la liste scrupuleuse...


FICHE TECHNIQUE
Réalisateur : Henri Decoin
Scénario : Henri Decoin, Maurice Griffe, Auguste Le Breton d'après son roman
Production  : Paul Wagner
Montage : Denise Reiss
Photographie : Pierre Montazel
Musique : Marc Lanjean
Assistants-réalisateurs : Fabien Collin, Michel Deville
Tournage: dans les studios "Franstudio" du 29 Novembre 1954 au 31 janvier 1955
Genre : Policier/Thriller/Drame
Durée : 1h45
Sortie : le 7 avril 1955
BOX OFFICE FRANCE : 2 906 148

DISTRIBUTION
Jean Gabin (Henri Ferré dit 'Le Nantais')
Lino Ventura (Le Catalan)
Albert Rémy (Bibi)
Marcel Dalio (Paul Liski)
Lila Kedrova (Léa)
Magali Noël (Lisette)
Jacqueline Porel (Solange Birot)
Pierre-Louis (Leroux)
Alain Nobis (Decharme)
Roland Armontel (Birot, l'ingenieur-chimiste)
Michel Jourdan (Marcel)
François Patrice (Jo)
Françoise Spira (Madame Lavabos)
Paul Azaïs (Le Patron Du Bistrot)
Josselin (Fredo)
Auguste Le Breton (Auguste)
Paul Frankeur (Le commissaire)
Jacques Morlaine
Marcel Bozzuffi (Client Au Revolver)

AUTOUR DU FILM
Un an après la sortie de TOUCHEZ PAS AU GRISBI. Ce film fût le premier film à exploiter le nouvel emploi de Jean Gabin - celui du truand vieillissant, inauguré dans le film de Jacques Becker Mais avec un retournement de taille puisque Le Nantais travaille pour la brigade des stupéfiants. A noter que Gabin jouait ici le premier rôle de flic de sa carrière (il en incarnera une demi-douzaine d'autres par la suite).

Tourné en grande partie en décors naturels, le film passionna le public par son aspect documentaire, montrant sans détours les effets de la drogue sur le comportement des intoxiqués - ce qui ne s'était encore jamais vu à l'écran. Scandalisée par cet " étalage des tares de notre société ", la critique s'insurgea de voir " tant de crimes et de vices complaisamment décrits".

AFFICHES



CRITIQUES

Mon avis

Sans égaler "Touchez pas au grisbi", "Razzia sur la chnouf" reste un bon film policier, bien joué, réalisé avec savoir faire par Henri Decoin, avec le souci documentaire en plus, osé pour l'époque sur le monde des camés. Gabin campe un truand élégant et séduisant, qui connait une belle romance avec Magali Noel, sublime comme toujours. Il s'averéra être un flic au final, s'infiltrant dans une bande de trafiquants de drogue. Quant à Lino Ventura, pour son deuxième rôle au cinéma,il joue un tueur assez inquiétant au service de Gabin, son père de cinéma. Il faut louer le naturel confondant avec lequel il joue et l'aisance qu'il manifeste dans chacune de ses scènes, à l'exemple de celle où il rejoint Gabin à table et partage son repas et un verre de vin. Voir Lino manger à l'écran est toujours un régal, une telle présence et une telle assurance pour un jeune débutant, tout droit sorti du catch, témoigne déjà d'une personnalité hors du commun. Le reste de l'interprétation est aussi à la hauteur avec notamment un très bon Marcel Dalio et Albert Rémy surprenant en tueur presque jumeau d Lino Ventura. Le film bénéficie aussi d'une belle photographie, sachant jouer des jeux d'ombre et des clairs-obscurs pour créer une atmosphère.

Autres critiques

"Sans être un chef-d'oeuvre de la trempe du "grisbi" ce film se laisse voir sans problème.
Gabin est convaincant dans son double rôle truand/ flic, et est une description osée du monde de la drogue assez osée pour l'époque, car on voit un personnage féminin camée jusqu'au trognon. C'était un peu shocking en 1955.
Lino Ventura s'affirme en mauvais garçon, et la description du Paris de l'époque est superbe.
La fin est conventionnelle, mais le résultat est fort honnête, et le succès est encore au rendez-vous."
Site boxofficestars.com.

"On disait la "chnouf", à l'époque, pour parler de la drogue et ça ne nous rajeunit pas. Les noms des personnages, sortis de l'imagination d'Auguste Le Breton - Henri le Nantais, le "Catalan" - sentent bon la nostalgie. Et l'argot parigot des années 50. Ce qui n'a pas vieilli, c'est le rythme de la mise en scène : précis, rapide, impeccable. Gabin, redevenu une star avec le succès de Touchez pas au Grisbi de Jacques Becker, est impérial. Mais il se fait presque voler la vedette par Lila Kedrova. Si les Césars avaient existé, elle aurait sûrement remporté celui du meilleur second rôle, pour son personnage de camée, affolée de se retrouver en manque."
Pierre Murat - Télérama

"Issu tout droit de Touchez pas au grisbi, le film de Decoin est un excellent "polar" auquel rien ne manque : atmosphère nocturne bien rendue grâce à la qualité de la photo, "gueules" de l'emploi utilisées judicieusement (Ventura et Remy sont remarquables en tueurs froids et sadiques, Armontel convaincant en chimiste besogneux, Lila Kedrova émouvante en droguée avilie, Dalio pusillanime et immonde... et Gabin, bien entendu, peaufine un rôle qu'il reprendra par la suite). Sur ce thème policier, Decoin a ajouté des séquences terribles sur le monde inquiétant des drogués."
Daniel Collin - Guide des films Jean Tulard

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